
→ 06 Juillet 2007 : Michel Dobkine, directeur de cabinet de la ministre de la Justice Rachida Dati démissionne après un passage d’une brièveté record dans ses fonctions, à peine plus d’un mois, confirme la chancellerie. Agé de 51 ans, ce magistrat qui dirigeait l’Ecole nationale de la magistrature avait été nommé fin mai directeur de cabinet de la Garde des Sceaux.
Il n’avait pas été choisi par Rachida Dati, le Canard enchaîné ayant rapporté en juin qu’elle en avait fait la connaissance lors de sa première visite dans les services de son ministère.
Le cabinet du Garde des sceaux et l’intéressé ont évoqué samedi des raisons personnelles pour expliquer cette démission, alors que plusieurs médias parlent de divergences entre la ministre et son bras droit. « Je vous confirme que Michel Dobkine a démissionné pour des raisons personnelles, et strictement personnelles. Son successeur sera nommé très prochainement », a déclaré le porte-parole du ministère, Guillaume Didier. L’ancien directeur de cabinet a expliqué sur RTL qu’il ne pouvait être aussi disponible qu’il le souhaitait pour remplir sa tâche, en raison des impératifs de sa vie personnelle. Il a expliqué qu’il allait se marier début août et que cela n’était pas compatible avec l’intense activité du ministère pendant cette période. « Il y a un problème de disponibilité. J’ai pensé que je pouvais mener de front une vie personnelle à laquelle je suis très attaché et une vie publique qui nécessite d’être là à 100.000% », a-t-il dit. « Rachida Dati veut aller très vite, très fort. C’est quelqu’un avec qui j’ai travaillé quelques semaines, ça s’est très très bien passé, il n’y a pas eu de souci », a-t-il ajouté. « Dans les semaines qui viennent, il faudra une disponibilité considérable, et j’ai jugé que cela n’était pas possible » a conclu Michel Dobkine.
« Il avait une personnalité plutôt forte. Je trouve normal qu’un fonctionnaire cède devant un politique », a dit à Reuters un dirigeant de l’UMP en marge du conseil national.
Selon la radio France-Info, des problèmes d’entente entre la ministre et son directeur de cabinet sont à l’origine de sa démission. Selon le Républicain Lorrain, les rapports entre Michel Dobkine et la Garde des sceaux se sont dégradés ces dernières semaines. « J’en ai assez de me faire insulter toute la journée », aurait dit Michel Dobkine à ses collaborateurs en annonçant son départ, selon le quotidien. Ce dernier a fermement démenti avoir tenu de tels propos.
[Souces : Reuters, – AFP (Jean-Louis Pany et Matthieu Demeestere)]
→ 10 Juillet 2007 : Trois conseillers ont quitté le cabinet du ministre de la Justice, quelques jours après le départ de son directeur, ce qui suscite de nouvelles interrogations sur l’atmosphère régnant à la Chancellerie depuis l’arrivée de la nouvelle Garde des Sceaux Rachida Dati. Le conseiller pour les questions pénales, Philippe Lagauche, celle pour le droit des mineurs, Françoise Andro-Cohen, et celui pour les libertés publiques et les questions constitutionnelles, Xavier Samuel, se sont inscrits sur la « transparence », c’est à dire le document qui officialise les demandes de mutation, a indiqué Guillaume Didier, le porte-parole du ministère. Ils « font l’objet de projets de nomination » dans la magistrature, a-t-il déclaré mardi. Selon lui, ces départs se sont faits « d’un commun accord dans le cadre de la réorganisation du cabinet » avec Patrick Gérard*, le remplaçant à la tête du cabinet de Michel Dobkine. Il a souligné que le « nouveau directeur de cabinet a été nommé dimanche et a procédé assez naturellement à quelques modifications », niant « tout malaise » au sein du ministère, et tempérant : « des mouvements, il y en a fréquemment dans les cabinets ministériels ». Il a ensuite annoncé la nomination d’un directeur de cabinet adjoint, Stéphane Noël, qui était le conseiller pour la réforme de la carte judiciaire.
Trois jours avant, devant les remous causés par la démission du chef de cabinet, David Martinon, porte-parole de l’Elysée, avait pris la défense de Rachida Dati, la présentant comme « quelqu’un de très humain » mais « habituée à avoir des exigences élevées ».
Comme Michel Dobkine, les trois nouveaux partants sont tenus à la réserve. Mais de sources syndicales concordantes, « ça va mal à la Chancellerie en ce moment » et ces départs sont « révélateurs d’un certain malaise ». « Il n’y a pas qu’au cabinet. Un certain nombre de directeurs à la Chancellerie aimeraient bien partir », assure une source syndicale, selon laquelle les trois derniers départs ne sont pas liés à des affaires privées. « Françoise Andro-Cohen, par exemple, travaillait avec M. Dobkine à l’Ecole nationale de la magistrature » qu’il dirigeait auparavant, souligne la même source. Selon celle-ci, c’est d’abord la « méthode assez autoritaire » de la Garde des Sceaux qui semble avoir du mal à passer à la Chancellerie, un monde plus habitué aux manières feutrées et aux longues discussions. Le vocabulaire « ferme » employé par exemple dans certaines circulaires aux présidents de cour « passe mal dans le monde judiciaire », relève cette source qui souligne aussi l’émotion suscitée par le comportement de Mme Dati lors de l’installation le mois dernier du comité consultatif sur la carte judiciaire. Sitôt son discours prononcé, la ministre était partie, sans attendre le début des échanges.
« Ce malaise est-il dû au caractère de Mme Dati, apparemment autoritaire et assez cassante, ou y a-t-il des désaccords de fond sur la politique et les projets en cours, je pense qu’il y a certainement un peu des deux », résume une autre source syndicale. Les départs des conseillers chargés des mineurs et des questions pénales fragilisent en tout cas la Chancellerie au moment où le projet de loi instaurant des peines planchers, avec un volet sur les moins de 18 ans, est en cours de discussion au Parlement. Sans compter l’installation, prévue mercredi, d’un comité d’orientation restreint en vue de l’élaboration de la loi pénitentiaire qui sera débattue en novembre.
Les syndicats de magistrats se disent inquiets d’une possible désorganisation de la place Vendôme, qui doit aussi faire face à une situation de tension potentielle dans les 188 prisons, après le refus du président Sarkozy de prendre un décret de grâces collectives pour le 14 Juillet.
* Ancien directeur de cabinet de Gilles de Robien lorsque celui-ci était ministre de l’Education nationale. Recteur d’académie, il a également été maire de Vincennes de 1996 à 2002.
[Souces : Reuters, – AFP (Jean-Louis Pany et Matthieu Demeestere)]
→ 30 Août 2007 : Deux conseillers viennent de quitter le cabinet de la ministre de la Justice Rachida Dati, ce qui porte le nombre de départs à sept depuis l’arrivée à la Chancellerie de la garde des Sceaux, indique mardi l’hebdomadaire Le Point sur son site internet.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole du ministère, Guillaume Didier, a refusé de confirmer et s’est contenté de « rappeler » que le nouveau directeur de cabinet Patrick Gérard, arrivé en juillet, avait « annoncé dès sa nomination qu’il opérerait très naturellement une réorganisation, pour la rentrée de septembre, du cabinet dont la nouvelle composition sera annoncée dans les 48 heures ».
Selon Le Point, Jacques Carrère, conseiller technique pour l’organisation judiciaire et la magistrature, a donné sa démission, alors que Valérie Bonnard, conseillère technique pour le dialogue social et les affaires budgétaires et administratives, « a été congédiée dans des conditions particulièrement houleuses ».
Ces deux conseillers figuraient toujours mardi dans l’organigramme publié sur le site internet du ministère, qui recense 19 membres du cabinet.
Patrick Gérard était arrivé en juillet pour remplacer le directeur de cabinet Michel Dobkine, qui avait démissionné pour des raisons « strictement personnelles », son futur mariage, selon la version officielle.
Les jours suivants, trois autres conseillers avaient quitté le cabinet, et vendredi dernier, la Chancellerie annonçait la nomination au poste de chef de cabinet de Yannick Imbert, directeur du projet de réacteur expérimental de fusion thermonucléaire Iter, en remplacement de Michel Marquer parti la semaine précédente.
Après les quatre premiers départs de son cabinet, Rachida Dati avait expliqué début juillet qu’après s’être « séparée » de son directeur de cabinet, le nouveau procédait à une réorganisation. « C’est de sa responsabilité. Je ne vois pas où est le drame », avait-elle lancé.
Interrogée sur Canal+ pour savoir si ces départs en série pouvaient être liés à sa réputation d’avoir « mauvais caractère », elle avait répondu qu’elle voulait « une équipe qui suive ». « Moi j’ai mis tous les projets en même temps en marche. J’ai fait travailler toutes les directions en même temps. Je me suis séparée effectivement de mon directeur de cabinet. Il avait amené des collaborateurs avec lui. J’ai un nouveau directeur de cabinet et il est normal qu’il puisse prendre ses collaborateurs, les choisir », avait-elle expliqué, disant vouloir « les meilleurs pour mettre en oeuvre ce qu’attendent de nous les Français ».