Le Sarkopithèque

LE SARKOPITHÈQUE A POUR BUT D’ARCHIVER PUIS DE RECOUPER LES INFORMATIONS ET RÉFLEXIONS RELATIVES AU CHEF DE L’ÉTAT, À SON GOUVERNEMENT ET À LEURS [MÉ]FAITS. Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République le 6 Mai 2007, jour de la Sainte-Prudence. Voyons-y un signe, et non un hasard.

Présentation 01.09.07

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AUSTRALOPITHÈQUE : ANTHROPOÏDES EN VOIE D’ÉVOLUTION VERS L’HUMANITÉ, DISPARUS SANS ÊTRE DEVENUS DE VÉRITABLES HOMMES PAR LEUR CERVEAU, QUEL QUE SOIT LE CARACTÈRE HUMAIN DE LEUR DENTITION ET DE LEUR ATTITUDE. Définition du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).

RUPTURE : FRACTURE D’UNE CHOSE SOLIDE EN DEUX OU PLUSIEURS PARTIES SOUS L’EFFET D’EFFORTS OU DE CONTRAINTES TROP INTENSES. Définition du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).

sarkotof.jpg© Tof, pour Le Sarkopithèque.

HISTORIQUE

De la veille du premier tour des élections présidentielles jusqu’au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, Le Sarkopithèque s’est tout d’abord résumé à un envoi de mails qui tentaient d’inventorier les informations les plus pertinentes, et les plus alarmantes le cas échéant.

Le 17 Mai 2007, il a pris la forme d’un journal en format Pdf qu’il est devenu trop laborieux de faire circuler par mail en raison de son poids.

C’est grâce au concours d’un internaute généreux de son temps que Le Sarkopithèque fait aujourd’hui ses premiers pas sur WordPress.

PRINCIPE

Le Sarkopithèque a pour but d’archiver et de synthétiser toutes les informations et réflexions relatives à Nicolas Sarkozy, à son gouvernement et à leurs [mé]faits. Seules les informations sourcées et vérifiables sont recueillies. Le Sarkopithèque ne se souhaite ni colporteur de rumeur, ni prosélyte ou diffamatoire. Il a l’ambition d’allier l’engagement et le sérieux.

Toutes les informations recueillies seront ensuite regroupées par thèmes. Pour cette raison, Le Sarkopithèque aura inévitablement un temps de retard sur l’actualité, mais espère en contrepartie en permettre une lecture éclairée par le temps écoulé.

Vous trouverez ci-dessous quelques extraits des premiers envois de mails. Ils préciseront comment est né, s’est dessiné et s’est forgé ce projet.

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CORRESPONDANCE INITIALE [Extraits]

24 AVRIL 2007

[…] J’ai lu hier dans Le Parisien qu’à Neuilly-Sur-Seine, Nicolas Sarkozy avait atteint le très soviétique score de 72,6%, contre 7,5% (je ne suis plus certaine de la décimale) pour Ségolène Royal.
Pour que ce score ne perdure qu’à Neuilly-Sur-Seine, et ne soit pas celui qui apparaisse sur nos écrans dans peu de jours maintenant, la lecture des pièces jointes est peut être de salut public.
Il est désormais nécessaire de faire circuler toutes les informations qui nous parviennent. Vite parce que le temps presse. Chacun de nous ayant ensuite les moyens de chercher à les vérifier, à les démentir, à les approfondir, et à transmettre ses rectifications, précisions ou conclusions aux autres. Pour étayer nos propos et les enrichir de faits avérés, et non d’à priori infondés qui n’auront aucune prise sur ceux à convaincre de ne pas élire le petit Nicolas.
Il est peut-être nécessaire aussi de ne pas se contenter de transmettre ces informations aux seuls de nos amis convaincus, mais à la totalité de notre carnet d’adresse. Parce que si chacun de nous, de manière constructive et non bélligérante, arrive à pousser un autre quel qu’il soit dans une réflexion différente en pointant du doigt des dangers que certains se refusent à voir, cela pourrait peut-être inverser pacifiquement les terrifiants chiffres des intentions de votes annoncés pour le deuxième tour
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Dans un deuxième temps, il sera peut-être temps de ressortir nos ghettos blaster poussiéreux pour rediffuser la bonne vieille musique hélas bien trop d’actualité, des très visionnaires Béruriers Noirs.

04 MAI 2007

Il y a quelques jours, je vous ai envoyé un message qui contenait (notamment) le courrier d’une amie à qui la délivrance d’un passeport avait été refusée parce qu’elle n’était pas en mesure de prouver la nationalité française de sa mère née à Mulheim, en Allemagne, en 1954. J’avais oublié de recopier l’objet de son mail, qui était : Aujourd’hui, je pleure.

Aujourd’hui, je ne pleure pas encore ; mais j’en ai envie.

Dans ce même mail, je vous avais écrit : « Il est peut-être nécessaire aussi de ne pas se contenter de transmettre ces informations aux seuls de nos amis convaincus, mais à la totalité de notre carnet d’adresse ». C’est ce que j’ai fait ; j’ai envoyé ces mails à mes amis, employeurs, ainsi que proches ou vagues connaissances ou collaborateurs. Aujourd’hui, j’en ai récolté les fruits. Malgré moi. Parce que des réponses, j’en ai eu.
A ce jour, 103 sondage ont donné Nicolas Sarkozy vainqueur à plus de 50%, ce qui fait donc que plus d’un français sur deux va lui donner sa voix. Dont certains de mes amis, c’était la charmante surprise que me réservait ma boîte mail ce matin.

[…] Il y a deux jours, je suis allée au stade Charléty pour assister au meeting de Ségolène Royal. Je n’ai pas ma carte du PS, je ne suis donc pas allée là-bas en tant que militante, mais en simple citoyenne.Je n’ai aucune envie de rentrer dans quelque détail que ce soit concernant cet événement, sauf un : l’ambiance. 60 000 personnes, de catégories sociales, d’âge et de couleur de peau différentes se sont rassemblées dans la sérénité, l’humour, le sourire et l’espoir. L’ambiance était bonne, familiale, conviviale. […] Par curiosité, j’ai regardé sur internet les images du meeting de Nicolas Sarkozy.
J’en tire une seule conclusion. La France est plus belle, plus métissée, plus chamarrée et plus engageante dans certains stades que dans d’autres.

Je ne sais pas où nous en sommes ; je vois juste où l’on se dirige.

J’habite dans le 10ème arrondissement de Paris, dans le quartier indien, au-delà des beaux quartiers et des immeubles haussmaniens. A quelques stations de métro de ce que certains nomment « la petite Istambul », celle où selon les mots de ce cher Nicolas, les turcs se marient entre eux, vivent entre eux, et ne s’intègrent pas. J’habite dans un des quartiers qui fait que Paris est une belle ville.
Il est clair que c’est compliqué de trouver un logement sur Paris. Grâce à certains de vous, ce problème sera bientôt derrière nous. Il va y avoir plein de place près de chez moi, soyez rassurés.

Aujourd’hui je ne pleure pas, je suis juste navrée. Et je garde mes larmes pour dimanche.
Aujourd’hui je ne me résigne pas. Parce que je garde mon énergie pour lundi.

Rappelez-vous de cette phrase du communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme : « Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ». Elle fait référence à une sombre période de l’histoire où sur le fronton des mairies on avait écrit « Travaillez plus pour gagner plus ». Pardon ! A une sombre période de l’histoire où sur les frontons des camps de concentration on avait écrit « Arbeit macht frei ». Excusez-moi pour la confusion, il est tard.

Je souhaite une bonne rentrée scolaire à tous les bambins qui se lèveront, je l’espère, à l’entrée de leur maître en classe (Philippe de Villiers aura au moins fait des émules).
J’embrasse très fort mon papa, avec qui j’ai regardé le débat hier, qui se rend au travail chaque matin à 5 heures dans un abattoir, et qui ne semblait guère ravi de devoir travailler plus, même si il ne rechignerait pas à gagner plus.
J’embrasse très fort ma petite cousine et filleule, qui du haut de ses 6 ans répondait il y a 15 jours à une petite demoiselle de son âge qui venait de lui dire « Moi j’aime bien Sarkozy », « Mais t’es folle, Sarkozy il veut même pas que les noirs ils viennent en France ». Cette petite fille est le délicieux mélange d’un papa français et d’une maman sénégalaise.
Je vous donne rendez-vous au tribunal, où nous nous croiserons sans doute pour faire valoir notre droit opposable à quoi que ce soit.
Je vous salue, avec une pensée émue pour les femmes sans papiers, battues, qui seront accueillies dans d’autres structures qu’à « Coeur de Femmes ».

Ce soir je ne pleure pas : J’ai « juste » peur, et j’ai honte.

5 MAI 2007

[…] Couvrez-vous bien car il ne fait pas chaud, et vos soins risquent de ne plus être remboursés.
Je croise les doigts pour que la devise Liberté – Egalité – Fraternité ne soit pas remplacée par Quand on Veut on Peut, et pour que les charters redeviennent seulement un moyen économique de partir en vacances.
Bonne chance à nous tous pour la dernière ligne gauche.

8 MAI 2007

Je passerais vite sur mon très instructif dimanche après-midi, passé sobrement à écumer des bars où l’on sentait déjà de façon prégnante une France décomplexée d’articuler certains propos longtemps murmurés ; où j’ai entendu des personnes qui disent désormais tout haut accoudés à un comptoir ce que leur nouveau président, plus malin qu’eux, ne s’autorise qu’à dire en petit comité et hors caméra.
Je passerais vite sur ce triste dimanche soir, passé par bonheur auprès d’êtres chers. Cette soirée partagée entre les larmes et des blagues débiles dont la palme revient à « C’est le Général qui avait raison, les Français sont des veaux ». A notre décharge, on dit souvent des conneries sous le coup de l’émotion, mais certaines aident à faire passer la pilule, et à se lever le lendemain.
Je passerais vite sur ce lundi morose où la météo a décidé de soutenir les 2è, 3è, 5è, 10è, 11è, 12è, 13è, 14è, 11è, 19è et 20è arrondissements de Paris, qui totalisent plus de sans-papiers, de logements vétustes, de misère et de gens qui ont du souci à se faire que les autres.

Car l’objet de ce message est tout autre.

Pour ceux qui ont reçu mes précédents courriers, c’est de ces mails que je vous ai envoyés dont je veux parler, qui par la magie de la sainte toile ont été transmis à beaucoup d’autres personnes.
Des réponses, je vous l’ai déjà expliqué, j’en ai reçues. Des tendres, des dures, des encourageantes et des insultantes.
Au cours de cette démarche, j’ai perdu quelques amis peut-être, de leurs initiatives ou de la mienne, et quelques employeurs c’est sûr. Ainsi va la vie.

[…] La seule chose que j’ai à dire à toutes ces personnes, et je n’y dépenserais pas davantage d’énergie, c’est que je n’ai pas cherché à faire de prosélytisme. En partant du constat que chercher l’information prend du temps, en prenant en compte que beaucoup ne consultent pas ou plus la presse, n’écoutent pas ou plus la radio, ou se contentent de ne confier qu’à un seul chroniqueur, éditorialiste, présentateur ou rédaction le soin de les aider à se forger une idée, j’ai essayé de centraliser des informations qui mettaient en exergue des contradictions ou des faits et propos scandaleux. J’ai jugé utile de relayer le fait que des organisations par essence apolitiques comme la Ligue des Droits de L’homme se sont prononcées, que des journalistes et personnes de la société civile (originellement de tous bords politiques mais unanimement respectables) en ont fait de même. J’ai fait cela parce que toutes ces prises de paroles ont une valeur et voulaient avoir une portée, et qu’en ce sens elles avaient le droit et le devoir d’exister comme de circuler. J’ai fait cela pour ne pas entendre ce « on ne savait pas » qui autorise tout, et a déjà tristement fait ses preuves dans l’histoire. Socrate, que j’ai découvert hier (comme quoi rien n’est jamais perdu), condamne l’ignorance. Moi j’aurais tendance à en faire de même lorsqu’on a tous les moyens à sa disposition pour l’éviter.
En n’omettant pas d’avoir toutes les réserves nécessaires à son endroit, j’aime néanmoins beaucoup cette phrase de Daniel Mermet « Nous sommes des imparfaits de l’objectif, mais chez nous au moins, c’est assumé« .
Selon moi, l’objectivité n’est qu’un leurre, sur ce genre de sujet en tout cas. Mon cadre familial, professionnel, mes origines sociales, mes amours, mes amis, mes chutes, mes efforts, les mains tendues et les claques reçues m’ont façonnée. Et ce, évidemment (objectivement, donc !), de manière partiale (subjectivement, donc !).
Mais le sérieux, en revanche, lui existe. Mes informations étaient sourcées, les liens disponibles et le contenu vérifiable.
Je n’ai pas refusé en bloc la critique ou la remise en cause, mais les messages tapés en language sms comme « de ttes facons, jfais pas de politique moi », ne m’intéressent guère. De même, je ne vous ais pas transmis les interventions de Yannick Noah ou de Bénabar, alors si c’est pour me transmettre celles de Roger Hanin ou d’Enrico Macias, je ne suis pas davantage intéressée.

Une charmante demoiselle que j’ai la chance de connaître, et avec qui j’ai eu l’honneur de pleurer dimanche soir, m’a écrit : « Comme beaucoup d’artistes, ça fait deux ans que je suis sortie du système de l’intermittence et que je suis obligée de travailler dans un bureau pour payer mon loyer et manger, alors quand j’arrive à jouer au théâtre, j’ai déjà l’impression de faire de la résistance ! Mais maintenant, je crois qu’elle commence vraiment la résistance ».
Oui, elle commence aujourd’hui. Solidaire et prometteuse, pacifiste et constructive.
Je n’ai pas de solutions, pas plus que vous. J’ai juste une proposition. Celle de mettre à votre disposition ma boîte mail pour y recevoir toutes les informations intéressantes, les témoignages, images ou quoi que ce soit d’autre qu’il vous semblera bon ou nécessaire de transmettre. Ex intermittente moi aussi, faisant donc aux yeux du nouveau gouvernement partie de la France qui se lève tard et qui n’en branle pas une, même si c’est loin d’être le cas, il me reste des bouts de journées ou de nuits pour constituer un carnet d’adresse, centraliser et capitaliser (pas au sens économique du terme) ces informations, les classer, les regrouper en dossier et les rendre plus lisibles et objectives en les suivant dans le temps.
Je ne sais pas quelle forme cela peut prendre, c’est à penser et discuter ensemble (même si le mot a désormais perdu de son charme et gagné une triste connotation, il faut continuer à l’utiliser pour qu’il ne perde pas de son sens et de sa beauté première). Je suis à votre disposition pour cela.

[…] Comme on est le pays des Lumières, par pur patriotisme nostalgique donc (j’anticipe mes détracteurs), je pense que le temps de l’éclairage est désormais venu, et qu’il est de salut (ré)public(ain).
Je vous embrasse de toute mon envie que ce dimanche ne ternisse pas trop vos jolis minois.