
LA RÉPUBLIQUE RACIALE. Paradigme racial et idéologie républicaine 1860-1930
Un ouvrage de Carole Reynaud Paligot, avec une préface de Christophe Charle (Presses universitaires de France, Collection « Science, histoire et société », février 2006, 368 p., 28€)
Cet ouvrage est le fruit d’une recherche inédite et originale qui s’intéresse aux liens entre pensée raciale et idéologie républicaine, restés jusqu’ici dans l’ombre. Des années 1860 aux années 1920, une culture raciale présentant une vision hiérarchisée et inégalitaire du genre humain a été largement présente au sein de la communauté scientifique et politique, du monde colonial, des sciences humaines et sociales. Dès la fin du XIXe siècle, des hommes de science, rassemblés autour de la Société et de l’Ecole d’anthropologie, ont élaboré une représentation de la différence humaine en termes raciaux et produit une vision inégalitaire du genre humain. Cette culture ne s’est pas développée en marge de l’idéologie républicaine, mais au sein même des réseaux républicains de la Troisième République.
Carole Reynaud-Paligot, diplômée de l’IEP de Grenoble, est chercheur associée en histoire à l’Université de Franche-Comté. Docteur de l’EHESS, elle a consacré sa thèse Parcours politique des surréalistes (publiée aux Editions du CNRS,1995, réimpression 2001) et poursuit des recherches sur l’histoire des intellectuels et de la pensée raciale dans les années trente.

RACES, RACISME ET ANTIRASCISME DANS LES ANNÉES 30
Carole Reynaud Paligot
Collection « Sciences, histoire et société », Dirigée par Dominique Lecourt
182 pages – 20 €
Parution le 17 octobre 2007
Les représentations inégalitaires de l’altérité, présentes dans le projet républicain dès les années 1860, sont encore pleinement actives dans la France des années 1930, tant au sein de la communauté scientifique que dans le monde colonial.
L’approche psychologique permit en effet à la pensée raciale de trouver une nouvelle vigueur en abordant la diversité humaine sous le prisme des caractères intellectuels et moraux, allant jusqu’à faire de l’antagonisme entre les races le nouveau moteur des relations internationales. La forte présence de ces représentations inégalitaires eut des applications pratiques dans le domaine de la politique coloniale, limitant encore dans les années 1930 les ambitions de la mission civilisatrice, ainsi que dans le domaine de la politique de l’immigration en favorisant une immigration européenne.
En analysant un certain nombre de mythes, ceux d’une communauté scientifique qui serait restée à l’écart du racisme, d’un universalisme républicain ou encore d’un humanisme colonial français, cet ouvrage, qui poursuit l’étude de la pensée raciale inaugurée par la publication de La République raciale (PUF, 2006), apporte une importante contribution à l’étude de la culture républicaine.
« La République raciale est un ouvrage qui marquera l’historiographie autant par la qualité intrinsèque de sa recherche que par les questions radicales qu’il pose à notre compréhension du républicanisme en France »
Sudhir Hazareesingh, Revue historique, avril 2007.