
Devant les appels à la délation du gouvernement, des salariés des services publics (ANPE, Assedic, DDTEFP), des membres d’associations et d’organismes de formation ont crée le :
R.E.F.I – Réseau Emploi Formation Insertion
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LE BLOG DU R.E.F.I.
Trois textes réglementent désormais la chasse aux étrangers dans les services de l’emploi. [Ces fichiers étant trop imposants pour être mis intégralement en ligne, Le Sarkopithèque se propose de vous les envoyer par mail sur simple demande].
1) Décret n° 2007-801 du 11 mai 2007 relatif aux autorisations de travail délivrées à des étrangers, à la contribution spéciale due en cas d’emploi d’un étranger dépourvu d’autorisation de travail et modifiant le code du travail.
2) Circulaire Hortefeux du 4 juillet 2007 – Objet : « Vérification de l’existence des autorisations de travail préalablement à l’embauche d’un étranger ou à son inscription à l’Agence nationale pour l’emploi »
3) Lettre du 28 septembre 2007 des Directeurs généraux de l’ANPE et ASSEDIC aux directeurs régionaux – Objet : « Décret n°2007-801 relatif à la vérification des autorisations de travail des étrangers »
POURQUOI UN RÉSEAU EMPLOI FORMATION INSERTION ?
Nous sommes des salariés des services publics : ANPE, Assedic, DDTEFP, ou encore d’associations, d’organismes de formation, nous refusons de collaborer à la chasse à l’étranger qui s’est instauré dans ce pays.
Dans une ANPE du département du Rhône, l’un de nos collègues a été confronté à une situation insupportable : il devait signaler, à la police de l’Air et des Frontières, l’arrivée d’une personne étrangère qui avait été convoquée, à son insu, sur ses plages de rendez-vous.
Malaise… Heureusement, ce jour là, la personne n’est pas venue.
Depuis, nous nous parlons, nous échangeons, il n’est pas question de nous taire, nous ne voulons ni être acteur, ni complice de ce genre de situations qui nous font penser aux pires périodes de notre histoire.
Notre mission c’est l’emploi, la formation, l’insertion, ce n’est pas le contrôle des papiers des étrangers, et encore moins la délation.
Pourtant de nouveaux textes, directives risquent de multiplier ces graves atteintes à notre déontologie.
Nous avons donc décidé de nous organiser et de résister collectivement en créant :
LE RÉSEAU EMPLOI FORMATION INSERTION.
HIER, AUJOURD’HUI, DEMAIN,
NOUS NOUS OPPOSONS À LA DÉLATION
DES TRAVAILLEURS ET CHÔMEURS ÉTRANGERS
La chasse aux étrangers est ouverte partout : dans la rue, les quartiers, les écoles, les foyers, les administrations, les hébergements d’urgence, les entreprises… La politique du chiffre prévaut, souvent sans discernement
Les pressions s’exercent en cascade, du Président au Ministre, du Ministre aux Préfets… et la tentation s’accentue de faire participer tous les échelons institutionnels à cette course effrénée.
De l’ANPE à l’ASSEDIC :
Le Courrier et la circulaire du 4 juillet 2007, adressés aux Préfets, ne laissent aucun doute sur les intentions du Ministre. C’est bien, maintenant parmi les chômeurs qu’Hortefeux a décidé de débusquer les étrangers, pourtant en séjour régulier ! L’alibi de la lutte contre la fraude ne suffit pas à légitimer la présomption de culpabilité qui s’installe. Le personnel de l’ASSEDIC et de l’ANPE est considéré comme auxiliaires de police, leur « nouvelle mission » : envoyer à la préfecture des photocopies de toutes les cartes de séjours des étrangers venant s’inscrire.
Dans les DDTEFP :
L’inspection du travail a été placée sous l’autorité du ministère du travail et de celui de l’immigration dans le cadre d’une nouvelle infraction « le travail illégal des étrangers » qui contrairement aux dispositions actuelles du code du travail ne permet pas de rétablir dans leur droits les personnes en situation de travail. Pour contourner les résistances des agents de contrôle dans la mise en œuvre de ces orientations discriminantes déjà définies par les circulaires Sarkozy-Larcher, plusieurs DDTEFP dont celle du Rhône veulent créer une brigade volante d’agents de contrôle pour aller remplacer les collègues réfractaires à effectuer les contrôles centrés sur l’origine supposée des salariés.
Dans les associations comme Cabiria :
Les associations qui accueillent et accompagnent des migrant(e)s n’échappent pas aux pressions policières. L’association de santé communautaire Cabiria, qui effectue un travail de prévention et d’accès aux droits avec des personnes prostituées, a été récemment incitée par la police à dénoncer les personnes sans-papiers de sa connaissance. Cette démarche va évidemment à l’encontre de l’éthique et des missions pour lesquelles l’association reçoit des financements. Cabiria craint une multiplication de ces pressions policières, ce qui porterait un grave préjudice au travail d’accompagnement effectué par le milieu associatif.
Notre métier c’est l’emploi, la formation, l’insertion. Nous ne nous laisserons pas détourner de nos missions pour collaborer à cette politique obsessionnelle du chiffre en matière de lutte contre l’immigration clandestine (tellement clandestine qu’elle vient s’inscrire à l’ANPE).
Nous refusons d’appliquer toute procédure (transitoire ou définitive) visant à mettre en œuvre une loi, une circulaire discriminante, une injonction préfectorale, humiliante, vexatoire, qui stigmatise l’étranger et le fait passer pour un fraudeur potentiel.
Ces lois, ces décrets, ces circulaires sont contraires à notre éthique, notre déontologie, et ont des relents des pires périodes de notre histoire, c’est pourquoi, sur le modèle du Réseau Éducation Sans Frontière, nous appelons à la création d’un Réseau des Services de l’Emploi, de la formation, et de l’insertion :
– Pour empêcher l’application de ces directives, ces lois.. qui bafouent les droits des personnes au seul prétexte qu’elles ne sont pas de la « bonne origine »
– Pour témoigner, par tous les moyens, sa solidarité à toute personne bafouée dans ses droits, la soutenir et briser le silence en effectuant des campagnes d’information
– Pour exprimer sa solidarité et aider tout professionnel sur lequel une pression serait exercée afin qu’il applique ces directives inacceptables.
– Pour faire reconnaître le droit de désobéissance déontologique de tous les professionnels confrontés à des actions qui seraient en contradiction avec leurs missions de services au public, et dont la finalité serait le contrôle des étrangers dans le cadre des lois de l’immigration.