De Nouveaux Éléments Bientôt Intégrés à Cet Article

Le 3 août 2007, François Hollande réclame la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions de libération, le 24 juillet 2007, des cinq infirmières bulgares et du médecin d’origine palestinienne retenus en Libye depuis 1999. Le Premier secrétaire du PS avait notamment exigé que Cécilia Sarkozy, qui a joué un rôle important dans cette libération, soit entendue par la commission.
le Jeudi 23 août, l’Elysée exclu, au nom du principe de séparation des pouvoirs, que Cécilia Sarkozy témoigne devant cette commission d’enquête. Le 28 août 2007, l’UMP, par la voix de Philippe Cochet, son secrétaire général adjoint, laisse entendre que l’audition de Cécilia Sarkozy n’est pas indispensable : « Le fait que le secrétaire général de l’Elysée soit auditionné me semble largement suffisant par rapport au rôle notamment de Mme Sarkozy dans cette opération ».
« Claude Guéant viendra déposer devant cette commission. C’est un acte de transparence absolue », a appuyé Nadine Morano, porte-parole de l’UMP. « Laissons cette commission s’installer, travailler, décider de son fonctionnement », a-t-elle plaidé, balayant d’un revers de main de la « tambouille un peu politicienne ».
A défaut de l’audition par une commission d’enquête : une interview donnée à un journal régional.
A défaut de passer devant une commission parlementaire pour répondre de son action en Lybie, c’est en effet au journal L’Est Républicain que Cécilia Sarkozy vient de donner une interview.
S’y disant choquée par l’utilisation médiatique de cette affaire, elle précise au journal « j’ai accepté de vous parler, mais ma place n’est pas devant une commission parlementaire ».
La femme du Président, qui revendique 50 heures de négociation directes en anglais, sans traducteur, avec Mouammar Kadhafi, affirme avec humilité qu’on ne l’« empêchera pas de sauver la misère du monde ». A ceux, nombreux, qui considèrent que sa connaissance des dossiers internationaux est trop légère, celle qui se dit être partie effectuer cette mission « en tant que femme et mère avant tout », répond : « je ne m’attarderais pas sur la complexité des relations internationales ».
[Sources : Nicolas Poincaré et ses polémistes 04/09/07 – Afp 28/08/07]
◊
Sur la philanthropie de la première dame de France, Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Échos : « Danielle Mitterand s’était investie dans un certain nombre de dossiers internationaux, mais là encore c’était dans la continuité d’une action et d’une réflexion qu’elle menait auparavant. Cécilia Sarkozy qui s’intéresse aux bulgares en Lybie, je trouve que c’est un peu incongru. Excusez-moi. ».
◊
Article de Pierre Haski – Rue89 :
Cécilia Sarkozy, comédie à la française.
Les Bulgares l’attendaient comme une héroïne, le gouvernement de Sofia devait même lui remettre la Stara Planina, la plus haute distinction bulgare, pour son rôle dans la libération des infirmières retenues prisonnières en Libye. Puis brusquement, Cécilia Sarkozy a décidé de ne pas accompagner son mari dans cette visite qui lui était pourtant largement dédiée. Officiellement, l’Elysée indique que c’est « pour ne pas raviver de nouvelles polémiques » sur les circonstances de la libération des infirmières bulgares.
L’explication élyséenne sonne aussi vrai que l’angine blanche que l’épouse du Président de la République avait avancé pour sécher le déjeuner chez les Bush pendant les vacances américaines. Car qu’elle se rende ou pas en Bulgarie, Cécilia Sarkozy reste au centre de la polémique déclenchée par le tourbillon politico-diplomatique de l’été, avec le dénouement certes heureux, mais ô combien mystérieux, de la détention des infirmières. Notamment sur le plan des contreparties promises au colonel Kadhafi.
L’affaire Cécilia, puisque c’est comme ça qu’il faut l’appeler, va en effet rebondir dès la semaine prochaine à l’Assemblée nationale, lorsque les députés vont mettre en route la Commission d’enquête parlementaire sur la libération des infirmières. Or Nicolas Sarkozy refuse catégoriquement que son épouse soit entendue par cette commission, dont il approuve par ailleurs le principe. Une position d’autant plus incompréhensible que les juristes sont formels : si les députés insistaient pour entendre l’épouse du Président, celle-ci n’aurait pas le choix, et s’il le fallait encadrée par des gendarmes. Scénario fort peu probable, mais parfaitement légal.
La vraie question reste celle du statut de l’épouse du chef de l’Etat. Nicolas Sarkozy avait annoncé un statut pour la première dame de France, mais l’idée semble aujourd’hui oubliée ou en tout cas difficile à formaliser. Femme publique ou femme privée? Cécilia Sarkozy ne semble pas avoir encore tranché, et ni même désireuse de le faire. On devrait donc continuer à vivre dans un flou artistique surréaliste, avec une épouse du Président qui peut sauter dans un avion pour des missions diplomatiques de haut vol – on la dit prête à s’envoler pour la Colombie si le sort d’Ingrid Bétancourt devait évoluer -, puis disparaître aux yeux de tous, y compris lors des obligations de représentation qui vont avec la fonction de son mari.
On a compris qu’elle ne voulait pas être une nouvelle Bernadette Chirac faisant tapisserie. Une véritable première dame de France moderne et dépoussiérée aurait été décoiffante et assurément populaire. Mais le mélange des genres actuel dans les Palais de la République risque de poser de sérieux problèmes de fonctionnement au sommet de l’Etat – ne serait-ce que pour expliquer à chaque fois pourquoi le président arrive seul, quand on l’attendait à deux. Angela Merkel, George Bush, et maintenant les Bulgares font les frais de cette comédie à la française. C’est désormais dans la presse people que s’écrit une partie de la vie politique, pas vraiment un progrès.
Pierre Haski
[Sources : Rue89-04 Octobre 2007]