Le Sarkopithèque

LE SARKOPITHÈQUE A POUR BUT D’ARCHIVER PUIS DE RECOUPER LES INFORMATIONS ET RÉFLEXIONS RELATIVES AU CHEF DE L’ÉTAT, À SON GOUVERNEMENT ET À LEURS [MÉ]FAITS. Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République le 6 Mai 2007, jour de la Sainte-Prudence. Voyons-y un signe, et non un hasard.

Terres Inhumaines 09.02.08

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Pourquoi un livre comme Terres Inhumaines ?

L’écriture de Terres inhumaines est une réponse à deux énervements qui m’irritent depuis les treize années que je travaille à la prise en soins de victimes de torture.
Le premier énervement est dû à l’enfermement d’êtres humains, hommes et femmes, dans l’expression «victimes de torture ». J’ai le sentiment que le recours à ce vocable est une tentative, pour les individus qui l’utilisent, de détacher « l’expérience » de ces hommes et femmes de l’espace du réel… d’en faire une sorte d’abstraction…

Le second énervement résulte de ce que j’entends trop souvent dire que le travail que nous faisons, à Parcours d’Exil, permet de rendre à nos patients leur humanité… Or jamais, quelles qu’aient été les épreuves qu’ils ont dû traverser, les hommes et les femmes que nous rencontrons n’ont perdu leur humanité. Les seuls qui l’aient reniée, abandonnée, sont leurs tortionnaires.

J’ai écrit ce livre tout d’abord pour le grand public, pour faire prendre conscience au lecteur de ce qu’est la torture, cette réalité trop souvent tue, et dont l’évocation suscite très généralement une réaction de « stupeur », « d’hébétude », comme si l’on préférait fuir… et nier son existence.

Il me semblait par ailleurs important de témoigner de mon expérience auprès de ceux de mes confrères et collègues d’autres disciplines qui sont susceptibles de s’y intéresser… et de se mobiliser.

Ils n’ont pas « choisi » l’exil !

Enfin, j’ai voulu adresser un message fort aux pouvoirs publics, leur dire que quelles que soient les mesures prises pour rendre plus difficile l’accès au droit d’asile et les conditions de vie en France des demandeurs d’asile, jamais ceux-ci ne renonceront à venir sur notre territoire.
Il s’agit pour eux d’une question de survie… et même la misère la plus noire en France vaut mieux pour eux que la terreur et les souffrances qu’ils ont enduré (et risquent encore) dans leur pays d’origine.
Ce qui m’a toujours marqué, et continue de le faire, c’est l’extraordinaire potentialité des patients, ce sont les ressources inimaginables dans lesquelles ils ont puisé pour survivre, venir en France, et jusqu’à nous… après avoir été soumis à une machine aussi écrasante que la torture.

Qu’ils soient adultes, enfants, enfants soldats…

Ce qui m’étonne encore aujourd’hui, c’est aussi la capacité de ces hommes et femmes ses enfants, soldats ou non mais toujours victimes, à accorder, malgré ce qu’ils ont enduré, de la confiance (aussi ténue soit-elle, dans les premiers temps) à ces inconnus que sont pour eux les intervenants de Parcours d’Exil. Au-delà de ces constats, les patients que je rencontre me démontrent chaque jour la chance que j’ai d’exercer le métier qui est le mien, l’honneur que j’ai de les rencontrer et de les connaître quelque peu.

www.parcours.asso.fr

Pierre Duterte, médecin, psychothérapeute et thérapeute familial est né à Tourcoing en 1953. En 1994 il s’engage comme médecin bénévole, puis en 1995 devient salarié et enfin médecin directeur d’un centre de soins pour victimes de torture. En 2001 il co-fonde l’association Parcours de Jeunes, puis ouvre en 2002 le Centre de Soins Parcours d’Exil. Il a été distingué « Généraliste d’Or » pour son activité professionnelle et ses engagements.

 

Paroles Sans Papiers 26.11.07

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Paroles sans papiers.

Les éditions Delcourt proposent à neuf auteurs (Mattotti, Sfar, Gipi, Jouvray, Pedrosa, Kokor, Bruno, F. Peeters et Alfred) de mettre en bande dessinée neuf témoignages de sans papiers, neuf histoires d’immigration clandestine et de vie sans identité.

A travers ces neuf récits les auteurs mettent en avant les conditions parfois absurdes dans lesquelles se retrouvent les sans papier avec, à chaque fois, au final une évidence : chaque cas est absurde, chaque cas est unique et aucun n’est comparable à l’autre.

Au péril de leur vie, Joao, Raissa, Rosalie, Brahim, Osmane et les autres, venus des quatre coins du monde, nous racontent comment il sont en arrivés à la situation qui est la leur aujourd’hui, après avoir immigré clandestinement pour diverses raisons, et n’avoir pas pu être régularisés.

Peur, honte, errance, prostitution, esclavage ordinaire, chaque témoignage met en lumière une situation de dérive et de détresse, sans apporter de jugement ni de conclusion.

Paroles sans papiers est une œuvre engagée, préfacée par Emmanuelle Béart et réalisée avec l’aide des associations Cimade et Migreurop. C’est également une œuvre aux vertus pédagogiques, puisqu’en fin d’ouvrage on peut lire un dossier complet, très détaillé, très explicatif qui apporte des informations complémentaires sur l’histoire de l’immigration en France, avec le rappel des faits depuis l’occupation de l’église St-Bernard (août 1996), un état des lieux, les coordonnées d’associations, une carte des centres de rétentions et d’autres documents témoins.

Paroles sans papiers
Collectif
Editeur : Delcourt
Dimensions : 24 x 32 cm
Quadrichromie
70 Pages – 14,95 euros
Parution : 24 octobre 2007

 

Droits des étrangers d’outre-mer 01.11.07

Qu’ils résident à Mayotte ou à Saint-Martin, à la Guadeloupe ou en Guyane, les étrangers outre-mer sont loin d’avoir les mêmes droits qu’en métropole. Législation d’exception, ignorance du droit coutumier, entraves à la tradition ancestrale de circulation entre la plupart de ces territoires sont autant d’« entorses coloniales » à l’application des principes républicains outre-mer.

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Outre-mer, terres d’exception, Plein droit n° 74, octobre 2007
(ISSN 0987-3260)

Sommaire de la revue :

Édito
* Solidaire, donc coupable
Dossier — Outre-mer, terres d’exception
* Où est « la France » ?
Mayotte, une société disloquée
Un droit postcolonial
Saint-Martin : un nouveau droit des étrangers
La Guyane ou le « tout reconduite »
Guadeloupe : une juste délocalisation
Jurisprudence [Cahier central]
* L’éloignement des nouveaux ressortissants européens
(les décisions)
Hors-thème
* L’expulsion collective des sans-papiers de Montfort
* Le droit d’asile en perdition
Mémoire des luttes
* La lutte des Antillais pour l’égalité

Vous pouvez trouver ce numéro de Plein droit dans les grandes librairies au prix de 9 Euros (ISSN 0987-3260 / octobre 2007) ou le commander directement au Gisti (moyennant un supplément de1,5 Euros pour les frais d’envoi) : http://www.gisti.org/publications/commandes/plein-droit.html ou vous abonner à la revue (4 numéros par an) : http://www.gisti.org/publications/abonnements/

 

A quoi sert « l’identité nationale » 26.10.07

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Gérard Noiriel
À quoi sert « l’identité nationale ». Parution : 26/10/2007
ISBN : 978-2-7489-0080-4
156 pages – 12 x 19 cm – 12.00 euros

La question de « l’identité nationale » a été remise au centre de l’actualité politique par Nicolas Sarkozy, pendant la campagne électorale des présidentielles. Devenu chef de l’État, celui-ci a créé un « ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale », ce qui est un fait sans précédent dans l’histoire de la République française. Huit historiens ont aussitôt démissionné de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration pour protester contre ce ministère, estimant que cet intitulé ne pouvait que conforter les préjugés négatifs à l’égard des immigrés. La pétition qu’ont lancée ces historiens a été signée par plus de 10 000 citoyens en moins d’une semaine, et des universitaires du monde entier se sont associés à cet appel.

Gérard Noiriel explique les raisons de ce mouvement. Il montre que la logique identitaire, née au XIXe siècle, a depuis constamment alimenté les discours nationalistes. Il rappelle que, au cours des années 1980, c’est Jean-Marie Le Pen qui a popularisé, dans l’espace public, l’expression « identité nationale » pour stigmatiser les immigrés. Analysant de façon minutieuse les usages de cette formule dans le discours du candidat Sarkozy, il donne des éléments pour éclairer les nouvelles stratégies aujourd’hui à l’œuvre dans le champ politique.

La collection d’histoire est réalisée en collaboration avec le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire. Historien, directeur d’études à l’EHESS, président du Comité de vigilance sur les usages de l’histoire (CVUH), Gérard Noiriel est membre démissionnaire du conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration.

 

Migrants : état de droit ou de siège ? 25.10.07

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Face aux migrants : état de droit ou état de siège ?

18 octobre 2007 – 17 € – 112 pages – 113 x 210 mm
ISBN : 978-2-84597-239-1

Depuis 1980, nous avons assisté, en France et en Europe, à un durcissement législatif sans précédent pour contrôler les flux migratoires et pour lutter contre l’immigration clandestine. Avec des résultats plus que médiocres, tant en terme de maîtrise des flux qu’en terme de droits de l’homme, remis en question pour des questions d’asile et de « rétention arbitraire ».
La juriste et militante Danièle Lochak nous alerte sur ces dérives et leurs impasses, et nous invite à changer de paradigme envers les migrants.

Danièle Lochak est professeur de droit à l’Université Paris X Nanterre, et membre du Gisti (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés) dont elle fut la présidente pendant douze ans. Elle est l’auteur de Étrangers, de quel droit ?, PUF, 1985, La justice administrative, Montchrestien, 1998, Les droits de l’homme, La Découverte, 2005, La liberté sexuelle (co-dir avec D. Borrillo), PUF, 2005.

Présentation par l’éditeur.

Pour tenter de stopper une immigration jugée menaçante, les États européens se sont engagés dans une spirale répressive sans fin. Tracasseries administratives, contrôles policiers, enfermement sont le lot commun des étrangers. Cette politique débouche sur des pratiques indignes pour une société démocratique et menace désormais aussi la vie des migrants. Elle est moralement inacceptable mais également inefficace, nous dit Danièle Lochak. Elle plaide pour une autre politique qui prenne acte du caractère inéluctable des migrations et ne réserve plus la liberté de circulation aux habitants des pays nantis.

Au sommaire.

* Préface
* La spirale répressive
* L’accoutumance aux dérives de l’Etat de droit
* Penser autrement les frontières
* Bibliographie de l’auteur

Pour passer commande : http://www.passiondulivre.com/livre-43099-face-aux-migrants-etat-de-droit-ou-etat-de-siege.htm

 

Grandir en banlieue

Grandir en banlieue. Parcours et devenir de jeunes Français d’origine maghrébine. Emmanuelle Santelli.
Editions CIEMI (Centre d’Information et d’études sur les migrations internationales), Collection « Planète Migrations ».

Cette enquête sociologique nous conduit au cœur des trajectoires de ces jeunes, loin de former une population homogène, et à poser la question de leur devenir. A partir de leurs expériences de l’exclusion et des discriminations, l’auteur nous livre une grille d’analyse des manières dont ces jeunes prennent place dans la société française. Si nous considérons qu’il est grand temps de produire un autre regard sur la réalité de ces jeunes, allons à leur rencontre, suivons leurs pas à travers le quartier de leur enfance et leur insertion dans la vie sociale.

Pour commander le livre : http://www.ciemi.org

 

Racisme : la responsabilité des élites 24.10.07

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Gérard NOIRIEL. Racisme : la responsabilité des élites.
18 octobre 2007 – 17 € – 112 pages – 113 x 210 mm – ISBN : 978-2-84597-240-7

L’historien Gérard Noiriel constate ici les impasses du combat antiraciste et plaide pour de nouveaux outils dans la lutte contre la stigmatisation de populations visées par la xénophobie. À l’heure d’un raidissement du discours public sur la notion d’identité nationale, l’auteur en appelle à la responsabilité des élites, intellectuelles et médiatiques.

Gérard Noiriel est socio-historien et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il est l’un des précurseurs de l’histoire de l’immigration en France. Il s’est investi récemment dans la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, dirigée par Jacques Toubon, instance dont il démissionne avec sept autres chercheurs le 18 mai 2007 lorsque est annoncée la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Il a récemment publié chez Fayard Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècle) – Discours publics, humiliations privées : il prolonge ici la réflexion en disant les moyens de lutte contre les discours offensants et archétypaux.

 

Sélection des migrants en Occident : 1880-1939

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Philippe RYGIEL. Le Bon Grain et l’Ivraie : La sélection des migrants en Occident, 1880-1939.
Éditeur : Aux lieux d’être, Paris – Reliure : Broché – Format : 140×210 – Description : 272 pages- ISBN 2916063269 – Prix : 28,50 €

A l’heure où l’on parle beaucoup d’immigration choisie, et de chasse au clandestin, ce volume, rédigé par une équipe d’universitaires, rappelle que ni ces débats ni ces idées ne sont neuves. La première partie évoque la genèse des systèmes de sélection des candidats à l’entrée élaborés par l’Allemagne, le Brésil, mais aussi les Etats-Unis ou l’Australie à partir de la fin du XIXe siècle. Le second volet de l’ouvragé, traitant du cas français, analyse les pratiques mises en place durant les années trente par une troisième république confrontée à la crise, qui cherche à « diminuer le nombre des travailleurs en surnombre dans l’économie nationale » et distingue les immigrés désirables de ceux qui ne l’étaient pas.Combinant analyse des dispositifs réglementaires, étude des dossiers individuels et approches statistiques, l’entreprise s’inscrit dans le cadre d’une histoire sociale attentive, tant au poids des contraintes sociales et économiques, qu’aux effets du jeu des acteurs.

Philippe Rygiel est maître de conférences d’histoire contemporaine à l’université Paris I-Panthéon Sorbonne, membre du Centre d’histoire sociale du xxe siècle (Paris I/CNRS) et de l’équipe Réseaux Savoirs Territoires (ENS).

 

savoir/agir 20.10.07

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Savoir/agir
Une nouvelle revue de la gauche de la gauche

La séquence électorale de 2007 a mis cruellement en évidence le retard que la gauche a pris dans la bataille idéologique. La gauche de la gauche n’échappe pas à la critique, même si elle a davantage porté l’exigence d’un renouvellement de l’analyse du capitalisme contemporain et de propositions alternatives.
C’est pour contribuer à ce renouvellement que l’association Raisons d’agir (http://www.raisonsdagir.org/) et les éditions du Croquant ont décidé de publier une nouvelle revue, Savoir/agir, qui complète la collection de livres du même nom.
L’association souhaite poursuivre ainsi le travail de construction d’un intellectuel collectif autonome international, véritable outil de lutte symbolique, un outil de diffusion des savoirs critiques et d’intervention plus directe dans le débat politique lancé naguère par Pierre Bourdieu. Il s’agit de forger un , comme le précise l’éditorial. La lutte symbolique est en effet particulièrement nécessaire au moment où la domination des intellectuels médiatiques, c’est-à-dire non critiques, se confirme tous les jours.

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

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MITTERAND L’AFRICAIN ? de Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Editeur : Les Editions de l’Egrégore (http://www.editions-egregore.com)
Parution le 23 octobre 2007
ISBN : 978-2-916335-03-2
232 pages – Prix : 18 euros

La complexité des relations franco-africaines ne cesse de donner le tournis à bon nombre d’observateurs. S’intéressant au sinueux parcours africain de l’ancien président de la République française, en l’occurrence François Mitterrand, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, à travers la vie politique de cet illustre personnage, décortique avec minutie les réseaux mis en place par Jacques Foccart et entretenus par quelques africanistes de gauche ; il nage dans les eaux troubles de la Françafrique pour mieux expliquer la puissance des lobbies qui imposent la continuité dans les rapports entre la France et l’Afrique.

À l’heure où l’actualité africaine est entre autres dominée par les conflits, l’exode de nombreux jeunes, la lente « colonisation » de ce continent par la Chine, d’aucuns ne cessent de s’interroger sur le devenir des relations franco-africaines après François Mitterrand et Jacques Chirac.
Cet ouvrage donne quelques pistes très utiles à la compréhension des futures relations franco-africaines. On y évoque également un lien de près de quarante-cinq ans entre un homme – que d’aucuns qualifient de « mythe errant » – et tout un continent, des méandres et des écueils qui ont enseveli des tas de secrets dans des marigots africains…

L’auteur :
Membre du Bureau fédéral du Parti Socialiste de Paris et président du club de réflexion Enjeux Socialistes et Républicains, Gaspard-Hubert Lonsi Koko reste fidèle à ses engagements humanistes. Après Un nouvel élan socialiste et Le demandeur d’asile, il poursuit la réflexion sur les rapports Nord-Sud avec Mitterrand l’Africain ?.
Site personnel : http://www.lonsi-koko.net

 

Carole Reynaud Paligot

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LA RÉPUBLIQUE RACIALE. Paradigme racial et idéologie républicaine 1860-1930
Un ouvrage de Carole Reynaud Paligot, avec une préface de Christophe Charle (Presses universitaires de France, Collection « Science, histoire et société », février 2006, 368 p., 28€)

Cet ouvrage est le fruit d’une recherche inédite et originale qui s’intéresse aux liens entre pensée raciale et idéologie républicaine, restés jusqu’ici dans l’ombre. Des années 1860 aux années 1920, une culture raciale présentant une vision hiérarchisée et inégalitaire du genre humain a été largement présente au sein de la communauté scientifique et politique, du monde colonial, des sciences humaines et sociales. Dès la fin du XIXe siècle, des hommes de science, rassemblés autour de la Société et de l’Ecole d’anthropologie, ont élaboré une représentation de la différence humaine en termes raciaux et produit une vision inégalitaire du genre humain. Cette culture ne s’est pas développée en marge de l’idéologie républicaine, mais au sein même des réseaux républicains de la Troisième République.

Carole Reynaud-Paligot, diplômée de l’IEP de Grenoble, est chercheur associée en histoire à l’Université de Franche-Comté. Docteur de l’EHESS, elle a consacré sa thèse Parcours politique des surréalistes (publiée aux Editions du CNRS,1995, réimpression 2001) et poursuit des recherches sur l’histoire des intellectuels et de la pensée raciale dans les années trente.

RACES, RACISME ET ANTIRASCISME DANS LES ANNÉES 30
Carole Reynaud Paligot
Collection « Sciences, histoire et société », Dirigée par Dominique Lecourt
182 pages – 20 €

Parution le 17 octobre 2007

Les représentations inégalitaires de l’altérité, présentes dans le projet républicain dès les années 1860, sont encore pleinement actives dans la France des années 1930, tant au sein de la communauté scientifique que dans le monde colonial.

L’approche psychologique permit en effet à la pensée raciale de trouver une nouvelle vigueur en abordant la diversité humaine sous le prisme des caractères intellectuels et moraux, allant jusqu’à faire de l’antagonisme entre les races le nouveau moteur des relations internationales. La forte présence de ces représentations inégalitaires eut des applications pratiques dans le domaine de la politique coloniale, limitant encore dans les années 1930 les ambitions de la mission civilisatrice, ainsi que dans le domaine de la politique de l’immigration en favorisant une immigration européenne.

En analysant un certain nombre de mythes, ceux d’une communauté scientifique qui serait restée à l’écart du racisme, d’un universalisme républicain ou encore d’un humanisme colonial français, cet ouvrage, qui poursuit l’étude de la pensée raciale inaugurée par la publication de La République raciale (PUF, 2006), apporte une importante contribution à l’étude de la culture républicaine.

« La République raciale est un ouvrage qui marquera l’historiographie autant par la qualité intrinsèque de sa recherche que par les questions radicales qu’il pose à notre compréhension du républicanisme en France »

Sudhir Hazareesingh, Revue historique, avril 2007.

 

résonance 31.08.07

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« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.
« Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes (…)
« Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.

« Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (…)
« Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…
« Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. »

Alexis de Tocqueville
Extrait de De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840 (10/18, 1963)