Le Sarkopithèque

LE SARKOPITHÈQUE A POUR BUT D’ARCHIVER PUIS DE RECOUPER LES INFORMATIONS ET RÉFLEXIONS RELATIVES AU CHEF DE L’ÉTAT, À SON GOUVERNEMENT ET À LEURS [MÉ]FAITS. Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République le 6 Mai 2007, jour de la Sainte-Prudence. Voyons-y un signe, et non un hasard.

La compagne du ministre du budget est une… éxilée fiscale ! 07.05.10

« À l’heure de la crise, l’actrice est à ses côtés« , titrait Paris Match en une. Michèle Laroque a donc préféré la solidarité conjugale à la solidarité nationale. En effet, selon Le Canard enchaîné du 5 mai, la compagne du nouveau ministre du budget et des comptes publics, François Baroin, s’apprête à mettre un terme à cinq années d’exil fiscal aux Etats-Unis. « Je déposerai ma déclaration en France en mai« , a annoncé la comédienne à l’hebdomadaire, qui s’apprêtait à révéler les avantages liées à sa domiciliation à Las Vegas, ville située dans l’Etat du Nevada, où Michèle Laroque possède un appartement.

Le journal s’appuie sur les contrats de travail de l’actrice, et reproduit celui du film Comme t’y es belle (2005), où l’adresse de Michèle Laroque est située sur un boulevard du centre de Las Vegas. Dans le Nevada, souvent considéré comme un paradis fiscal, les habitants de la « ville-casino » ne sont soumis à « aucun impôt sur le revenu, ni à la moindre taxe locale« , comme l’explique Le Canard, pour qui seuls les cachets de Michèle Laroque ont été déclarés et imposés en France. « Droits d’auteur, droits d’exploitations télé, droits de reproduction vidéo, pourcentage sur les entrées en salle, vente des films à l’étranger » auraient, eux, été perçus en tant qu’habitante du Nevada, sans être taxés.

Pour sa défense, Michèle Laroque a expliqué au Canard avoir « vécu plus de six mois par an aux Etats-Unis » où elle habite depuis 2002, et y avoir travaillé davantage qu’en France. Elle affirme y avoir créé une maison de production. Sa filmographie ne mentionne pourtant qu’une seule apparition dans un film américain depuis 2005, avec un rôle dans The Neighbor (2007). L’actrice avait évoqué dans une interview à TV Magazine une possible apparition dans la série américaine Grey’s Anatomy, qui n’a pas été confirmée depuis.

Source : Le Monde

 

Darcos, au coin ! 04.12.08

Quand la Dordogne Libre revient 25 ans en arrière…

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Affaire Laporte : perquisition au ministère de l’intérieur 18.09.08

Une juge d’instruction du pôle financier de Paris, Françoise Desset, accompagnée des policiers de la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), a procédé à une perquisition, mercredi 17 septembre, dans les bureaux de la direction des libertés publiques, au ministère de l’intérieur. Elle agissait dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en 2007, pour « favoritisme », relative au marché des jeux, dans le sud-ouest de la France.

En mars 2007, une plainte avec constitution de partie civile avait été déposée à Paris. Elle dénonçait le refus opposé le 13 mars 2007 par le ministère de l’intérieur à la demande d’augmentation du nombre de machines à sous souhaitée par la société du casino du lac de la Magdeleine, installée à Gujan-Mestras (Gironde).

La plainte citait le nom de Claude Guéant, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, place Beauvau, comme ayant signé une lettre à un parlementaire expliquant les raisons du refus. Frédérique Ruggieri, la partie civile, avait assuré que ce refus était lié à la perte de profit du casino concurrent, Partouche, installé à Bordeaux. Elle estimait être victime d’un traitement discriminatoire. Elle avançait en outre que les réponses négatives apportées à ses demandes d’extension étaient liées aux tentatives d’approche de Bernard Laporte, alors gérant de plusieurs casinos et campings dans la région. Elle déclarait même que lors d’un dîner au restaurant d’un camping de M. Laporte, en 2004, réunissant Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Yves Foulon [le maire d’Arcachon], il aurait été décidé de « gêner » le plus possible les visées du casino de Gujan-Mestras.

Par ailleurs, toujours selon Mme Ruggieri, lors d’un deuxième dîner en août 2005, M. Laporte aurait dit à la propriétaire du casino de Gujan-Mestras qu’il pouvait intervenir auprès de M. Sarkozy, moyennant une prise de participation à hauteur de 50 % dans son établissement. L’actuel secrétaire d’État aux sports a confirmé ces propos, tout en indiquant qu’il s’agissait à ses yeux d’une plaisanterie. Les autres convives présents lors de ce dîner d’août 2005 n’ont pu se prononcer devant les policiers sur la réalité de cette discussion.

Le parquet de Paris avait estimé que le délit de favoritisme n’était pas constitué, mais la chambre de l’instruction avait, en avril 2008, autorisé la poursuite de l’instruction, sur les faits postérieurs à mai 2005. Mme Ruggieri, entendue une nouvelle fois en juillet 2008, a maintenu que que Bernard Laporte, en 2002, avait indiqué à deux reprises à Marie-Hélène des Esgaulx, députée UMP et maire de Gujan-Mestras, qu’il était intéressé par son casino.

Article de Gérard Davet, Le Monde I Illustration © Jul.

 

Le nom de Nicolas Sarkozy cité dans un rapport de police 13.09.08

Le nom de Nicolas Sarkozy a été cité, le 5 mars 2007, dans un rapport rédigé par des policiers de la division nationale des investigations financières (DNIF), à propos de l’affaire de la DCNS (révélée par Le Monde) – leader français de l’industrie navale –, un dossier judiciaire de corruption sur lequel investiguent deux juges parisiens.

Comme l’indique le site Bakchich, Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, aurait donné son aval en 1994 à la mise en place d’une société nommée Heine, située au Luxembourg, qui permettait à la direction des chantiers navals (devenue DCNS) de faire transiter ses commissions destinées aux intermédiaires étrangers, en toute discrétion.

C’était avant la mise en place de la convention OCDE, effective en France en 2000, qui interdit aujourd’hui tout versement de commission à des agents étrangers dans le but d’obtenir des marchés à l’export.

Ces enquêteurs font le lien chronologique avec le financement de la campagne présidentielle de 1995 d’Edouard Balladur, que soutenait M. Sarkozy. Pourtant, rien, dans le dossier, ne vient pour l’heure prouver l’existence de quelconques rétrocommissions au profit de décideurs politiques français.

Source : Article de Gérard Davet, Le Monde.fr 12.09.08 I Illustration © Cabu

 

Quand les flics cherchent de l’argent liquide au Sénat 30.04.08

SUITE À UNE MISE EN DEMEURE, LE CONTENU DE CET ARTICLE A DU ÊTRE SUPPRIMÉ.
 

Le nom de Sarkozy cité dans un dossier de détournement de fonds 27.03.08

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Une lettre signée par Nicolas Sarkozy a fait son apparition au cœur de l’affaire Hamon, un dossier judiciaire portant sur des détournements de fonds publics. En s’appuyant sur ce courrier, Me Philippe Gumery, le conseil du collectionneur d’art Jean Hamon, réclame que la juge d’instruction Nathalie Andreassian enquête sur les flux financiers autorisés par M. Sarkozy, quand il était président du conseil général des Hauts-de-Seine. André Santini, le secrétaire d’Etat à la fonction publique, est mis en examen dans cette affaire. Selon Me Gumery, les faits délictueux reprochés à M. Santini pourraient concerner également M. Sarkozy.

La cour d’appel de Versailles doit se prononcer, vendredi 28 mars, sur un complément d’information réclamé par Me Gumery. Ce dernier a produit à l’audience, le 14 mars, une lettre signée par le chef de l’Etat, le 13 octobre 2004, à l’époque où il présidait le conseil général des Hauts-de-Seine. Ce courrier, selon Me Gumery, atteste de sa connaissance du dossier Hamon. L’avocat souhaite aussi l’audition de la garde des sceaux, Rachida Dati, qui fut directrice générale adjointe des services du conseil général des Hauts-de-Seine. (more…)

 

Un ex-tortionnaire argentin dans l’entourage de Sarkozy ? 22.03.08

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Sous le titre « Un talent argentin au service du gouvernement français », le quotidien de Buenos Aires Página 12 dénonce la présence dans l’entourage de Nicolas Sarkozy d’un ancien officier de police de la dictature argentine.

Le journal de gauche affirme que le curriculum de « Mario Alfredo Sandoval, professeur de sciences politiques, résidant à Paris et membre du Conseil de défense créé par le président français Nicolas Sarkozy, a un passé obscur ». (La décision de créer un Conseil de défense et de sécurité nationale, appuyé par un Conseil consultatif dont les membres seront nommés par le chef de l’Etat, a été prise au début de l’année.)

Selon Pagina 12, « dans les années 1970, Sandoval, sorti récemment de l’école de police, travaillait à la Coordination fédérale » [un centre de torture clandestin de sinistre réputation], qui était dirigée par des tortionnaires comme Evaristo Basteiro. Le journal affirme que son nom apparaîtrait également dans un dossier d’enlèvement.

L’article de Página 12 rappelle que ce même Sandoval a été cité à plusieurs reprises par la presse colombienne en tant qu’« enseignant dans une université française » qui aurait eu des liens avec les groupes paramilitaires (d’extrême droite) colombiens. Le nom Sandoval est néanmoins absent de tout organigramme officiel des institutions françaises.

À suivre.

Source : http://www.courrierinternational.com (21 mars 2008)

 

L’Élysée sous la tutelle des lobbies ? 18.03.08

Lors d’une enquête sur Les lobbies au coeur de la République, l’émission Lundi Investigation (Canal+), s’était intéressée à un cabinet de lobbying particulièrement performant : Domaines Publics.

Implanté dans l’industrie du jeu, la sécurité, le tabac, ou encore les vins et spiritueux, Domaines Publics est en fait un nom commercial qui regroupe deux sociétés de lobbying. L’une d’elle, Pic Conseil, est particulièrement florissante : en un an, son chiffre d’affaire a en effet progressé de plus de 50%.

Parmi les actionnaires de cette très prometteuse Pic Conseil, on trouve deux personnes qui ont un point commun : celui de travailler au ministère de l’intérieur du désormais célèbre Nicolas Sarkozy.

Frédéric Lefebvre est alors conseiller chargé des relations entre le ministre et le parlement. Il est aussi directeur de cabinet pour la présidence de l’Ump.

Stéphan Denoyes, ancien assistant parlementaire de Christian Estrosi, a beau n’avoir « aucune fonction au ministère », il y a néanmoins une secrétaire à disposition.

Est-ce normal que de puissants acteurs du lobbying dans les domaines de l’alcool, du jeux, du tabac et de la sécurité, travaillent dans un ministère qui traite justement ces dossiers ? La réponse de Nicolas Sarkozy : « franchement, ça n’est pas mon problème ».

Ci-dessous, la totalité du reportage diffusé le 23/05/2007 sur La Une (Belgique) [Merci à Real Hip Hop] : (more…)

 

Charles Pasqua condamné à 18 mois de prison avec sursis 13.03.08

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Charles Pasqua condamné à 18 mois de prison avec sursis pour financement illégal de campagne électorale.

L’ancien ministre de l’intérieur, Charles Pasqua, a été condamné, mercredi 12 mars, à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, dans l’affaire du financement illégal de sa campagne des élections européennes de 1999.

La 11e chambre correctionnelle, qui a suivi les réquisitions du parquet, a reconnu M. Pasqua, qui était absent, coupable de faux, financement illégal de campagne électorale et abus de confiance. A 80 ans, le sénateur des Hauts-de-Seine était jugé pour avoir bénéficié de 7,5 millions de francs (1,1 million d’euros) pour sa campagne, issus de la vente du casino d’Annemasse (Haute-Savoie) dont il avait autorisé, en tant que ministre, l’exploitation en 1994.

« Vraisemblablement il y aura un appel et M. Pasqua a l’intention, tant que son honneur ne sera pas lavé, d’utiliser tous les moyens de droit qui seront possibles, y compris la Cour européenne des droits de l’homme », a commenté son avocat, Me Forster.

Procédure devant la cour de justice de la République.

M. Pasqua fait l’objet dans le même dossier d’une procédure pour corruption passive devant la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à enquêter et à se prononcer sur des délits reprochés à des ministres en exercice. Silencieux sur cet aspect lors de son procès, Charles Pasqua ne s’est exprimé que sur le financement de sa campagne, parfaitement régulier et transparent selon lui.

Le tribunal a par ailleurs condamné à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme, et 150 000 euros d’amende Michel Tomi, l’un des bénéficiaires de la revente du casino d’Annemasse, jugé pour « corruption active ».

Source : LeMonde.fr avec Afp, 12.03.08 I Illustration © Kiro

 

Villiers-le-Bel : l’interpellé était candidat aux municipales 27.02.08

Dressant le portrait détaillé de Adama K., l’un des habitants de Villiers-le-bel interpellé lundi dernier lors de l’opération ultra-médiatisée dans les cités de la ville, et accusé par la police d’avoir tiré sur leurs collègues lors des émeutes de novembre 2007, Le Figaro a omis de préciser que l’intéressé est inscrit, en position éligible, sur la liste de la candidate UMP à la mairie de Villers-le-Bel, l’avocate Sylvie Noachovitch. Laquelle, ex-de chez Julien Courbet à la télé, est d’ailleurs devenue depuis lundi le défenseur du-dit Adama K. Le monde est si petit…

Source : Bakchich

 

Parti politique recherche graphistes 26.02.08

Il faut croire que Nicolas Sarkozy utilise à son seul compte toutes les compétences disponibles sur la capitale en matière de communication. Car ses sous-représentants cumulent bourdes et mauvais goût.

L’exemple Roger Karoutchi.

Le président du groupe UMP au conseil régional d’Ile de France et secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement dénonce, dans la dernière lettre d’information de son groupe, les projets des Verts de Paris, qui veulent créer des péages sur le périph et les autoroutes de la région. Pour illustrer son propos, Roger Karoutchi a mis en ligne une photo du périphérique parisien très embouteillé.

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Tellement embouteillé que les Parisiens en ont perdu leur latin et leur code de la route. Car problème : sur la file de droite, il y a plusieurs voitures à contre-sens ; et une petite voiture jaune a décidé d’en faire de même sur la file de gauche. Source : Backchich

 

Député-Maire = Salaire + chômage ? 20.02.08

Le député-maire UMP d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Gérard Gaudron, a reconnu toucher des allocations chômage d’environ 1.500 euros par mois depuis août 2005, confirmant des informations du Canard enchaîné à paraître mercredi.Ce député, indemnisé par les Assedic après avoir accompli l’ensemble de sa carrière chez Géotherma, société spécialisée dans l’installation de chauffages à énergies renouvelables, géothermie, aérothermie, solaire et biomasse, a annoncé qu’il allait « rembourser » les indemnités perçues depuis son élection à l’Assemblée nationale en juin 2007.
« Ca me semble choquant que quelqu’un qui est parlementaire et qui, par nature, a des indemnités, ne mette pas fin à ce qu’il perçoit de façon indue », a déclaré le porte-parole de l’UMP sur Europe 1. « Je crois, a-t-il souligné, qu’il y a là une affaire à tirer au clair et que ça donne une assez mauvaise image des parlementaires ».

Depuis qu’il est député de la 10ème circonscription de Seine-Saint-Denis, M. Gaudron, 57 ans, cumule chaque mois ses indemnités de maire et de parlementaire et ses allocations chômage, soit au total « environ 12.500 euros brut », selon le calcul du Canard enchaîné. L’hebdomadaire a précisé que le député s’est vu supprimer entre août et octobre 2007 ses allocations chômage pour non présentation à une convocation des Assedic, avant de les percevoir de nouveau.

« J’ai fait les démarches utiles, me semble-t-il, pour mettre un terme à cette situation », a précisé M. Gaudron à l’AFP, en indiquant avoir écrit deux fois aux services concernés pour les informer de sa nouvelle situation de parlementaire (12 septembre 2007) et pour proposer de rembourser le trop-perçu (26 novembre 2007). « J’ai malgré tout continué à toucher mes allocations chômage », a-t-il ajouté en indiquant les avoir encore perçues ce mois-ci. « Je ne suis ni un voyou ni quelqu’un qui profite du système. Je suis honnête. J’ai demandé de rembourser, je vais le faire », a encore déclaré M. Gaudron, qui a précisé avoir contacté ce mardi les Assedic en ce sens.

Avec d’autres députés UMP, l’élu a co-signé en novembre 2007 une proposition de résolution tendant à créer une commission d’enquêtes sur les fraudes aux prestations et aux prélèvements sociaux.

Le député-maire d’Aulnay ne fraudait pas les Assedic

Stigmatisé depuis ce mercredi matin et la parution de l’article du Canard Enchaîné titré « Ce député-maire UMP qui touche les Assedic », Gérard Gaudron s’est vu dédouané dans l’après-midi par l’Unedic.

L’affaire dénoncée par l’hebdomadaire satirique sentait pourtant le soufre pour l’élu d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Depuis son élection aux législatives de juin dernier, il cumulait ses indemnités mensuelles de maire (4094 euros) et de député (6952 euros) avec ses allocations chômage d’environ 1500 euros par mois.

Une allocation de retour à l’emploi, précisément, dont Gérard Gaudron bénéficiait depuis 2005 et la perte de son emploi de géologue à la suite d’un licenciement. Or, si un maire peut cumuler indemnités et allocations, un député n’en a pas le droit.

La situation était d’autant plus inconfortable que Le Canard Enchaîné précisait que le député-maire avait signé avec une partie du groupe UMP de l’Assemblée nationale une proposition de résolution demandant la création d’une « commission d’enquête sur les fraudes aux prestations at aux prélèvements sociaux ».

« Je reçois toujours un virement de vos services »

Branle-bas de combat dans le bureau du maire d’Aulnay. Alerté la veille de la parution de l’article, Gérard Gaudron publie immédiatement un communiqué dans lequel il dénonce « une basse manoeuvre politique (…) à trois semaines des élections municipales ».

Pour démontrer sa bonne foi, il joint deux lettres, l’une adressée à la Direction départementale du travail datant du 12 septembre et l’autre au directeur des Assedic le 26 novembre. Dans la première, il écrit ne plus estimer « nécessaire de bénéficier (…) de l’allocation de retour à l’emploi ». Dans la seconde, il insiste:

« Je vous confirme que (…) je demande à ne plus bénéficier des allocations de recherche d’emploi. (…) Je reçois toujours un virement de vos services. Je vous prie de bien vouloir m’indiquer les modalités de remboursement des allocations perçues depuis mon élection au poste de député. »

Entretemps, la Direction départementale du travail lui avait simplement répondu dans un courier daté du 13 novembre que sa première lettre allait être transmise à son antenne Assedic pour examen de ses nouveaux droits et obligations. Une transmission ou un examen qui a donc pris beaucoup de temps, au point de ne toujours pas être effectué à ce jour.

Gérard Gaudron « n’est pas suspect de fraude »

Restait une interrogation: un chômeur n’est-il pas obligé d’actualiser chaque mois sa situation par téléphone ou par Internet? Mais l’Unedic a répondu par un autre communiqué à cette question que s’était également posée le site spécialisé JobEtic. L’Unedic affirme que Gérard Gaudron « n’est pas suspect de fraude ». Et argumente:

« Les allocataires dispensés de recherche d’emploi [comme l’était Gérard Gaudron car il était âgé de plus de 57 ans et 6 mois, ndlr] sont à ce titre dispensés de l’actualisation mensuelle de leur situation. Cet examen a lieu dans ce cas une fois par an en septembre. »

Au final, le député-maire d’Aulnay-sous-Bois fera donc seulement « l’objet de l’établissement d’un ‘trop perçu’ qui donnera lieu à un remboursement des sommes concernées comme l’allocataire s’y est de lui-même engagé ».

 

Fondation Hamon : mise en examen d’André Santini confirmée

La Cour de cassation a confirmé mercredi la mise en examen du secrétaire d’État chargé de la Fonction publique, André Santini, pour des infractions financières présumées dans le cadre de la création de la fondation d’art contemporain Hamon.

La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a rejeté le pourvoi que M. Santini avait formé contre un arrêt rendu le 26 septembre 2007 par la cour d’appel de Versailles, qui avait déclaré irrecevable sa requête en annulation de procédure. Le maire d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), devenu entre-temps secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique, avait été mis en examen le 30 mai 2006 pour « prise illégale d’intérêt« , « faux et usage de faux » et « détournement de fonds publics« .

Les infractions présumées auraient été commises entre 2001 et 2003 à l’occasion de la création avortée en 2004 de la fondation d’art contemporain Hamon, qui devait exposer sur l’Ile-Saint-Germain (Hauts-de-Seine) 192 toiles données par le riche promoteur et mécène Jean Hamon. La justice s’interroge notamment sur le versement de 750.000 euros au mécène via le syndicat mixte de l’Ile-Saint-Germain, créé en 2000 par le conseil général et la ville d’Issy-les-Moulineaux pour gérer cette donation. Afp

 

Papa Sarkozy offre la Mairie de Neuilly à son fiston ? 10.02.08

Dernière minute : Lundi 11 février, David Martinon jette l’éponge à Neuilly au terme d’un week-end rocambolesque. Le nom de son successeur à la tête de la liste UMP dans le fief du président devait être annoncé ce mardi. Il conserve son poste de porte-parole de l’Elysée, M. Sarkozy ayant refusé sa démission. Le président, en déplacement en Guyane, s’est refusé à tout commentaire.

« J’ai une fidélité à assumer, et quelqu’un qui part sans préparer sa succession, c’est quelqu’un qui n’est pas à la hauteur. […] Ce n’est pas parce que je suis Président de la République que je dois oublier ceux qui m’ont fait confiance, ceux qui ont cru en moi. J’ai des choix à faire, je les fais. Y compris si ça doit provoquer pour tel ou tel l’incompréhension ». C’est en ces termes que Nicolas Sarkozy avait justifié l’intronisation de son jeune poulain, David Martinon, à la Mairie de Neuilly. Une décision qui n’avait pas fait l’unanimité chez la France d’en haut, laquelle avait accueilli Martinon par une salve de « Martinon non non » :

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PPDA, présent à Neuilly ce soir-là (aux côtés de Martin Bouygues), avait quant à lui décidé de relayer cet incident de manière un peu plus expéditive :

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Depuis les débuts de cette campagne houleuse, David Martinon cumule déconvenues… et maladresses. Bakchich avait livré à ce sujet la vidéo saisissante d’une réunion électorale à Neuilly, mise en ligne le 12 janvier dernier :

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LES DEUX DERNIERS ÉPISODES EN DATE DU FEUILLETON MARTINON ONT EU LIEU CE WEEK-END :

ACTE I : ANNULATION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE.

La tête de liste UMP et porte-parole de Nicolas Sarkozy, vieux fidèle de la Sarkozye et petit chouchou de Cécilia, a annulé la conférence de presse convoquée ce samedi 09 février. Ce matin, un quotidien, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du Figaro, assurait qu’il allait devoir jeter l’éponge. Un confidentiel publié par le journal de Dassault, titré « Neuilly : Martinon vers la sortie », évoquant « un sondage confidentiel » réalisé dans la semaine et prévoyant « la défaite » de Martinon, qui ne serait crédité selon le Figaro que de « 40% des voix » face à son adversaire de droite, Jean-Christophe Fromentin (45%). Bigre, l’heure est grave.

ACTE II : TEL PÈRE TEL FILS, JEAN SARKOZY POIGNARDE MARTINON.

Le psychodrame autour du maintien de la candidature de David Martinon aux municipales à Neuilly s’est poursuivi dimanche. Son directeur de campagne, Olivier Babeau, avait pourtant annoncé dans la matinée son maintien comme tête de liste UMP, mais deux de ses colistiers et Jean Sarkozy ont lancé leur propre liste de rassemblement, le poussant un peu plus vers la sortie :

« Nous avons décidé de conduire la liste de rassemblement » afin de « faire cesser les divergences au sein de la majorité présidentielle sur notre commune », ont annoncé les dirigeants neuilléens de l’UMP, Arnaud Teullé et Marie-Cécile Ménard, et Jean Sarkozy (qui avait été dépêché il y a quelques semaines pour le seconder activement dans la campagne), dans un communiqué transmis à l’AFP depuis le mail de Jean Sarkozy. « Cette décision résulte d’un certain nombre de désaccords majeurs avec David Martinon », soulignent les anciens colistiers du porte-parole de l’Elysée en appelant « au plus large rassemblement ». Selon leur entourage, ils réfléchiraient à un « rapprochement » avec le principal challenger de M. Martinon, le divers droite Jean-Christophe Fromantin, pour maintenir dans le giron de l’UMP cette ville dont Nicolas Sarkozy a été le maire de 1983 à 2002, toujours élu haut la main. Les intéressés n’ont pas précisé qui, d’eux trois, mènerait la liste.

Alors que, selon une source parlementaire, de nombreux députés UMP sont « très énervés » par l’affaire neuilléenne, le secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian, prenant acte de la « confusion » locale, a tenté de calmer le jeu en annonçant « une réunion décisive » lundi soir à Neuilly avec « les principaux intéressés » pour trancher. Ni M. Martinon, ni son entourage n’ont souhaité réagir à la nouvelle donne.

Selon plusieurs sources, LA DÉCISION DU TRIO TEULLÉ – MÉNARD – SARKOZY N’A PU ÊTRE PRISE SANS L’AVAL DU PRÉSIDENT. Le chef de l’État, déjà en proie à de grandes difficultés au niveau national avec une cote de popularité en chute libre, ne peut pas se permettre un échec sur ses anciennes terres, qui serait interprété comme une défaite personnelle. Le Figaro affirme de son côté que le chef de l’Etat n’avait « guère d’autre choix que de le sortir et de le remplacer par la numéro deux de sa liste, Marie-Cécile Ménard », qui avait déjà hérité du siège de conseiller général de Nicolas Sarkozy.

 

Sarkozy Mouillé dans l’affaire du Cercle Concorde ? 22.01.08

Sarkozy et Devedjian à l'Elysée en 2002 (Charles Platiau/Reuters)

Mafia, jeu, meurtres, pouvoir, argent… L’affaire du Cercle Concorde n’est pas en manque de rebondissements. Dernier en date : un banquier suisse et un mercenaire français évoquent, dans le bureau du juge marseillais chargé de l’affaire, le nom de Nicolas Sarkozy. Selon le quotidien suisse La Tribune de Genève, le magistrat aurait demandé « d’éclaircir le rôle de l’actuel président de la République, lors de la réouverture du Cercle de jeux Concorde en 2005« , époque à laquelle il était ministre de l’Intérieur.

L’épisode de 2005 s’inscrit dans un contexte de trois années de guerre des clans du Milieu et son cortège de cadavres, dans le but de contrôler l’empire des jeux. Retour sur cette affaire de poupées russes corso-marseillaises.

Les cercles, machines à blanchir

En 1987, le ministère de l’Intérieur ferme le Cercle Concorde, soupçonné de blanchir l’argent de la pègre, sous le contrôle du clan Francisci. Marcel Francisci, patron du cercle Haussman, surnommé « l’empereur des jeux », a été abattu en 1982. Roland, député UMP et président du Conseil général de Corse-du-Sud, a dirigé le Cercle de l’aviation. Tous deux sont réputés proches de Jacques Chirac, puis de Nicolas Sarkozy. Un ancien flic raconte:

« Dans les années 80, le Concorde était très fréquenté par les gens du SAC, Debizet et consort, sous la houlette de Raffali. Comme d’habitude, deux équipes corses se disputent les avantages du cercle. »

Les cercles sont des institutions à part dans la galaxie des jeux d’argent. Ni casino, ni table privée, ils ont l’obligation d’obtenir un agrément du ministère de l’Intérieur, après avis de la Commission supérieure des jeux (CSJ), qui se base sur une enquêtre approfondie de la section Courses et Jeux des Renseignements généraux. La décision est prise par le ministre en personne. Ils ont aussi l’obligation de reverser 10% de leurs bénéfices à des oeuvres de leur choix. (more…)

 

Les ministres notés par des voyous 18.01.08

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Le cabinet de conseil en management et en stratégie Mars & Co, chargé par Nicolas Sarkozy d’évaluer les ministres du gouvernement, semble bien peu recommandable.

Dirigé par Dominique Mars, cette société qui possède une antenne à Paris et dans six villes du monde et qui emploie plusieurs centaines de personnes, est en effet en infraction avec la loi. « La règle de la maison est la discrétion absolue », rapporte France Inter, qui n’a constaté « aucune inscription, pourtant obligatoire, de ses comptes annuels au greffe du tribunal de commerce ». « Cette SRAL fondée en 1979, dont le chiffre d’affaires tournerait, selon les spécialistes, autour de 25 millions d’euros pour la France, dix fois plus à l’international, a toujours cultivé le secret », explique la radio.

France Inter cite le témoignage de Jean-Baptiste Hugot, auteur depuis quinze ans du Guide des cabinets de conseil en management. « C’est le seul cabinet que je n’ai jamais pu rencontrer en quinze ans », explique-t-il. « Je n’ai jamais pu interviewer son président. C’est une singularité dans un secteur où l’on cherche surtout à se mettre en avant. On ne peut pas consulter ses comptes. Il n’est pas en conformité avec la loi. Dans le domaine du conseil en management de groupes internationaux, c’est à ma connaissance le seul cas ». Jean-Baptiste Hugo ajoute que s’il devait évaluer la transparence de Mars & Co, il lui donnerait la note de 0,5 sur 10.

Selon France Inter, le fondateur Dominique Mars est natif de Neuilly-sur-Seine, ville dont Nicolas Sarkozy a été maire. Dominique Mars a refusé de répondre aux questions de la radio, qui ajoute que Mars and Co conseillerait le groupe Suez, en cours de fusion avec Gaz de France.

Informations en cours de vérifications :

Il semblerait que la société Mars & co soit également client du cabinet d’avocats cofondé par Nicolas Sarkozy : Selas – Arnaud Claude & Associés (dont, conformément à sa déclaration de patrimoine, Nicolas Sarkozy possède 34%, et au passif, une « caution pour 34% à titre personnel d’un prêt de 7 millions de francs contracté par la SELAS pour le rachat de la clientèle »).

Dominique Mars appartiendrait au très sélect Club Le Siècle. Club politico-affairo-médiatique regroupant du très beau monde de la politique, du milieu des affaires et de la presse française. Parmi ces membres notamment un certain Nicolas Sarkozy, mais aussi Rachida Dati, Patrick Poivre d’Arvor ou encore Dominique Strauss-Kahn.

[Sources : Nouvel Obs I Blog de Luc Mandret]

 

Guéant : subordination de témoin ? 13.01.08

Le  collaborateur de Nicolas Sarkozy a démenti les accusations. (Reuters)

Vendredi 07 décembre 2007, cour d’assises spéciale de Paris. La 20ème audience du procès d’Yvan Colonna, soupçonné d’avoir assassiné le préfet Erignac le 6 février 1998, a été marquée par le témoignage de Claude Guéant. Il est accusé par la défense d’Yvan Colonna d’avoir « briefé » la déposition de Roger Marion, l’ancien chef de la division nationale antiterroriste (DNAT), qui a conduit un temps l’enquête sur Yvan Colonna. « Je subodore une subordination de témoin » a lancé Me Antoine Sollacaro, l’un des quatre avocats. Faux, répond Claude Guéant. « Je ne vous permets pas de dire n’importe quoi, je ne vous permets pas de m’insulter, je dis la vérité », a-t-il lancé à l’avocat de la défense.

À l’origine de la polémique : un entretien d’« à peine 20 minutes », le 29 octobre dernier à l’Elysée, entre Claude Guéant et Roger Marion. La défense s’appuie notamment sur une brève publiée dans Le Point le 8 novembre dernier. Selon l’hebdomadaire, c’est Claude Guéant qui a convoqué fin octobre l’ancien chef de la DNAT pour « s’assurer que le bouillant commissaire s’abstiendrait de tout règlement de comptes avec des policiers chargés de l’enquête sur l’assassinat du préfet Erignac ».

L’enquête sur la mort de Claude Erignac avait en effet donné lieu à une importante guerre des polices entre le SRPJ de Corse, la DNAT et le successeur du préfet assassiné, Bernard Bonnet. Or, à cette époque, Claude Guéant était le directeur général de la police nationale. Par ailleurs, il connaît bien le dossier corse pour avoir été directeur de cabinet adjoint de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur (1993-1994). Il était ensuite directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à la place Beauvau, puis à Bercy (2002-2004), et encore à l’Intérieur (2005-2007) avant de devenir son directeur de campagne, puis secrétaire général de la présidence de la République.

De son côté, Claude Guéant n’affirme avoir reçu Roger Marion que parce que ce dernier avait pris rendez-vous parce qu’il « était ému par des menaces qui lui étaient parvenues sur sa messagerie de portable, qu’il considérait sérieuses et dont la voix était marquée de l’accent corse » . Le secrétaire général de l’Elysée a estimé qu’il s’agissait là d’une « demande tout à fait naturelle » et qu’il n’y avait « rien de suspect ni d’anormal » à recevoir un « ancien collaborateur » dont il a vanté « le remarquable travail de policier ». Le secrétaire général de l’Elysée nie avoir mis au point la déposition de Roger Marion à cette occasion. « Je n’ai en aucune façon influencé le témoin », a répliqué Claude Guéant, soulignant que lors de cette rencontre, le procès du berger corse n’y avait été que brièvement évoqué, en fin d’entretien, sans aborder le fond.

[Sources : 20 Minutes I Le Jdd I Le Figaro]

 

Comment les alliés de Sarkozy ont touché le jackpot à Tahiti 11.12.07

Les ex-UDF ralliés à Nicolas Sarkozy ont enfin trouvé le moyen d’accéder au financement public des partis : en signant une convention de partenariat avec Fetia Api, minuscule formation politique de Polynésie française. Décryptage.

Enfin, car les 21 députés du Nouveau Centre s’étaient cassés une première fois les dents fin octobre en essayant de faire modifier la loi sur le financement des partis datant de 1988. Ne satisfaisant pas aux critères légaux à l’issue des dernières législatives, ils voulaient que la dotation soit également allouée aux formations comptant quinze députés ou plus. La proposition de loi avait cependant été ajournée sine die devant la virulente opposition du PS et du MoDem au sein de l’hémicycle.

Mais les nouveaux meilleurs ennemis de François Bayrou ont très vite échafaudé une nouvelle stratégie, profitant d’une législation plus souple outre-mer. La convention avec Fetia Api, négociée depuis un mois, a été passée la semaine dernière. De justesse : ils avaient jusqu’au 30 novembre, date de clôture du dépôt des demandes de financement public pour les partis politiques.

Un partenariat financier « gagnant-gagnant ».

Un stratagème dénoncé par le MoDem. Pour le député Jean Lassalle, ce financement « exotique […] n’est pas tellement à l’honneur » des centristes et « ne rend pas très crédible la politique ».

Le Nouveau centre assume. Pour le chef de file du parti, le député François Sauvadet, c’est même plutôt à François Hollande et à François Bayrou de devoir « s’expliquer devant les Français », puisque le PS et le MoDem ont refusé de « changer la loi ».

Il s’agit d’ailleurs d’un accord « gagnant-gagnant », selon le Nouveau centre. Et ce n’est rien de le dire, quand on se penche d’un peu plus près sur la loi de 1988. L’enveloppe du financement public consécutif aux législatives se compose deux parties. La première distribue 1,63 euros par voix aux partis qui ont satisfait aux exigences légales minimum (1% des voix dans 50 circonscriptions en métropole, et seulement 1% des voix sur l’ensemble des territoires en outre-mer). Exigences satisfaites par le Fetia Api, mais pas par le Nouveau Centre.

Un jackpot inespéré de plus de 900 000 euros.

Or ce critère constitue une condition sine qua non pour accéder à la deuxième partie de l’enveloppe, autrement plus intéressante : les partis reçoivent 44 394 euros par député et sénateur ralliés. Le Fetia Api n’en compte pas, le Nouveau centre si. L’équation était donc la suivante : le Nouveau centre et le Fetia Api remplissaient chacun une des deux conditions, mais sans pouvoir accéder à l’enveloppe financière (excepté 1 664,23 euros pour le Fetia Api, après les 1 021 suffrages recueillis en juin). Mais en s’alliant, c’est le jackpot : au total, les deux partis vont se partager au moins 900 000 euros ! (more…)

 

L’affaire Lagardère pour les nuls 06.11.07

« SARKOZY EXIGE LA VÉRITÉ. »

Ce titre a récemment barré la couverture du Parisien. « Il hausse le ton », commentait même le journal.

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Pleine de compassion pour ce Président soit-disant en quête de vérité sur l’Affaire EADS, l’émission Là-Bas si j’y suis (France Inter) du 09 octobre 2007, a décidé de l’aider à comprendre d’où pouvaient bien venir ces « miettes illégales d’un festin très légal. »

Pour ce faire, elle a invité François Ruffin, journaliste, et fondateur de Fakir, un « Journal d’enquête sociale fâché avec tout le monde ou presque qui n’est lié à aucun parti, aucun syndicat, aucune institution. »

Bien avant que Le Figaro sorte ce scoop qui n’en est pas un, François Ruffin avait déjà tenté de lever le voile sur cette trouble histoire. En mars 2007, il publiait dans Fakir un article relatif à l’affaire EADS, revenant à la charge en mai 2007 dans le Monde Diplomatique.

DOCUMENTS :

Deux articles de François Ruffin dans le Monde Diplomatique de Mai 2007 : Le scandale Airbus va-t-il devenir l’affaire Lagardère ? et Silence Radio.

Un article de Fakir : Airbus : le syndicat s’écrase.

Écouter l’émission Là-Bas si j’y suis du 09 octobre 2007 Ici.

L’AFFAIRE LAGARDÈRE POUR LES NULS (En dix leçons) :

(Ce texte de François Ruffin a été mis en ligne par La-bas.org. Il est téléchargeable ici en format Pdf grâce à un auditeur de Montpellier).

1 – Comment le délit d’initiés s’est déroulé au grand jour.
2 – Comment a fonctionné la censure durant la campagne.
3 – Comment sortent les « révélations » aujourd’hui.
4 – Comment Lionel Jospin a laissé Airbus à Lagardère.
5 – Comment les « Lagardère Boys » se mènent la guerre.
6 – Comment EADS fait de la « rentabilité pour l’actionnaire » sa « priorité ».
7 – Comment le plan Power 8 était prévu depuis longtemps.
8 – Comment on délocalise dans un secteur en croissance.
9 – Comment Airbus se construit, et se détruit, à l’image de l’Europe.
10 – Comment économistes, socialistes, syndicalistes incitent la résignation.

(Ce texte reprend, et actualise, des articles parus dans Fakir en mars 2007 et Le Monde diplomatique en mai 2007.)

1 – Comment le délit d’initiés s’est déroulé au grand jour

Définition : lorsque des dirigeants d’entreprises, ou des hauts fonctionnaires, disposent d’informations pas encore rendues publiques et qu’ils en profitent pour spéculer sur le cours des actions, en vendant ou en achetant.

Comment ça s’est passé ?
Le 8 mars 2006, EADS annonce un bénéfice net record de 1,68 milliards d’€.
Du 8 au 24 mars 2006, plusieurs dirigeants d’EADS vendent leurs stock-options. Dont Noël Forgeard, qui s’en procure d’autres, devant notaire, pour ses enfants, un placement qu’il jugea « légitime à l’approche de la soixantaine ». Il empocha 2,5 millions d’euros pour lui, et 400 000 de plus pour chacun de ses fils. (more…)

 

« Elève Rachida, au piquet ! » 31.10.07

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L’injonction est du Canard Enchaîné, qui publie aujourd’hui l’extrait du curriculum vitae qui figure au dossier administratif de Rachida Dati. Un CV qui indique, pour l’année 1993, « M.B.A. du groupe H.E.C. » avec la mention « ancienne élève de l’Institut supérieur des affaires ». En réalité, comme L’Express l’a révélé, la Garde Sceaux n’a jamais obtenu le diplôme. Rachida Dati l’a d’ailleurs confirmé, tout en soulignant qu’elle n’a jamais prétendu l’avoir…

Le Canard écrit que « le document (…) a provoqué un véritable branle-bas de combat (…) au ministère de la Justice », provoquant le coup de fil du porte-parole du ministère. Il a expliqué au journal que « la formule « ancien élève de l’Institut supérieur des affaires » signifiait clairement qu’elle n’avait pas obtenu le diplôme final ». Le Canard Enchaîné se demande alors pourquoi mentionner « M.B.A du groupe H.E.C. », soulignant « l’ambiguïté » cultivée par la ministre.

Une ministre qui s’est elle-même fendue d’un coup de fil au Canard pour lui reprocher de s’intéresser à son parcours en raison de ses origines. Et le journal de répondre « refrain connu. Seule solution, ne parler de la ministre qu’en termes élogieux et pratiquer la discrimination ministérielle positive. »

La question de ce « faux diplôme » n’est pas anodine. Il aurait facilité l’entrée en 1996 de Rachida Dati à l’Ecole nationale de la magistrature, qu’elle a intégrée par la voie parallèle ouverte aux personnes ayant déjà connu une expérience professionnelle.

Rachida Dati, qui nie les accusations, compte bien donner sa vérité dans le livre Je vous fais juge, qu’elle doit publier prochainement. « Je corrige quelques rumeurs ou des choses qui sont fausses. Je corrige des incorrections. Quand on parle de faux diplômes, il faut une matérialité », s’est elle défendue mardi sur Europe 1. C’était avant la publication de son CV…

Source : Libération

 

Affaires : un silence assourdissant 07.10.07

par Jean-Marcel Bouguereau, rédacteur en chef au Nouvel Observateur et éditorialiste à la République des Pyrénées, pour laquelle a été rédigé cet article. [NouvelObs.com – 07.09.2007]

ET IL INSISTE. Nicolas Sarkozy a réitéré jeudi sa volonté de dépénaliser le droit des affaires. Mais pourquoi n’insisterait-il pas ? Ses dernières déclarations au Medef, malgré leur caractère scandaleux n’ont suscité que des protestations du monde judiciaire. La presse s’est tue. Les radios se sont tues. La télévision s’est tue, alors que la pénalisation du droit des affaires est extrêmement faible en France, notamment par rapport à la manière dont la justice américaine traite ces cas. Seuls quelques juges se sont exprimés, comme Eva Joly qui ne comprend pas que l’on « irresponsabilise » ainsi ses élites : « cela me paraît une grave erreur et une absence de compréhension de ce qu’est la criminalité organisée ou la criminalité économique ». Tolérance zéro pour tous mais pas pour les patrons, alors que, non sans démagogie, on nous propose de faire comparaître les malades mentaux et de sanctionner les mineurs comme des adultes. La dépénalisation du droit des affaires est une vieille revendication du Medef. La France est pourtant un pays où les sanctions pour délit économique sont peu nombreuses. Pour l’année 2005, une récente étude de la Chancellerie fait état de 4.056 condamnations en matière de législation sur les sociétés ou pour atteintes aux finances publiques, sur un total de 550.841, avec comme délits principaux les banqueroutes, les abus de biens sociaux, la corruption active ou passive, le trafic d’influence et la prise illégale d’intérêt. Nicolas Sarkozy voudrait également interdire les enquêtes sur dénonciation anonyme. Mais la plupart des grandes enquêtes sur les « affaires » ont pour origine ou ont été accélérées par des lettres anonymes, même si cette pratique, de sinistre mémoire, est susceptible de toutes les manipulations. Mais, comme l’a souligné Eva Joly, en matière de dénonciation anonyme, « la France irait ici à l’opposé de ce que font tous les autres grands pays dans le monde », comparant Nicolas Sarkozy à Silvio Berlusconi, dans sa manière de « soutenir les délinquants ». Une comparaison de plus en plus patente. Notable différence : Berlusconi était à la tête d’un empire médiatique, Sarkozy joue de son influence sur ses amis Bouygues, Dassault, Lagardère, Pinault, tous patrons de presse, pour intimider les rédactions, ce qui explique le silence assourdissant sur cette question capitale et scandaleuse.

JMB

 

« Délits d’initiés massifs » au sein d’EADS 06.10.07

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La commission des finances du Sénat a auditionné l’ancien ministre des Finances Thierry Breton au lendemain des révélations d’une note préliminaire de l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui fait état de soupçons de « délits d’initiés massifs » au sein du groupe EADS en 2006. Selon le quotidien Le Figaro qui a révélé ce scandale, le ministre de l’Economie de l’époque, Thierry Breton, connaissait la situation difficile que risquait de traverser EADS.

(more…)

 

Puteaux expulse, sarkozy touche 01.06.07

Nadine Jeanne, Conseillère Municipale à Puteaux nous apprend ici que les expulsions à Puteaux font travailler le cabinet Arnaud Claude – Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy est toujours associé à hauteur de 34% dans le cabinet d’avocats Arnaud Claude – Nicolas Sarkozy, spécialisé en droit immobilier et en droit des affaires, installé 52 boulevard Malesherbes à Paris. Et ce cabinet travaille régulièrement pour la Mairie de Puteaux entre autres pour des procédures d’expulsion.

Pour le seul immeuble du 3-5 rue du Four, ont été versées à ce cabinet :
– Une somme de 598,00 euros TTC, à titre de frais et d’honoraires pour avoir déposé une requête en vue d’obtenir la désignation d’un huissier pour un constat d’occupation des logements appartenant à la commune (CM du 17 octobre 2003).
– Une somme de 700,00 euros TTC pour avoir représenté la Ville dans la procédure de reprise des lieux concernant les logements occupés sans titre (CM du 4 juin 2004).
– Une somme de 73,24 euros TTC pour avoir engagé une procédure à l’encontre des occupants sans titre. (CM du 30 novembre 2004).
Pendant tout ce temps, la Municipalité semble avoir oublié qu’il n’y avait pas que des squatters dans cet immeuble.

N.B. C’est également Maître Claude qui a été choisi par l’office HLM de la ville de Puteaux pour obtenir l’expulsion d’une famille de cinq enfants de la résidence des rosiers.

 

La mairie d’Asnières donne des couleurs aux électeurs. 19.05.07

RÉSUMÉ : Découverte dans la ville du sulfureux maire d’Asnières, Manuel Aeschlimann, d’un fichier électoral à caractère ethnique, classé en toute illégalité par pays de naissance. (more…)

 

Françafrique : Le réseau Chirac, la relève Sarkozy ? 14.03.07

Ci-dessous la retranscription d’une conférence organisée le 14 mars 2007 par l’association Survie Isère. Version du 16 avril 2007

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POURQUOI CETTE CONFÉRENCE ?

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Les 15 et 16 février dernier, à Cannes, se déroulait le 24ème sommet des chefs d’Etat Afrique/France. A cette occasion, les principaux médias français ont dressé un bilan globalement positif de la politique africaine de Jacques Chirac. Certains journaux présentaient l’actuel président comme « Chirac l’africain » ou « Chirac l’ami de l’Afrique ».

A quelques centaines de mètres des cérémonies officielles, une manifestation se déroulait, à l’initiative des associations Survie, Agir ici, Attac, la Ligue des Droits de l’Homme, Oxfam France et le soutien d’une quarantaine d’autres organisations. Ce  »contre-événement » présentait un tout autre point de vue sur la politique africaine de Jacques Chirac. 350 personnes – entourées par autant de CRS – étaient rassemblées autour d’une ironique cérémonie de  »remise des palmes de la Françafrique ». De nombreux chefs d’Etat africains ont reçu des prix pour leur politique liberticide, guerrière ou dictatoriale. La palme d’or de la Françafrique a été décernée à Jacques Chirac, notamment pour son soutien de nombreuses dictatures africaines. Les médias dominants en ont très peu parlé.

Entre la vision d’un Jacques Chirac  »ami de l’Afrique » et celle d’un Jacques Chirac  »ami des dictateurs africains », où se situe la vérité ? C’est ce que nous allons tenter d’élucider ce soir, en explorant des informations rarement publiées dans les médias. Mais pour ne pas seulement se tourner vers le passé, nous nous pencherons également sur celui qui, selon les sondages, sera le prochain président de la République française. Que savons-nous des idées de Nicolas Sarkozy concernant l’Afrique ? Que savons-nous des liens éventuels entre le nouveau leader gaulliste et ce qu’on appelle la Françafrique ? Bien sûr, le sujet est si vaste que nous ne l’aborderons pas de manière exhaustive.

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QUELLES SONT LES SOURCES DE CET EXPOSÉ ?

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Concernant le  »bilan africain » de Jacques Chirac, nous avons essentiellement puisé dans les bases de données de l’association Survie, notamment dans l’ouvrage Noir Chirac, de François Xavier Verschave. Concernant les liens entre Nicolas Sarkozy et l’Afrique, nous avons épluché plusieurs centaines d’articles de la presse française et africaine. Nous avons également lu les quelques ouvrages d’enquête disponibles sur Nicolas Sarkozy. Les sources précises de nos informations sont rassemblées dans un document disponible auprès de l’association Survie Isère (survie.isere@netcourrier.com). Rentrons à présent dans le vif du sujet

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QUEL EST LE « BILAN AFRICAIN » DE JACQUES CHIRAC ?

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francafrik01.jpg « Photo de Famille » du sommet de Cannes des 15 et 16 février 2007.

francafrik02.jpg « Jacques Chirac » recevant la Palme d’Or de la Françafrique.

francafrik03.jpg Manifestation contre le sommet de Cannes le 15 février 2007.

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QUELS SONT LES LIENS ENTRE JACQUES CHIRAC ET LA FRANCAFRIQUE ?

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Pour bien comprendre les liens entre Jacques Chirac et l’Afrique, il nous faut au préalable remonter aux origines de ce que nous appelons la Françafrique. C’est en effet l’un des contextes historiques dans lequel naît politiquement Jacques Chirac.

Commençons notre plongée dans l’histoire de France en 1958, lorsque le général de Gaulle prend le Pouvoir et crée la Vème République française. A cette époque, les colonies sont traversées par de puissants mouvements indépendantistes. Après son retrait d’Indochine (1954), l’Armée française est de nouveau en position difficile en Algérie. Elle fait également face à une intense guérilla indépendantiste au Cameroun. De manière générale, la quasi-totalité des colonies françaises est secouée par des mouvements de décolonisation, cette revendication rencontrant des échos de plus en plus favorables au sein de l’opinion publique française. Mais le général de Gaulle et son Etat-major ne souhaitent pas l’indépendance de l’empire colonial, et ce pour au moins deux raisons. Une raison économique : l’Afrique permet à la France d’accéder aux matières premières stratégiques comme l’uranium ou le pétrole. Elle est également source de profits pour de nombreuses sociétés française (commerce du cacao, bananes, bois, café, etc.). Une raison politique : en pleine période de “Guerre froide”, la France, alliée du camp occidental, souhaite éviter la propagation du communisme dans ses colonies.

Politiquement acculé, le général de Gaulle enclenche cependant le processus de décolonisation dans les années 60 (4). Mais tout en proclamant ce nouvel état des relations internationales, il charge son bras droit Jacques Foccart de maintenir les pays d’Afrique francophone sous la tutelle française par un ensemble de moyens illégaux et occultes.

Jacques Foccart est à l’époque un personnage très puissant : secrétaire général de l’Élysée, il dirige la plupart des services secrets (5), supervise les nominations aux principaux postes du parti gaulliste et de l’État, pourvoit enfin aux finances du gaullisme. Il va brillamment orchestrer cette mission de  »confiscation des indépendances ».

Sa principale stratégie sera la mise en place de dirigeants africains favorables à la France par le trucage des élections et l’élimination physique des leaders et mouvements indépendantistes. La guerre contre les indépendantistes camerounais (1957-1970) fut la plus violente, avec des méthodes dignes de la guerre du Vietnam : des centaines de milliers de victimes, l’assassinat des leaders Ruben Um Nyobé en 1958, Félix Moumié en 1960, Ouandié en 1970. Cette guerre servit de leçon à tous ceux qui pouvaient avoir des velléités de résistance. Citons également l’assassinat du président indépendantiste togolais Sylvanus Olympio en 1963, sous la supervision des services français. L’assassin, Etienne Eyadéma, s’installa ensuite plus de 40 ans au pouvoir. Notons que bon nombre des chefs d’État choisis par Foccart ont été formés dans les écoles militaires françaises. Certains appartenaient aux services secrets français, comme Omar Bongo, président du Gabon depuis… 1967 !

Des accords militaires, diplomatiques et économiques sont ensuite passés avec les dirigeants de ces pays officiellement décolonisés, permettant de maintenir la domination française. Nombre de ces accords comportent des clauses non publiées au Journal Officiel (6) et sont toujours ignorés du Parlement français. Ils fixent notamment l’accès privilégié de la France aux matières premières africaines. Ils prévoient l’organisation, l’encadrement et l’instruction des forces armées des Etats  »décolonisés », ainsi qu’une intervention militaire française en cas de menace extérieure. Ils permettent également l’implantation de bases militaires françaises sur le continent africain (ce qui est toujours le cas actuellement). De plus, chaque président africain est encadré par les services secrets français, soi-disant chargés de sa sécurité, et par de multiples conseillers. Pour éliminer tout risque d’opposition intérieure, des polices politiques tortionnaires sont mises en place, formées à l’école française et aux méthodes expérimentées en Algérie. Tout ce réseau est contrôlé par Jacques Foccart depuis la  »cellule africaine de l’Elysée » (2, rue de l’Elysée), une instance agissant en dehors de tout contrôle parlementaire.

Cette stratégie permet de maintenir le système de domination et d’exploitation coloniale tout en donnant l’impression qu’il y a bien indépendance, puisque c’est un homme originaire du pays qui gouverne. Elle permet également à la France de maintenir sa position dominante dans les institutions internationales telles que l’ONU : les Etats d’Afrique francophone, officiellement indépendants, s’alignant généralement sur les choix de l’ancienne métropole.

La domination politique et militaire des anciennes colonies s’accompagne d’une domination économique, via le franc CFA, monnaie des pays d’Afrique francophone, essentiellement contrôlée par la Banque de France. Enfin, la mise en place d’une « aide publique au développement » permet le soutien financier des régimes  »amis de la France » et de projets de développement au profit d’entreprises françaises.

Parallèlement, pendant toute cette période, les discours des différents gouvernements se sont parés d’un  »manteau de vertu » : la France  »meilleure amie de l’Afrique et du développement »,  »patrie des Droits de l’Homme », la France en  »lutte contre l’influence hégémonique anglo-saxonne », etc.

Voilà un bref résumé non exhaustif et simplifié de ce qu’on appelle « La Françafrique », c’est-à-dire la confiscation des indépendances africaines, le soutien de dictatures, le détournement de l’aide au développement, le pillage des matières premières, le maintien au Pouvoir par la terreur politique, une corruption incroyable sur laquelle l’affaire Elf a donné quelques coups de projecteurs. Je ne vais pas rentrer plus dans le détail dans le cadre de cet exposé. Tous ces mécanismes sont amplement et précisément décrits, pays par pays, dans deux ouvrages majeurs de François-Xavier Verschave, l’ancien président de l’association Survie : La Françafrique (1998) et Noir Silence (2000). Mais il me semblait important, pour débuter cet exposé, de repréciser en quelques minutes les origines de la « Françafrique ». Cette période marque en effet les débuts politiques de Jacques Chirac.

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JUSTEMENT, COMMENT JACQUES CHIRAC A-T-IL DÉBUTÉ EN POLITIQUE ?

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Jacques Chirac est issu d’un milieu aisé. Son père était le banquier de Marcel Dassault, l’une des plus grandes fortunes de France, avionneur et industriel militaire qui se prend très tôt d’amitié pour le jeune Jacques Chirac. Celui-ci fait Sciences-Po Paris en 1956, puis est aussitôt mobilisé pour la guerre d’Algérie. Quelques dizaines d’années plus tard, il expliquera combien « [C’était] la période la plus passionnante de mon existence. ». Militant pour une « Algérie française », Jacques Chirac hésite à s’engager définitivement dans l’Armée. Il rentre finalement en 1959 à Paris pour faire l’ENA. Il est aussitôt remobilisé en renfort administratif à Alger. En 1960 éclate « l’affaire des Barricades » : suite à un discours du général de Gaulle sur la nécessaire « autodétermination du peuple algérien », des généraux français se révoltent à Alger. Jacques Chirac ressent beaucoup de sympathie pour ce mouvement, mais ses collègues énarques le dissuadent de soutenir les généraux dissidents.

Jacques Chirac rentre finalement en France au début des années 60. Introduit auprès de Georges Pompidou par Marcel Dassault. Jacques Chirac, âgé d’à peine trente ans, se trouve propulsé au cabinet du premier Ministre, en charge des équipements, des transports et de la construction. Une aubaine pour Marcel Dassault, à qui Jacques Chirac va fournir de nombreux contrats, ainsi que des réductions fiscales.

Au cabinet de Georges Pompidou, le jeune énarque est remarqué par Pierre Juillet, homme des services secrets, souvent baptisé le  »Foccart de Pompidou ». Il suscite également l’intérêt de Marie-France Garaud et de Charles Pasqua (bras droit de Jacques Foccart). Tous voient en Jacques Chirac un exceptionnel  »animal politique » et une recrue de choix pour l’avenir du mouvement gaulliste. Ils l’initient aux coulisses et aux réseaux du Pouvoir. Ils transforment le technarque en homme politique, en faisant de Jacques Chirac un député de Corrèze, grâce aux soutiens financiers de Marcel Dassault, aux soutiens politiques de Pompidou, aux manoeuvres de Pierre Juillet et aux talents relationnels de Jacques Chirac sur le terrain. Parallèlement, Jacques Chirac fait une fulgurante ascension dans l’appareil d’Etat. Secrétaire à l’emploi en 1967 (il est le créateur de l’ANPE), secrétaire d’Etat au budget en 1969 (Pompidou est alors président), ministre de l’agriculture et enfin ministre de l’Intérieur. Son premier  »faux pas » survient en 1969, à travers le scandale du château de Bity. Ce château corrézien du XVIème siècle est acheté en ruine à un prix relativement modique par Jacques Chirac. Grâce aux relations politiques de ce dernier, le château est déclaré monument historique et sa rénovation en partie financée par l’Etat.

En 1974, la carrière politique de Jacques Chirac est fortement perturbée par le décès de Georges Pompidou. Valéry Giscard d’Estaing devient président, nommant Jacques Chirac premier ministre. Mais celui-ci démissionne, crée le RPR avec l’appui de Pierre Juillet et de Charles Pasqua, et prend la tête de la mairie de Paris.

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francafrik04.jpg Jacques Chirac pendant la guerre d’Algérie.

francafrik05.jpg Jacques Chirac au cabinet de Georges Pompidou.

francafrik06.jpg Le château de Bity.

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TU NOUS AS PARLÉ DU PARCOURS POLITIQUE DE JACQUES CHIRAC.
C’EST INTÉRESSANT. MAIS QUEL EST LE RAPPORT AVEC LA FRANÇAFRIQUE ?

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J’y arrive… Nous sommes en 1976, Jacques Chirac est le leader du RPR et maire de Paris. Ces deux institutions seront les bases de sa longue reconquête du Pouvoir, avec le soutien de Charles Pasqua, de Pierre Juillet, de Jacques Foccart, et déjà du jeune Nicolas Sarkozy. Mais pour occuper le devant de la scène politique, il faut beaucoup d’argent. De l’argent pour faire fonctionner le RPR, pour financer les campagnes politiques et pour assurer les appétits financiers des leaders gaullistes. Il faudra attendre la fin des années 90 pour comprendre, à travers une déferlante d’affaires judiciaires, le système de financement mis en place par le RPR pendant toute cette période. A travers l’affaire des marchés publics d’île de France, l’affaire des HLM de Paris, l’affaire Schuller, l’affaire Méry, mais également l’affaire Elf, des voiles se lèvent sur d’énormes sources de financement politique et d’enrichissement personnel dans les années 80-90 : le détournement de fonds publics et le soutien des réseaux françafricains.

Il est impossible, dans le cadre de cet exposé, de détailler ces nombreuses affaires. Je ne peux que vous conseiller de lire les ouvrages des juges d’instruction Eva Joly ou Eric Halphen (7). Ces enquêtes ont jeté une lumière crue sur le fonctionnement des institutions publiques françaises. Mais puisque nous faisons ce soir le  »bilan africain » de Jacques Chirac, je me limiterai sur les aspects  »africains » de ces affaires. Par exemple, une partie des sommes détournées des marchés publics parisiens (8) étaient blanchies dans des pays d’Afrique comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun ou le Congo Brazzaville. Il s’agissait notamment d’une des missions de Jean-Pierre Soizeau, membre des services secrets, responsable d’une dizaine d’entreprises dont la plupart implantées dans des paradis fiscaux. Il est malheureusement décédé juste avant d’être interrogé par la police.

Notons également le soutien des réseaux françafricains. Le réseau de soutiens politiques et financiers africains tissé par Jacques Foccart et son bras droit Charles Pasqua, architectes de la Françafrique, ont tourné à plein régime pour soutenir le mouvement gaulliste. C’est ainsi que Mobutu donna 5 millions de francs pour la campagne politique de Jacques Chirac en 1988, tout comme Hassan 2 en 1995. Enfin, les enquêtes de l’affaire Elf ont montré que chaque année, environ 600 millions de francs étaient détournés sur les rentes pétrolières, non seulement pour soutenir les régimes  »amis de la France », mais également pour financer des partis politiques, RPR en tête. Il s’agit là probablement de la  »pointe émergée de l’iceberg ».

Autour de ces affaires gravitent de nombreuses personnalités aux parcours étonnants, comme Michel Roussin, ancien n°2 de la DGSE, directeur de la Générale des Eaux, directeur du cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris (et à ce titre mis en cause dans la gigantesque razzia sur les marchés publics franciliens), ministre de la Coopération en 1993, haut responsable du groupe français Bolloré, “monsieur Afrique” du MEDEF, administrateur d’une compagnie minière au Gabon, membre du conseil de surveillance de « Sécurité sans frontière ». Services secrets, industries implantées en France et en Afrique, parti politique,  »développement », mercenariat : on retrouve le  »cocktail » de la Françafrique, vaste système de prédation des richesses africaines.

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francafrik07.jpg Jacques Chirac et Michel Roussin.

francafrik08.jpg Jacques Chirac et Jean-Claude Méry.

francafrik09.jpg Jacques Chirac et Charles Pasqua.

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NOUS VOILÀ EN 1995, JACQUES CHIRAC EST PRÉSIDENT : QUELLE VA ÊTRE SON ACTION ENVERS L’AFRIQUE ?

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Permettez-moi une petite pointe d’humour pour commencer. Connaissez-vous le slogan de la campagne de Jacques Chirac pour les législatives de 1986 ? « Ce que nous avons fait pour Paris, nous le ferons pour la France. »
En 1995, Jacques Chirac devient président de la République française. Il place aussitôt Jacques Foccart à la tête de la cellule africaine de l’Elysée. Notons que lorsque Jacques Chirac était premier Ministre sous la présidence de François Mitterrand de 1986 à 1988, il avait également fait de l’architecte de la Françafrique son  »conseiller Afrique ».
Mais l’heure tourne, et je ne vais pas détailler tout le  »bilan africain » du président Chirac. Je passe rapidement sur la loi concernant le rôle positif de la colonisation en 2005, finalement abandonné en 2006 (9). Je passe également sur les nouvelles lois en matière d’immigration africaine (10). Je passe enfin sur le scandale du musée du Quai Branly (11). Je me concentre sur l’essentiel : le soutien de Jacques Chirac aux pires dictatures africaines, tout au long de son mandat.

Le Togo

En 1963, le général Eyadéma, formé dans l’Armée française, assassine le président Sylvanius Olympio avec le soutien des réseaux Foccart et s’installe plus de 40 ans au Pouvoir. Un Pouvoir dictatorial, marqué par l’assassinat de milliers d’opposants politiques, bilan comparable à celui de Pinochet en son temps. En 1992, Jacques Chirac déclarait qu’il était un « ami personnel » du général Eyadéma et qu’ils avaient ensemble des conversations quasi-quotidiennes. En 1998, le général Eyadéma organise des élections insuffisamment truquées : le fils de Sylvanius Olympio, Ghilchrist Olympio, est déclaré vainqueur. Le général Eyadéma réprime aussitôt l’opposition et reprend la tête du pays, suscitant un rapport incendiaire d’Amnesty International. Quelques mois plus tard, Jacques Chirac rend visite au dictateur togolais et déclare que « le rapport d’Amnesty International est peut-être une opération de manipulation ». En 2001, une enquête de l’ONU confirme cependant le rapport d’Amnesty International et les exactions du général Eyadéma. Jacques Chirac reçoit pourtant le dirigeant togolais avec tous les honneurs de la République française, la même année. En 2005, le général Eyadéma décède. Son fils prend le Pouvoir, réprimant l’opposition (plus de 800 morts). Il est aussitôt félicité et reçu par Jacques Chirac, malgré les condamnations de la quasi-totalité de la communauté internationale.

Le Tchad

Depuis son coup d’Etat en 1990, Idriss Déby est au Pouvoir. En 1996, il décide d’organiser des élections supervisées par l’Etat français. L’Élysée missionne Jérôme Grand d’Esnon, conseiller de Jacques Chirac (mis en cause dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris) et André Rouge, membre du conseil national du RPR. 95 % du financement des élections sont pris en charge par la France, sous contrôle de l’Armée française : matériel électoral, déplacement des urnes, centralisation informatique. La liste des irrégularités de ce scrutin est longue, détaillée dans plusieurs ouvrages. Voici quelques exemples :

– élimination de candidats pour des motifs juridiques mineurs (non conformité de certificats médicaux ou de résidence). Un des candidats est arrêté et maintenu en prison jusqu’au lendemain de l’élection.

– trucage du recensement électoral : les régions dont est originaire Idriss Déby sont sur-représentées ; 100 bureaux de vote sont créés au Soudan pour des électeurs “tchadiens” dans des conditions échappant à tout contrôle ; de  »vraies-fausses » cartes électorales sont émises par le ministère de l’Intérieur, distribuées aux militants d’Idriss Déby, etc.

– opacité des procédures de vote : avant le scrutin, les assesseurs indépendants, formés aux procédures électorales, sont remplacés par de jeunes analphabètes partisans du régime.

– pressions militaires et policières dans la plupart des bureaux de vote, avec arrestations et agressions d’opposant(e)s.

– transport des urnes et centralisation informatique effectués par l’Armée française, sans observateur indépendant.

– refus de la Commission électorale de fournir aux candidats de l’élection les fiches de résultats par bureaux de vote, contrairement au Code électoral officiel.

Dans un premier temps, Idriss Déby est proclamé élu au premier tour, avec 50,14 % des voix. Finalement, après consignes de l’Elysée, un second tour est organisé, remporté par Idriss Déby. En 2001, de nouvelles élections sont organisées, selon un dispositif semblable à celui de 1996. Le  »président » sortant est une nouvelle fois  »réélu ». A chaque fois il est chaleureusement félicité par Jacques Chirac. Notons qu’en 2006, l’Armée française est également intervenue pour protéger Idriss Déby d’une rébellion.

Burkina Faso

En 1983, un coup d’Etat éclate, soutenu par les réseaux françafricains. La population se révolte, portant Thomas Sankara au Pouvoir. Son gouvernement rebaptise la Haute Volta le Burkina Faso (“pays des hommes intègres”). Il retire aux chefs traditionnels leurs pouvoirs féodaux et instaure des modes de décision collective. Sankara travaille sans protocole, roule en R5 et vend les limousines de l’état, imposant à ses ministres le même train de vie modeste. Il lance de grands programmes pour améliorer l’éducation, l’agriculture et le statut des femmes. Excellent orateur, Sankara agace les grandes puissances. Devant l’ONU, il plaide pour le féminisme et dénonce la politique des Etats-Unis. Lors d’une visite du président François Mitterrand, il critique radicalement la politique africaine de la France. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’état organisé par Blaise Compaoré, soutenu par la France. A l’époque, Jacques Chirac est premier Ministre, son conseiller Afrique est Jacques Foccart. 20 ans plus tard, Compaoré est toujours au pouvoir, richissime (il possède un palais et un Boeing 747 personnel) dans un pays parmis les plus pauvres de la planète. Il est impliqué dans divers trafics et soutient Charles Taylor au Sierra Léone. En 1998, Blaise Compaoré organise des élections mais refuse une Commission électorale indépendante : l’opposition boycotte le scrutin et Compaoré est élu avec plus de 70% des voix, aussitôt félicité par Jacques Chirac. Notons au passage que Compaoré est politiquement soutenu par la mairie de Grenoble, dans le cadre d’un projet de coopération décentralisée Grenoble/Ouagadougou des plus contestables (12).

La Guinée

Depuis le coup d’Etat de 1984, le militaire Lansana Conté est au Pouvoir. En 1998, il organise des élections truquées, emprisonnant notamment l’opposant principal, Alpha Condé. Jacques Chirac rend visite au même moment à Lansana Conté, félicitant la démocratisation du pays.
Je pourrais détailler de nombreux autres exemples concernant le Gabon, la Tunisie, le Maroc, l’Angola, la Centrafrique, le Cameroun, bref tous ces pays soutenus par Jacques Chirac, dont les dirigeants sont au Pouvoir par des coups d’Etat, la terreur policière ou militaire, l’assassinat ou la corruption des opposants, des oligarchies richissimes dans des pays de misère.

Congo Brazzaville

Jacques Chirac, dans les années 80, était lié d’amitié avec Denis Sassou N’Guesso, dirigeant de 1979 à 1991 le Congo d’une main de fer (des milliers d’opposants assassinés). Dès son arrivée au Pouvoir, Jacques Chirac souhaite la remise en selle de Sassou N’Guesso. En 1997, ce dernier organise un coup d’Etat financé par Elf, lançant une guerre civile de plusieurs centaines de milliers de morts. Sassou N’Guesso est désormais au Pouvoir, soutenu et reçu par Jacques Chirac tout au long de son mandat.
A ce propos, une petite anecdote s’impose ici : l’affaire Ndenguet. Le colonel Ndenguet est le directeur général de la police congolaise. En avril 2004, ce colonel est en séjour en France, dans la villa de sa fille, à Meaux (l’oligarchie africaine possède de somptueuses villas ou hôtels particuliers en France). Ce qu’il ignore, c’est que des réfugiés politiques du Congo ont porté plainte devant le tribunal de Meaux, reprochant au colonel Ndenguet l’exécution de 350 opposants congolais en 1999, crime contre l’humanité. Le juge Jean Gervillié, qui instruit la plainte, fait interpeller et placer en garde à vue le colonel Ndenguet. Celui-ci proteste : « Je suis couvert par l’immunité diplomatique. » Pour en avoir le coeur net, les gendarmes se rendent au Quai d’Orsay. Réponse: « A priori, non. Mais on vous le confirme par écrit. » Le soir, à 22h30, le directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères fait savoir, dans un fax au procureur de Meaux, que Jean-François Ndenguet bénéficie bien de ladite immunité: « L’ambassadeur du Congo en France a certifié que M. Ndenguet, porteur d’un document signé par le président de la République du Congo, est en mission officielle en France à compter du 19 mars 2004. A ce titre, et en vertu du droit international coutumier, il bénéficie d’immunités de juridiction et d’exécution. » Dès lors, pour le procureur de Meaux, en relation constante avec le parquet général de Paris, les choses sont claires : Jean-François Ndenguet doit être relâché. Une analyse que conteste le juge d’instruction, qui met en examen le haut fonctionnaire congolais. Et le fait placer en détention à la prison de la Santé. En pleine nuit, Jacques Chirac et Dominique de Villepin demandent au procureur de Meaux de se réunir à 2 heures du matin pour statuer, une procédure sans précédent. Monique Radenne, présidente de la chambre de l’instruction, décide, après examen du dossier, de libérer le colonel. Lequel quitte la Santé à 3 heures, accueilli par l’ambassadeur du Congo. Il s’envole quelques heures plus tard pour Brazzaville.

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francafrik10.jpg francafrik11.jpg francafrik12.jpg francafrik14.jpg

Jacques Chirac et : Gnassingbé Eyadéma (Togo) / Blaise Compaoré (Burkina) / Idriss Déby (Tchad) / Omar Bongo (Gabon)

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L’HEURE TOURNE. IL SERAIT PEUT-ÊTRE TEMPS DE SE TOURNER VERS L’AVENIR, VERS L’ACTUEL LEADER GAULLISTE ET CANDIDAT A LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE, NICOLAS SARKOZY. QUE SAIT-ON DES LIENS ENTRE NICOLAS SARKOZY ET LA FRANÇAFRIQUE ? PEUT-ÊTRE POURRAIS-TU COMMENCER PAR NOUS FAIRE UN RAPIDE « PORTRAIT POLITIQUE » DE NICOLAS SARKOZY, COMME TU AS FAIT POUR JACQUES CHIRAC TOUT A L’HEURE ?

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Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa naît en 1955, d’un père immigré issu de la noblesse hongroise. Il grandit à Neuilly sur Seine. Il rate Sciences-Po Paris. Mais il devient avocat en 1981 et s’associe pour créer le cabinet parisien « Arnaud Claude et Nicolas Sarkozy », spécialisé dans le droit immobilier. Nicolas Sarkozy n’a presque jamais plaidé, mais il touche une part des profits de ce cabinet d’avocat (240 000 euros en 2002).

Nicolas Sarkozy est très tôt engagé en politique. A moins de 20 ans, il rentre à l’UDR puis au RPR, parrainé par Charles Pasqua, dont il se considère le « double » à l’époque. Il va monter progressivement dans la hiérarchie du parti : président du comité de soutien des jeunes à la candidature de Jacques Chirac en 1980, secrétaire national du RPR en 1988, etc. Son seul  »faux pas » dans le soutien à Jacques Chirac survient en 1995, quand il se rallie à Edouard Balladur pour les élections présidentielles. En 2002, il soutient Jacques Chirac. En 2004, il devient le président de l’UMP.

Nicolas Sarkozy, c’est également une forte implantation politique dans les Hauts de Seine. De 1983 à 2002, il est maire de Neuilly, la ville la plus riche de France. En 2004, il devient président du Conseil général des Hauts de Seine, le département le plus riche de France, prenant la succession de Charles Pasqua.
L’expérience étatique de Nicolas Sarkozy est relativement récente. Il devient ministre du Budget en 1993, mais est ensuite écarté de l’appareil d’Etat pour sa  »trahison » envers Jacques Chirac. Il est cependant nommé Ministre de l’Intérieur en 2002, puis Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie en 2004, fonction qu’il doit abandonner sur demande de Jacques Chirac qui ne souhaite pas qu’un Ministre soit également président de l’UMP. En 2005, le même Jacques Chirac nomme cependant Nicolas Sarkozy une nouvelle fois Ministre de l’Intérieur, cumulant ce mandat avec la présidence de l’UMP.
Nicolas Sarkozy, c’est enfin un réseau relationnel colossal dans l’industrie et les médias. Je ne citerai pas ici la longue liste de ses soutiens. Citons Martin Bouygues, témoin de son mariage avec Cecilia Sarkozy et parrain d’un de ses fils. Bernard Arnault, également témoin de son mariage. Lagardère, Dassault, Véolia, Bolloré, quasiment tout le CAC 40 soutient Nicolas Sarkozy, qui déclarait d’ailleurs en 2005 : « j‘ai tous les patrons de presse avec moi. »

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francafrik15.jpg francafrik16.jpg Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac.

francafrik17.jpg Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua.

francafrik18.jpg Nicolas Sarkozy Ministre du Budget.

francafrik19.jpg Nicolas Sarkozy à l’Université du MEDEF.

francafrik20.jpg Nicolas Sarkozy et serge Dassault.

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RENTRONS MAINTENANT DANS LE VIF DU SUJET :
QUELS SONT LES RAPPORTS DE NICOLAS SARKOZY AVEC L’AFRIQUE ET LA FRANÇAFRIQUE ?

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Nous nous sommes d’abord intéressés aux idées, aux discours et au programme de Nicolas Sarkozy concernant l’Afrique. L’Afrique n’étant pas au coeur de la campagne présidentielle (ou alors indirectement via l’immigration), les textes à notre disposition sont relativement peu nombreux. Les textes de référence sont : un discours de Nicolas Sarkozy au Bénin en mai 2006, un interview donné au magazine Jeune Afrique en novembre 2006, le discours du meeting UMP de Toulon et un discours sur la politique internationale en février 2007.
En examinant ces discours, nous relevons des éléments de  »rupture » avec la Françafrique, des éléments de  »continuité », et des éléments très  »classiques » que l’on retrouve en général dans les propos de tout candidat à la présidence. Le tout forme un ensemble plutôt contradictoire et soumis à différentes interprétations.

– Les éléments de  »rupture » :
Nicolas Sarkozy souhaite « tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguîtés » en matière de relations franco-africaines. Il déclare sa volonté de « se débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé.» Il souhaite « cesser de traiter indistinctement avec des démocraties et des dictatures » et critique en ce sens la politique africaine de Jacques Chirac.

– Les éléments  »classiques » :
Nicolas Sarkozy, comme la plupart des candidats gaullistes à la présidence, se présente comme un « ami des africains ». Il « aime l’Afrique » et souhaite tout faire pour son  »développement », envisagé par ailleurs comme un remède à l’immigration.

– Les éléments de  »continuité » :
Si Nicolas Sarkozy critique les réseaux françafricains, il juge néanmoins l’action de la France en Afrique globalement positive : « Je crois pouvoir dire qu’aucun pays du Nord ne porte autant d’attention à l’Afrique que la France. Aucune nation n’a autant à coeur la stabilité, le développement, la réussite des pays du continent africain. […] La relation entre l’Afrique et la France, l’Afrique et l’Europe doit s’affirmer comme l’un des principaux axes de stabilité de la planète et comme un exemple pour la relation Nord-Sud. » Nicolas Sarkozy critique violemment les discours dénonçant la domination économique française sur l’Afrique : « Il faut cesser de répéter que la France est présente en Afrique pour piller ses ressources car, à tout bien peser, c’est vrai, nous n’avons pas économiquement besoin de l’Afrique – et je mets quiconque au défi de me démontrer le contraire. La France est en Afrique avec des ambitions plus amicales. » Pourtant, certaines de ses déclarations présentent l’Afrique comme un continent à  »conquérir » : « L’Amérique et la Chine ont déjà commencé la conquête de l’Afrique. Jusqu’à quand l’Europe attendra-t-elle pour construire l’Afrique de demain ? Pendant que l’Europe hésite, les autres avancent. »

Nicolas Sarkozy soutient également les multinationales françaises : « Il n’y a en réalité qu’un petit nombre de grands groupes français qui réalisent une part importante de leurs activités en Afrique. […] Bouygues, Air France, Bolloré, n’ont pas besoin de la diplomatie française pour exister et se développer en Afrique. S’ils y sont dynamiques, c’est à l’ancienneté de leur implantation, ils ont cru à l’Afrique avant beaucoup d’autres. C’est au talent de leur management et de leurs collaborateurs qu’ils le doivent et à eux seuls ».
Nicolas Sarkozy exprime son admiration pour le « de Gaulle visionnaire » qui a su « comprendre les aspirations de l’Afrique à l’autonomie puis à l’indépendance » et à Edouard Balladur qui a su « intervenir directement », quand il était premier ministre, pour « arrêter ce crime contre l’humanité » qu’a constitué le génocide rwandais. Enfin, Nicolas Sarkozy souligne le rôle positif de la colonisation : « Le rêve européen a besoin du rêve méditerranéen. Il s’est rétréci quand s’est brisé le rêve qui jeta jadis les chevaliers de toute l’Europe sur les routes de l’Orient, le rêve qui attira vers le sud tant d’empereurs du Saint Empire et tant de rois de France, le rêve qui fut le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc. Ce rêve qui ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation. Cessons de noircir le passé. L’Occident longtemps pécha par arrogance et par ignorance. Beaucoup de crimes et d’injustices furent commis. Mais la plupart de ceux qui partirent vers le Sud n’étaient ni des monstres ni des exploiteurs. Beaucoup mirent leur énergie à construire des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux. Beaucoup s’épuisèrent à cultiver un bout de terre ingrat que nul avant n’eux n’avait cultivé. » (13) Nicolas Sarkozy a également déclaré lors du meeting de Caen, le 9 mars 2007 : « La vérité, c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de puissances coloniales dans le monde qui aient tant oeuvré pour la civilisation et le développement et si peu pour l’exploitation. On peut condamner le principe du système colonial et avoir l’honnêteté de reconnaître cela. » (14)
Tous ces discours sont en totale contradiction avec le début de mon exposé concernant les origines de la Françafrique, et avec les enquêtes de l’association Survie en général (en particulier concernant le génocide rwandais).
Nous ne pouvons d’ailleurs que déplorer le manque de  »répondant » des journalistes interrogeant Nicolas Sarkozy sur tous ces sujets. Pour revenir sur ses déclarations concernant  »la France qui, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique », un journaliste renseigné aurait pu souligner quelques informations pourtant faciles à obtenir : selon le Ministère des Finances et de l’Industrie, en 2006, les échanges avec l’Afrique représentaient environ 5% des échanges internationaux de la France. Le solde économique de ces échanges est positif, contrairement aux soldes de la France avec d’autres continents. Ainsi, en 2005, le solde France/Afrique était de + 3 milliards d’euros environ, soit autant que le solde France/Amérique, mais le solde France/Europe était de – 18 milliards d’euros, et le solde France/Asie – 22 milliards d’euros. En 2002, le nombre de filiales d’entreprises françaises en Afrique s’élevait à 2637, en hausse de 13% par rapport à l’année précédente. Au Congo Brazzaville et au Gabon, le pétrole enrichit Total Fina Elf, qui affichait, en 2005, un bénéfice record de 12 milliards d’euros. Au Cameroun, au Congo Brazzaville et au Gabon, le bois fait la fortune de Bolloré (1 milliard de chiffres d’affaires en 2004) et de Rougier. Meubles en Okoumé, planchers en Azobé, escaliers et portes en Sapelli ou Moabi, toutes ces essences menacées de disparition sont largement utilisées en France, premier importateur européen de bois africain. Au Mali, l’or est une manne pour la Somadex, une filiale de Bouygues (15). Au Niger, l’uranium est exploité par la Cogema, assurant plus de 50% de l’approvisionnement des centrales françaises. Nous pourrions encore citer le commerce du diamant en Centrafrique, du gaz en Algérie (16), des phosphates au Togo et au Maroc. Mais également les produits agricoles (café, ananas, cacao, arachide, canne à sucre…) et les services (transport, eau, BTP, télécoms…). En 2004, Bouygues a réalisé 1,2 milliards de chiffres d’affaires en Afrique. Enfin, le commerce des armes est très lucratif. Entre 1996 et 2003, les exportations d’armes de la France en Afrique ont représenté 30 milliards d’euros (Dassault, Lagardère…).
Notons cependant que nos interprétations des discours de Nicolas Sarkozy sont subjectives. D’autres interprétations de ses discours seraient possibles. C’est pourquoi il faut prendre du recul avec les mots et nous concentrer sur les faits. Pour cela, nous nous sommes posés deux principales questions : Nicolas Sarkozy développe-t-il des relations avec des dictateurs ? Quels sont les liens entre Nicolas Sarkozy et le  »réseau Pasqua » ?

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JUSTEMENT, TU PARLES DE RELATIONS PERSONNELLES AVEC DES DICTATEURS. PEUX-TU EN DIRE UN PEU PLUS ?

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Nicolas Sarkozy entretient des relations avec plusieurs dictateurs. Selon La lettre du continent, une publication essentiellement destinée aux diplomates et aux industriels opérant en Afrique (17), Nicolas Sarkozy a rencontré au moins sept fois Omar Bongo depuis 2004, la plupart du temps dans l’hôtel particulier parisien du dirigeant gabonais. Récemment, dans le Nouvel Observateur de février 2007, Omar Bongo déclarait : « Avec Nicolas Sarkozy, il y a une différence parce qu’on est amis. Si demain il me renie parce qu’il est président, je lui dirai:  »ce n’est pas sérieux Nicolas ». […] Je crois que le fondement même de la Françafrique restera, quitte à l’améliorer. »
Nicolas Sarkozy est un ami de Denis Sassou N’Guesso, le chef d’Etat du Congo-Brazzaville. Il soutient la monarchie marocaine de Mohammed VI. Notons que son bras droit Brice Hortefeux soutient d’ailleurs la colonisation marocaine du Sahara Occidental. Nicolas Sarkozy est également proche du président Bouteflika et des milieux militaires algériens. Depuis 2003, il s’est rendu une à trois fois par an en Algérie. En juillet 2004, il a signé un accord économique France/Algérie de 2 milliards d’euros, l’un des plus grands accords français avec un pays du Sud, pour développer des projets industriels algériens, au bénéfice de sociétés françaises. Cette décision est quelque peu contradictoire avec les grandes déclarations de Nicolas Sarkozy sur le rôle des multinationales en Afrique. Ce dernier a récemment affirmé qu’il souhaitait apporter la technologie nucléaire en Algérie, en échange d’accords sur l’exploitation du gaz algérien par la France.
Nicolas Sarkozy a également critiqué l’accession au Pouvoir du fils d’Eyadéma au Togo. Cependant, en tant que Ministre de l’Intérieur, il n’a pas mis fin à l’équipement et l’encadrement de la police togolaise par la France.
Pour terminer, nous avons trouvé dans le journal La lettre du continent cette information sybilline : pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, son ami Martin Bouygues « a mis à sa disposition son conseiller Afrique, Michel Lunven, ancien ambassadeur de France au Gabon et en Centrafrique et ex-conseiller de Jacques Foccart ». Pourquoi le patron d’une des plus grandes entreprises de BTP met-il à disposition de Nicolas Sarkozy un ancien conseiller de l’architecte de la Françafrique, pour une campagne présidentielle ? La question reste ouverte.

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QUELS SONT LES LIENS ENTRE NICOLAS SARKOZY ET LE RESEAU PASQUA ?

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D’abord, pourquoi s’intéresser à ces liens ? Parce que ce que nous appelons le  »réseau Pasqua » est un acteur emblématique de la Françafrique, décrit dans de nombreux ouvrages de l’association Survie. Charles Pasqua était le bras droit de Jacques Foccart, l’architecte de la Françafrique. Le  »réseau Pasqua » désigne une nébuleuse d’acteurs industriels, militaires, politiques et barbouzards impliqués dans de nombreuses affaires de trafic d’armes, de corruption, de coups tordus en Afrique (affaire Elf, affaire Angolagate, affaire Falcone, affaire Marchiani, etc.).
Historiquement, même si Nicolas Sarkozy a pris ses distances politiques avec Charles Pasqua depuis plusieurs années, les liens entre le candidat UMP à la présidence et Charles Pasqua sont forts. Charles Pasqua était le témoin du premier mariage de Nicolas Sarkozy. Il a joué un rôle majeur dans son éducation politique, à Neuilly sur Seine, dans les Hauts de Seine et au RPR. Nicolas Sarkozy se définissait dans les années 70 comme le « double » de Charles Pasqua et déclarait en 1983 : « C‘est l’un des hommes les plus honnêtes que je connaisse ». Il lui a certes  »raflé » la mairie de Neuilly sur Seine en 1983, mais ils se sont ensuite réconciliés. Nicolas Sarkozy a par exemple vraisemblablement aidé Charles Pasqua à devenir sénateur en 2004, lui permettant de bénéficier d’une immunité parlementaire.
Certains bras droits de Nicolas Sarkozy sont des anciens bras droits de Charles Pasqua. C’est le cas de Claude Guéant, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy pour 2007. Claude Guéant, énarque, était secrétaire général de la préfecture des Hauts de Seine, Directeur Général de la Police Nationale, nommé par Charles Pasqua. Il assiste en général à tous les entretiens de Nicolas Sarkozy avec des dirigeants africains. Citons également Michel Gaudin, énarque, ancien directeur de cabinet de Charles Pasqua au conseil général des Hauts de Seine, actuellement Directeur Général de la Police Nationale, nommé par Nicolas Sarkozy.
Nous nous sommes également intéressés à la reprise du conseil général des Hauts de Seine par Nicolas Sarkozy : celui-ci a-t-il fait une  »rupture » avec la politique de Charles Pasqua, son prédécesseur à ce poste ?
En prenant la tête du conseil général des Hauts de Seine, Nicolas Sarkozy a fait un hommage appuyé à Charles Pasqua, et le conseil général lui a fourni une voiture de fonction avec chauffeur, une secrétaire et des bureaux. Nicolas Sarkozy a lancé un audit général du conseil général, mais les conclusions de cet audit sont restées secrètes. D’après ce que nous avons pu lire, la politique de Nicolas Sarkozy n’est pas en rupture avec celle de son prédecesseur, hormis peut-être une baisse des dépenses sociales (par exemple, suppression de 4000 logements sociaux et privatisation de crèches).
Nous nous sommes également intéressés à Coopération 92, une officine du Conseil général des Hauts de Seine créée par Charles Pasqua, citée dans de nombreux ouvrages de l’association Survie pour ses actions  »sulfureuses » en Afrique. Cette Société d’Economie Mixte a officiellement pour objectif de lutter contre les inégalités Nord/Sud. Au moment où Nicolas Sarkozy prend la tête du conseil général des Hauts de Seine, Coopération 92 était dirigée par Yan Guez, un ancien de la SOFREMI (officine de ventes d’armes), touchant 11 000 euros par mois et roulant en 4×4 de luxe de fonction. Les activités de Coopération 92 étaient opaques, aucun rapport sur le contenu et l’évaluation des projets réalisés n’était transmis au Conseil Général. Nicolas Sarkozy a remplacé Charles Pasqua à la présidence de Coopération 92 et lancé un audit financier mettant à jour de nombreuses anomalies financières (emplois fictifs, surfacturations, etc.). Il a cependant reconduit Yan Guez dans ses fonctions, demandant certes davantage de transparence. En juillet 2005, le parquet de Nanterre lance une enquête sur Coopération 92. Nicolas Sarkozy démissionne quelques temps après, officiellement pour des questions d’emploi du temps. L’affaire suit son cours.
Une dernière petite anecdote pour terminer : en mars 2006, Robert Feliciaggi, homme d’affaires à la tête d’un empire des jeux de hasard et des casinos en France et en Afrique, souvent cité dans les ouvrages de François-Xavier Verschave à propos de blanchiment d’argent, a été assassiné en Corse. Nicolas Sarkozy a demandé au préfet d’Ajaccio de participer en grande tenue aux obsèques de Robert Feliciaggi.

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TOUT À L’HEURE, LORS DE L’EXPOSÉ SUR JACQUES CHIRAC, TU NOUS AS PARLÉ DES AFFAIRES ELF, DE L’AFFAIRE DU FINANCEMENT OCCULTE DU RPR, ETC. EST-CE QUE NICOLAS SARKOZY A QUELQUE CHOSE A VOIR LA DEDANS ?

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Attention, terrain miné ! Ce que je m’apprête à dire doit être considéré avec la plus grande prudence. Le nom de Nicolas Sarkozy apparaît dans trois affaires : l’affaire des emplois fictifs du RPR, l’affaire Schuller et l’affaire Elf. Mais aucune enquête n’a été lancée sur les liens entre Nicolas Sarkozy et ces affaires. Donc tout ce que je vais dire n’est pas validé par la Justice française, même si nous serions très curieux que des enquêtes soient menées.

– L’affaire des emplois fictifs du RPR : une permanente du RPR était rémunérée par la mairie de Neuilly sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Etait-ce un cas isolé ? Pourquoi Nicolas Sarkozy n’a-t-il jamais été entendu par la Justice sur ce sujet ?

– L’affaire Schuller : Didier Schuller était le directeur général de l’office d’HLM des Hauts de Seine, membre du RPR, accusé et condamné pour un vaste système de détournement de fonds publics, notamment à des fins politiques. Selon son bras droit Jean-Paul Schimpf, interpellé en flagrant délit alors qu’une entreprise d’assainissement lui remettait une valise de billets pour l’obtention d’un marché public, Didier Schuller finançait des campagnes politiques comme celles de Patrice Balkany, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Là encore, aucune enquête n’a été lancée à ce sujet.

– L’affaire Elf : lorsqu’il a été convoqué par la juge Eva Joly, l’ancien PDG d’Elf Loik Le Floch-Prigent a affirmé avoir abordé le fond du dossier Elf pour préparer sa défense avec de nombreuses personnalités, dont Nicolas Sarkozy, Ministre du Budget à l’époque. Que se sont-ils dits ? Pourquoi Loik LeFloch-Prigent est-il allé rencontrer Nicolas Sarkozy ? Là encore, le mystère reste entier.

– Notons pour finir que Nicolas Sarkozy soutient politiquement Alain Carignon, ancien maire de Grenoble écroué pour une vaste affaire de corruption et d’enrichissement personnel dans les années 80-90, mais qui revient sur le devant de la scène politique grenobloise. On ne peut que déplorer ce soutien politique, surtout pour un candidat à la présidentielle qui affirmait le 3 novembre 2006 sur France Inter : « Je n’ai pas l’habitude de fréquenter des gens qui ont été condamnés par la Justice ».

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francafrik21.jpg Nicolas Sarkozy et Alain Carignon.

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L’heure tourne, il est temps de terminer cet exposé. Je répète que cette présentation est non exhaustive et mériterait de nombreux approfondissements. J’espère cependant avoir apporté quelques précieux éclairages sur le  »bilan africain » de Jacques Chirac et sur nos inquiétudes concernant Nicolas Sarkozy. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger directement dans les ouvrages de l’association Survie sur la Françafrique, mais également dans le dossier de 40 pages contenant toutes les sources que nous avons trouvé sur les liens entre Nicolas Sarkozy et l’Afrique. Je vous remercie pour votre attention et votre écoute.

(4) Hormis pour ce qu’on appellera plus tard les Territoires d’outre-mer, comme la Nouvelle-Calédonie, ainsi que quelques points d’appui stratégiques comme les Comores et Djibouti. (5) Jacques Foccart publia ses sulfureuses mémoires politiques deux ans avant sa mort (Foccart parle, Fayard, 1995). (6) Le Journal officiel est le quotidien édité par l’État français dans lequel sont consignés tous les événements législatifs (lois, décrets), réglementaires (arrêtés), déclarations officielles et publications légales. (7) Sept ans de solitude, Eric Halphen,Denoël, 2002 ; Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, Eva Joly, Les arènes, 2003. (8) Entre 2 et 5% des contrats de nombreux marchés publics étaient détournés et redistribués entre différents partis, RPR en tête (mais également le PS, le PCF, le PR). (9) Deux citations de Jacques Chirac sur le rôle positif de la colonisation : “Je suis fier de l’oeuvre coloniale de la France. Il n’y a que les intello-gaucho-masochistes pour critiquer cela. C’est pourtant une image superbe de la France.” (Jacques Chirac, Libération, 12 mars 1988) “Pacification, mise en oeuvre des territoires, diffusion de l’enseignement, fondation d’une médecine moderne, création d’institutions administratives et juridiques, voilà autant de traces de cette oeuvre incontestable à laquelle la présence française a contribué non seulement en Afrique du Nord mais aussi sur tous les continents. A cet hommage que nous dictent le respect, l’admiration et la reconnaissance, nous joindrons aussi celui que nous devons à tous ceux et à toutes celles qui ont contribué à la grandeur de notre pays en incarnant l’oeuvre civilisatrice de la France.” (Jacques Chirac, 1996, cité par Le Canard Enchaîné, 08/02/2006). (10) Une citation de Jacques Chirac : « Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs […] Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler. Si vous ajoutez le bruit et l’odeur, et bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. » (Jacques Chirac, discours du 19 juin 1991) (11) cf. les deux émissions Là-bas si j’y suis, France Inter, Daniel Mermet, 17 et 18 octobre 2006, émissions téléchargeables sur http://www.la-bas.org (12) document disponible sur demande à survie.isere@netcourrier.com (13) Nous ne parlons pas ici des discours de Nicolas Sarkozy concernant l’immigration. Voici cependant quelques citations : “Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter. […] Au nom de quoi les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, l’Angleterre, l’Allemagne et tant d’autres choisiraient les meilleurs étudiants, les meilleurs travailleurs et nous nous n’aurions le droit de choisir personne pour subir tout le monde. Cette politique, ce n’est pas la mienne.” (Nicolas Sarkozy, cité par LCI, 22/04/2006) “Si Le Pen dit que le soleil est jaune, je ne vais pas être obligé d’arriver en prétendant qu’il est bleu. Personne n’est obligé d’habiter en France. Quand on habite en France, on respecte ses règles. C’est-à-dire qu’on n’est pas polygame, qu’on ne pratique pas l’excision sur ses filles, qu’on n’égorge pas le mouton dans son appartement, et qu’on respecte les règles républicaines.” (Nicolas Sarkozy, TF1, 5 janvier 2007) “Je ne vise pas l’électorat du FN, je l’ai déjà.” (Nicolas Sarkozy, cité par Thomas Lebegue, Libération, 1er juillet 2005) (14) Sur l’horreur de la colonisation, cf. Exterminez toutes ces brutes, Sven Lindqvist, Les arènes, 2007 ; Coloniser, exterminer, O. Le Cour Grandmaison, Fayard, 2005 ; Histoire générale de l’Afrique, Ki Zerbo, Pres. africaine, 2000. (15) cf. documentaire Le prix de l’or, Camille de Vitry, 94mn, 2004. (16) cf. La Françalgérie, Lounis Aggoun, Jean-Baptiste Rivoire, La découverte, 2004. (17) L’abonnement à la Lettre du Continent est de 700 euros à l’année (cf. http://www.africaintelligence.fr)