Le Sarkopithèque

LE SARKOPITHÈQUE A POUR BUT D’ARCHIVER PUIS DE RECOUPER LES INFORMATIONS ET RÉFLEXIONS RELATIVES AU CHEF DE L’ÉTAT, À SON GOUVERNEMENT ET À LEURS [MÉ]FAITS. Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République le 6 Mai 2007, jour de la Sainte-Prudence. Voyons-y un signe, et non un hasard.

Naissance de la police-spectacle 18.02.08

Du 25 au 27 novembre 2007, Villiers-le-Bel avait connu des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre après la mort de deux adolescents lors d’une collision entre leur mini moto et une voiture de police. Ces violences avaient fait 119 blessés parmi les policiers, dont cinq graves, selon le ministère de la Justice. Plusieurs dizaines d’entre eux avaient été blessés par du plomb et de la grenaille tirés notamment avec des fusils de chasse. Dès le premier soir, le commissaire Jean-François Illy, arrivé le premier sur les lieux de l’accident, avait été pris à partie par plusieurs dizaines de jeunes et gravement blessé. D’importantes forces de l’ordre avaient été déployées durant plusieurs nuits pour ramener le calme. Début décembre, la police avait distribué des tracts appelant d’éventuels témoins de « coups de feu tirés contre des policiers » à témoigner anonymement et contre une rémunération.

Selon des sources proches de l’enquête, au moins trois témoignages anonymes ont permis aux enquêteurs de cibler dans un premier temps deux frères, domiciliés à Villiers. Ils ont été surveillés, mais, selon ces mêmes sources, ces deux suspects, qui feraient partie des objectifs de l’opération de lundi matin, ont été très discrets. A deux reprises, les enquêteurs ont programmé cette opération, mais ont préféré surseoir « en attente d’éléments nouveaux et déterminants ».

« Mettez les moyens que vous voulez (…) ça ne peut pas rester impuni », avait lancé aux policiers, fin novembre, le président Nicolas Sarkozy. Cette fois-ci, il a tenu sa promesse…

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Ce matin, peu après 08h00, trente-trois personnes sur les 38 « ciblées » par les enquêteurs, ont été interpellées à Villiers, Sarcelles, Gonesse et en Seine-Saint-Denis, selon un bilan de la police.

« Je n’ai jamais vu une opération de police de cette envergure », a commenté la procureure de Pontoise Marie-Thérèse de Givry devant la presse. « Je ne pense pas qu’il y aura trop de traumatisme dans la cité », celle de « derrière les murs de Monseigneur » à Villiers, cible principale des policiers.

« J’espère, a-t-elle ajouté, que les habitants comprendront que nous sommes là pour rétablir l’ordre et la paix ».

Selon la Place Beauvau, 1.100 fonctionnaires ont pris part à cette opération. Huit unités de CRS, soit plus de 720 hommes, avaient ainsi été engagés aux côtés du RAID, de l’Office central de répression du banditisme (OCRB), du GIPN, de la police judiciaire de Versailles et d’Ile-de-France, des personnels de la Sécurité publique ainsi que des services de la police technique et scientifique.

« Le nombre de fonctionnaires mobilisés était excessif », a regretté Francis Debuire, secrétaire départemental du Syndicat général de la police – Force ouvrière (SGP-FO) du Val d’Oise. « Avec 300 hommes, cela aurait largement suffit. Comme cela était associé à une médiatisation outrancière, on avait l’impression d’être au coeur d’un film d’action ».

L’ancienne candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal s’est insurgée contre cette « opération policière médiatisée » avant les municipales, tandis que François Bayrou, président du MoDem, a appelé à « ne pas mélanger la justice et la mise en scène ».

A 6H00, des membres des CRS, du RAID et de la PJ ont pénétré dans une dizaine d’immeubles à Villiers, par petits groupes de trente, selon un journaliste de l’AFP. Quatre à cinq d’entre eux attendaient au pied de chaque immeuble, tandis que leurs collègues, dont certains portaient un bélier pour ouvrir les portes en cas de résistance, montaient dans les étages.

Ce déploiement massif s’est déroulé silencieusement. A la sortie des immeubles, ceux qui partaient à leur travail étaient éberlués de tomber nez à nez avec des policiers.

Un véhicule de la brigade de recherche et d’intervention (BRI, « anti-gang ») de la PJ parisienne a servi de PC. Unique en son genre et surnommé « Robocop », il résiste aux balles et au feu.

Ce soir, six escadrons de gendarmerie mobile, soit 450 hommes, ont été mis en alerte pour prévenir d’éventuels débordements. « Un dispositif conséquent a été organisé pour éviter tout trouble à l’ordre public », confirme le ministère de l’Intérieur qui ne souhaite pas donner de chiffres détaillés.

 

Grandir en banlieue 25.10.07

Grandir en banlieue. Parcours et devenir de jeunes Français d’origine maghrébine. Emmanuelle Santelli.
Editions CIEMI (Centre d’Information et d’études sur les migrations internationales), Collection « Planète Migrations ».

Cette enquête sociologique nous conduit au cœur des trajectoires de ces jeunes, loin de former une population homogène, et à poser la question de leur devenir. A partir de leurs expériences de l’exclusion et des discriminations, l’auteur nous livre une grille d’analyse des manières dont ces jeunes prennent place dans la société française. Si nous considérons qu’il est grand temps de produire un autre regard sur la réalité de ces jeunes, allons à leur rencontre, suivons leurs pas à travers le quartier de leur enfance et leur insertion dans la vie sociale.

Pour commander le livre : http://www.ciemi.org

 

fadela amara : les Lignes du plan pour les banlieues 19.09.07

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Interview de Fadela Amara sur le Bondy Blog [Extraits]

La secrétaire d’État à la politique de la ville appelle à une mobilisation de masse : ministres, habitants des cités, intellectuels, entreprises du CAC 40, médias : tous sont conviés à jouer un rôle d’ici à l’annonce du plan pour les banlieues, fin décembre-début janvier, par Nicolas Sarkozy.

Qu’avez-vous envie de faire de votre mandat de secrétaire d’Etat à la politique de la ville ?

Je veux que ce soit un secrétariat d’État qui, très vite, saute du gouvernement. Je veux qu’il soit éphémère car cela voudrait dire que nous avons réussi le pari extraordinaire de changer la situation dans les banlieues. Qu’il s’agisse du bâti, avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, du chômage des jeunes, que nous espérons faire reculer, ou des conditions de vie en général. Le jour où mon secrétariat d’État n’aura plus lieu d’être, ce sera ma plus grande victoire.

Avez-vous la liberté d’agir comme vous l’entendez ?

J’ai connu Nicolas Sarkozy du temps où j’étais à Ni putes ni soumises. Il a son caractère, j’ai le mien. Les deux sont très chauds. Nous avons toujours eu des relations très honnêtes et très franches, un peu houleuses parfois. La première fois qu’il m’a demandé d’entrer dans le gouvernement, juste après la présidentielle de 2007, j’ai refusé, estimant qu’il était préférable de continuer la lutte au sein de Ni putes ni soumises. Je n’ai pas refusé sa seconde proposition, après les législatives. J’avais peur qu’on me traite de lâche. J’aurais détesté ça, je suis un peu kabyle, aussi… Ç’aurait été irresponsable de dire non, car, pour une fois, on me donnait la possibilité d’être aux manettes et plus seulement dans la posture de la dénonciation. J’ai donc accepté, mais Nicolas Sarkozy savait ce faisant que je n’allais pas me taire ni entrer à l’UMP.

(more…)

 

Meaux : l’impossible visite 13.04.07

sarkozymeaux

Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de répéter qu’il n’avait aucun problème à se rendre en banlieue. Si ce n’est justement celui de s’y rendre ! Le vendredi 13 Avril 2007, il va pourtant le faire, en allant à la Cité Beauval de Meaux.

Cet évènement a été filmé par La Télélibre. L’article :

Il fallait absolument que Nicolas Sarkozy fasse un saut en banlieue avant le premier tour. C’est fait, mais ça a failli ne pas se faire. Le vendredi 13 avril 2007, entre 18h30 et 19h30, il s’est rendu une heure à la cité Beauval dans la ville de Meaux pour y rencontrer des associations de jeunes. La rumeur de sa venue circulait depuis de nombreux jours, le Canard Enchaîné avait même fait une brève dans son édition du 11 avril dernier. Un mystérieux informateur se revendiquant être un membre déçu du QG de Nicolas Sarkozy nous avait même envoyé un mail le 12 avril nous demandant de nous rendre là-bas à 15 heures, le vendredi 13, pour assister à la préparation. La venue de Nicolas Sarkozy étant programmée pour 17 heures. Il faut savoir que le candidat de l’UMP avait un meeting avec Jean-François Copé, dans cette même ville de Meaux à 18h30. Nous nous y sommes donc rendus à l’heure dite et effectivement, au regard du nombre de policiers, de tireurs d’élite et d’officiels présents, il se tramait quelque chose.

Notre arrivée sur les lieux a surpris. Nicolas Sarkozy désirait sans doute faire une visite, préparée par Rachida Dati, loin des caméras, tout dérapage pouvant entraîner des conséquences électorales difficiles à évaluer. Mais c’était raté. Du coup, personne ne confirmait son éventuelle venue. Certains membres des associations invitées nous indiquaient même vers 17 heures 30, que Nicolas Sarkozy avait décidé de faire marche arrière pour des raisons de sécurité et en raison de la présence de journalistes. À 17 heures, l’Afp avait été avertie. Finalement, face à la pression des associations, notamment celles de Karim Zéribi, le Président du Parlement des banlieues, et des conséquences d’une reculade, Nicolas Sarkozy est finalement arrivé, visiblement tendu, à 18h30 dans le local des jeunes pour un débat mouvementé d’une heure devant les caméras de latelelibre.fr et de Dimanche+ ( le journaliste avait été averti par des sources locales). Les autres médias étaient à un kilomètre de là et ils ne sont jamais venus.

Nous vous proposons le récit complet de cet après-midi pas comme les autres dans la cité Beauval de Meaux. C’est une exclusivité de LaTeleLibre. Un reportage réalisé par Allan Rothschild, Ludovic Tourte, Bruno Martin et Julie Lalande.

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LA VIDEO DE LA VISITE A LA CITE BEAUVAL

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Pour ceux qui ont un peu de temps à « perdre », ce fichier de grande valeur est très instructif pour saisir la vision réductrice et condescendante que Nicolas Sarkozy a des « quartiers », comme on les appelle désormais.

Vous trouverez ci-dessous le déroulement de la journée ainsi que quelques-unes des remarquables interventions du Président de tous les Français :

À l’extérieur de la salle.

15h30 → Arrivée des tireurs d’élites.
15h45 → Arrivée de Rachida Dati, puis un peu après, de Laurent Solly, chef de cabinet de Nicolas Sarkozy.
17h00 → Arrivée de Jean-François Copé.
17h30 → Karim Zéribi (Président du Parlement des Banlieues), indique que la visite de Nicolas Sarkozy est officielle depuis 72 heures. « Nous ce que nous voulons c’est débattre […] Nous sommes des démocrates et des républicains ». À la question du journaliste « alors pourquoi il n’est pas là ? », il répond « c’est à n’y rien comprendre, c’est une mascarade […] Quand on veut être Président de la République française, on doit s’adresser à l’ensemble des composantes de la société française ».
17h50 → On annonce qu’il n’a jamais été question que Nicolas Sarkozy vienne. Karim Zéribi aux caméras « Je pense que les habitants des quartiers populaires ont le droit d’entendre son projet pour les quartiers. Et puis de nous entendre lui indiquer aussi qu’on n’est pas toujours d’accord avec son projet de société ». « Les gens, ça fait une heure et demie qu’ils attendent ». « Le fait que Nicolas Sarkozy ne vienne pas ce serait une reculade qu’on ne comprendrait pas, encore une fois ». « Il n’y a pas de zone de non-droit dans notre pays ».
18h30 → Arrivée de Nicolas Sarkozy. En fond sonore, un journaliste lui demande « Monsieur Sarkozy vous êtes en retard aujourd’hui. C’est pas votre habitude. Est-ce que vous avez hésité avant de venir ? ».

À l’intérieur de la salle.

« Mesdames et messieurs, d’abord pardon pour mon retard. Je voudrais vous dire combien je suis heureux de venir ici, je suis déjà venu ! À plusieurs reprises. » Un « c’est faux » s’élève dans la salle.

« Je crois que personne, depuis bien longtemps dans la République Française, n’a fait autant que ce que j’ai fait pour que les musulmans puissent vivre leur foi dans la dignité, dans la légalité, et dans l’honnêteté ». « J’ai été de ceux qui ont dit qu’il ne fallait pas confondre des musulmans croyants avec des extrémistes ». « J’ai dit que les problèmes venaient des caves et des garages et pas des mosquées ». « Lorsque vous parlez des juifs de France, vous ne parlez pas de ceux qui vont à la synagogue. Vous parlez de ceux qui sont juifs, non pas pratiquants mais culturellement ».

« Il faut sortir ces quartiers de la mainmise d’un certain nombre de bandes, et du trafic de la drogue. Comment on peut le faire ? J’ai proposé un Plan Marshall 2, je m’en explique très brièvement. Si je suis élu Président de la République dans 3 semaines, je proposerais à chaque jeune de vos quartiers une formation, un contrat, une rémunération, une ouverture en entreprise. Celui qui considère que la société doit l’aider sans se donner du mal, celui-là que les choses soient claires, nous ne le laisserons pas empoisonner la vie du quartier, la vie de sa famille, et la vie de l’immeuble. […] Si il veut pas bosser, il faut bien comprendre que dans les valeurs qui sont les miennes, je ne les laisserais pas rendre la vie impossible dans les quartiers qui sont les nôtres. Parce que là où vous avez raison, c’est que ce n’est pas moi qui habite dans vos quartiers. C’est vous qui y habitez, la peur au ventre, la voiture brûlée, le trafic de drogue, le voyou qui terrorise vos propres enfants, c’est vous qui le vivez, c’est pas moi

« Dernier point sur la police. Toute forme de racisme – et pour moi le racisme ça commence à la familiarité, le tutoiement, la main qui pend à la fenêtre ouverte de la voiture de patrouille – toute forme de racisme ou de manque de respect est inadmissible et scandaleuse. Mais je vous dois la vérité aussi. Quant à la gare du Nord, il y a un multirécidiviste qui ne paye pas son billet, et qui en récompense de ne pas avoir payé son billet, frappe le fonctionnaire qui le contrôlait, et déclenche une émeute, je vais vous dire quelque chose : celui-là il a pas rendu service à nos quartiers. Et celui-là il faut pas me demander de me solidariser avec lui. »

Les gens commencent à réagir (on le ferait pour moins). En disant « tu » (racisme, donc, si j’ai bien suivi), Nicolas Sarkozy répond : « Qui a choisi comme porte-parole une jeune femme d’une famille de 12 enfants qui s’appelle Rachida Dati. Attends, quand on donne ; y comprit quand y a Harry Roselmack qui présente le 20 heures, il vaut mieux ça que rien ».

À 12 minutes du fichier (il ne vous en restera donc plus que 3’40 à visionner), devant tant de stigmatisation, de méconnaissance du quotidien des gens, et de bêtise, la salle commence à réagir plus sérieusement. Certains interviennent, revenant notamment sur le tutoiement, et sur le reste. La consultation de ces minutes est sans doute nécessaire si vous pouvez en trouver le temps.

Juste pour rire (si on en trouve encore le courage), Nicolas Sarkozy Tv (NS TV) a relayé le même événement… à sa manière !