Le Sarkopithèque

LE SARKOPITHÈQUE A POUR BUT D’ARCHIVER PUIS DE RECOUPER LES INFORMATIONS ET RÉFLEXIONS RELATIVES AU CHEF DE L’ÉTAT, À SON GOUVERNEMENT ET À LEURS [MÉ]FAITS. Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République le 6 Mai 2007, jour de la Sainte-Prudence. Voyons-y un signe, et non un hasard.

Bakchich : Salut l’artiste ! 16.01.11

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Bakchich c’est fini…

 

Coincés dans un ascenseur avec Sarkozy 14.04.10

Illustration : Chappatte

Nils Minkmar, correspondant du Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (relayé par Courrier International), pointe l’étrange paradoxe d’un homme qui maitrise les nouvelles technologies de communication et se sent menacé par le plus vieux média du monde, la rumeur.

Dans le cas des rumeurs, la célèbre expression de ­Marshall McLuhan semble particulièrement adaptée : “le médium, c’est le message”. Ironie de l’histoire des médias, Nicolas Sarkozy, ce maître de la télévision en couleur, ce virtuose de l’image électronique qui a fait transformer le site Internet de l’Elysée en un portail vidéo ­entièrement dédié à sa personne, se sent menacé par le plus vieux médium de France : la rumeur. Et il a réagi comme un seigneur des temps anciens qui enverrait ses chevaliers bardés de fer lutter contre une invasion de sauterelles.

C’est un cousin français, que l’on ne peut pas vraiment considérer comme bien informé, qui m’a transmis la rumeur. “Tout le monde” à Paris parlerait d’un adultère parallèle, m’a écrit mon cousin : le président tromperait son épouse avec sa secrétaire d’Etat à l’Environnement, et Carla Bruni, elle, le tromperait avec le chanteur Benjamin Biolay. Mon cousin m’a raconté cela en janvier. A l’époque, personne n’avait couché la rumeur sur papier. A quoi bon ? La rumeur se suffit à elle-même. On la veut toute chaude, livrée personnellement par le bouche à oreille. Le scandale, c’est comme la photo d’une part de tarte : propre, précise, mais bien loin du vrai plaisir. Quant à savoir si la rumeur est effectivement fondée, on finira bien par l’apprendre un de ces quatre. Lancée à pleine puissance, une rumeur parisienne a en tout cas des implications symboliques et politiques qui sont tout sauf inoffensives. Nombre de livres ont été publiés par des spécialistes de l’histoire culturelle comme Robert Darnton et Arlette Farge, qui montrent comment les rumeurs de la capitale ont pu saper la loyauté envers la monarchie longtemps avant la révolution française de 1789. A l’époque moderne, Giscard, en particulier, a souffert de l’histoire des diamants africains. La rumeur a fait basculer l’image que l’opinion publique avait de lui. Brutalement, il a semblé dépassé, son avenir était désormais derrière lui.

Le médium de la rumeur est surtout efficace dans le camp de la droite, où l’on aime les présidents inaccessibles, qui peuvent être admirés tandis qu’ils s’occupent de leurs affaires tout en haut, au sommet de l’Etat, en laissant tranquilles leurs concitoyens. Lesquels ont déjà bien assez d’ennuis comme ça – pas la peine de partager en plus ceux du chef de l’Etat. Quand on s’entretient ces temps-ci avec des policiers et des commerçants en province, ils secouent la tête dès que le nom de Sarkozy est mentionné. Que l’on tombe partout sur des photos de la première dame nue est déjà pénible pour beaucoup de ses partisans. Qu’il ne se maîtrise toujours pas, qu’on le voie tout le temps à la télé, ça énerve aussi. Depuis plusieurs jours, la France a l’impression d’être coincée dans un ascenseur avec Sarkozy.

Le président a une tendance néfaste à confondre la vérité et sa représentation médiatique, ainsi qu’à se tromper de combat. Alain Genestar, ancien rédacteur en chef de Paris Match, a décrit dans un livre comment, en 2006, il avait perdu son poste à la suite de pressions de Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Il avait publié en une de sa revue une photo de Cécilia, épouse de Sarkozy à l’époque, en compagnie de son nouvel ami Richard Attias. “Tu m’as fait beaucoup de mal avec ça”, lui aurait dit Sarkozy au téléphone, comme si le cliché volé du couple était la cause de la liaison, et non sa conséquence. Ne pas publier le cliché n’y aurait rien changé. Pourtant, Genestar a perdu son emploi. Et, Richard Attias, aujourd’hui époux de Cécilia, se plaint que sa société, qui organise des galas et des sommets, ait perdu tous les marchés publics – non seulement avec Paris, mais aussi avec les Etats africains et arabes favorables à la France.

Dans le cas d’une rumeur, ce genre de vengeance est impossible. Cela n’a pas empêché Sarkozy d’essayer, d’où la pire crise de réputation de sa présidence. Ces malheurs sont personnifiés par Pierre Charon, son comparse et conseiller médiatique. Ce dernier a fait part à des journalistes de la fureur du président, le tout en termes belliqueux et cinglants, affirmant entre autres que toute l’affaire masquait un “complot international” de la finance, que la rumeur était considérée comme un “casus belli” et que l’on veillerait à ce que la peur “change de camp”. Un discours digne d’une cour de récréation, au lendemain de la diffusion d’un film sur la mafia à la télévision. Il est inquiétant de constater que l’entourage du président affirme disposer de preuves que Rachida Dati serait à l’origine de la rumeur. Citons Charon à ce sujet : “Voilà ce qui arrive quand on s’attaque à la Firme !” Charon et quelques autres, qui comme lui ne seraient rien sans Sarkozy, aiment se surnommer “la Firme”, ils ont tiré ça du roman de John Grisham [La Firme, 1991]. Puisque Charon parlait de preuve, on a pu penser que “la Firme” détenait plus que des témoignages ou que le téléphone de la politicienne, aujourd’hui députée européenne, avait été mis sur écoute. Sarkozy aurait ainsi suivi les traces de ses prédécesseurs. Cherchant à contrôler les rumeurs parisiennes sur sa fille adultérine, François Mitterrand avait fait placer sur écoute des journalistes, puis des amis au sein de son parti, puis de belles actrices, et pour finir près de la moitié de la ville. Mais il n’avait pas réussi à empêcher que circulent des rumeurs qui reflétaient la vérité.

Pendant que Paris perdait peu à peu la tête, Sarkozy est apparu sur son portail vidéo. Tout en noblesse et en distanciation, sur un plateau enneigé de Savoie où, le 8 avril, il a rendu hommage à Tom Morel, héros de la Résistance. On aurait dit une scène issue d’un rêve étrange. Dans un paysage de neige immaculée, Sarko marchait entouré de sapins, seul, détonnant avec son manteau bleu et ses chaussures de ville. De temps à autre, il haussait les épaules. “Les femmes, ça a toujours été son talon d’Achille. Mais il ne faut pas croire qu’il est fini. Il va reprendre le dessus. Même seul, parce que le spectacle doit continuer”, explique quelqu’un qui le connaît depuis plus de trente ans.

La seule chose que Sarkozy ne puisse pas faire, c’est se tenir à l’écart des médias et s’occuper de son “labyrinthe intérieur”, selon l’expression de son rival Dominique de Villepin, ce qui pourrait pourtant protéger son mandat du ridicule. Sarkozy en est convaincu, ce dont les médias ne parlent pas n’existe pas. Qu’adviendra-t-il de lui si c’est le Premier ministre que l’on voit sur tous les écrans ? Alors, il oscille devant des milliers de ­caméras entre les fantasmes de la ­toute-puissance et les angoisses de l’impuissance, il vocifère toujours plus contre les murmures dans l’opinion publique et pervertit l’Etat et les médias d’une nation pour en faire la thérapie de groupe d’un seul homme.

 

Arrêt sur Images : aujourd’hui j’arrête ! 09.02.09

pause

Dans l’affaire Kouchner Vs Péan (alias « Le Monsieur », dixit Sarkozy), on atteind des sommets…

Ce matin, je reçois dans ma boîte mail La gazette d’@rrêt sur images, n° 58. Ce sera la dernière. Ce lundi 9 février, je me désabonne. Voici la dite gazette :

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gazette

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« De grâce ne vous contentez pas de la fin de l’émission« . Pourtant, surlignés en jaune, les propos qui s’y réfèrent et y invitent sont nettement plus nombreux que ceux concernant « la première partie« . La méthode Schneidermann a toujours été celle-ci : la présence de [pseudo] révélations autorise le racolage sauce TF1. J’avais fini par boycotter la version télé de l’émission. J’ai espéré que loin de la pression de l’audimat, le site ne tombe pas dans le même ecueil. Las : je prend le même chemin avec la version internet.

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Voici la vidéo :

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Ci-dessous, la retranscription de l’échange. « Ce n’est pas une raison pour ne pas poser les questions » nous dit Daniel Schneidermann. « Vous jugerez« . À vous de juger, donc,  si l’interview ne prend pas de faux airs d’interrogatoire :

D.S : « Cosmopolistisme, c’est un mot qui a été extrêmement  fréquemment utilisé par les antisémites des années 30 pour désigner la finance cosmopolite, les banquiers cosmopolites, la ploutocratie cosmopolite. J’imagine que vous connaissez ça par coeur puisque vous vous êtes intéressé à cette période. Pourquoi avoir utilisé des mots comme celui-ci ? Puisque, vous m’avez dit là en arrivant que vous étiez extrêmement blessé par les imputations d’antisémitisme qui vous sont faites depuis la sortie du livre. Pourquoi frôler la ligne jaune ?« .

P.P : « Écoutez, je me retrouve dans une position d’accusé. J’ai utilisé ce mot comme j’aurais utilisé ce mot d’universalisme« .

D.S : « C’est pas la même chose ! Vous êtes écrivain Pierre Péan, vous connaissez le poids d’un mot plutôt que d’un autre. Par exemple, le mot cosmopolitisme vous connaissez son utilisation des années 30 ? »

P.P : « C’est pas parce que ce terme a été dévoyé pendant quelques années effectivement par une extrême-droite antisémite, surtout à la fin des années 30 et au début des années 40, que… Ce que vous laissez entendre, c’est qu’on ne peut plus utiliser ce mot. »

D.S : « On fait attention, on est écrivain, donc on fait attention aux mots qu’on choisi. Est-ce que au moment où vous l’utilisez, vous le couchez par écrit dans votre livre, est-ce que vous vous dites… Vous ne pressentez pas ? »

P.P : « Ben non, sinon sans ça, si je l’avais pressenti… Et tous les gens qui l’ont lu non plus. C’est sûr que voyant tout ce que j’entends, là, depuis quelques jours, je le réécrirai, je ne réécrirai plus la même chose. Parce que c’est évidemment pas dans ma tête… à un quelconque moment, pensé antisémitisme« .

D.S : « Si vous deviez réécrire le livre aujourd’hui… »

P.P : « J’enlèverai le mot, évidemment ! Quand je vois l’impact de ce mot… Je l’enlèverai, voilà. »

D.S : « Bon, écoutez. Que vous dire ? Je ne suis pas dans le secret de vôtre âme. Mais s’agissant d’un écrivain, d’un enquêteur chevronné, il y a des imprudences de plumes qui laissent un peu sans voix. »

P.P : « Et qui sont, si je vous entend bien, révélatrices? »

D.S : « J’en sais rien, je ne conclut pas, je ne suis pas dans le secret de vôtre âme. »

Pierre Péan met fin à l’entretien.

.LeL

Les preuves apportés par Pierre Péan dans son ouvrage, parce qu’elles sont nombreuses,  ne permettent pas vraiment à Bernard Kouchner de se défausser en plaidant non coupable. Au lieu de nier les faits en bloc, il est donc plus simple de jouer, quasi la larme à l’oeil, la carte de l’attaque antisémite. Les médias, chaque jour davantage à la botte du gouvernement, sautent allègrement sur l’occasion, et Arrêt sur Images avec eux. Mais comme le suggère Stéphane Guillon : « avec toutes ces conneries, il ne faudrait pas laisser filer les vrais antisémites comme Dieudonné ou fermer les yeux sur les vraies trahisons comme fricoter aver Omar Bongo quand on fait de l’humanitaire« .

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Au sujet de Daniel Scneidermann :

À voir (ou revoir) : Enfin Pris ?, un film de Pierre Carles.

 

Au passage… 17.01.09

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Sarkozy souhaite supprimer le juge d’instruction. Et comme le dévoile arretsurimages.net, quand France 2 interroge des avocats pour évoquer la mesure, elle interview Thierry Herzog. Lequel ne se contente pas d’être un chaud partisan du projet, puisqu’il est aussi l’avocat privé… du justiciable Sarkozy Nicolas.

France 2 ne le précise pas. Comme elle n’a pas non plus précisé la semaine précédente que le médecin partisan de la réforme Bachelot de l’hôpital… est aussi secrétaire national de l’UMP. L’ORTS est en marche !

 

Journalisme Compétent 20.12.08

En quittant ses fonctions de président de l’UE, Nicolas Sarkozy a remercié les journalistes européens : « C’était un plaisir de travailler avec vous. Il n’est pas forcément plus difficile d’avoir affaire à des journalistes compétents« .

Source : Marianne du 20 décembre 2008.

 

Naissance de MediaPart 16.03.08

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Le site d’information MediaPart (www.mediapart.fr) sera lancé ce dimanche 16 mars à 13 heures. A l’origine du projet : Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde, et trois journalistes – François Bonnet, ancien chef du service international au Monde, Gérard Desportes, ancien de Libération et de La Vie, et Laurent Mauduit, ancien rédacteur en chef au Monde. Une trentaine de personnes, dont 25 journalistes, ont décidé de tenter l’aventure.

MediaPart a d’ores et déjà réuni 2,9 millions d’euros, montant qui, selon les fondateurs du site, doit être porté à 3,7 millions au printemps, au sein de la Société éditrice de MediaPart. Le capital est réparti entre les fondateurs (60 %) et les investisseurs et amis (40 %). Une structure capitalistique de nature, selon M. Plenel, président et directeur de la publication de MediaPart, à « garantir l’indépendance » du site. Plusieurs des fondateurs ont investi à titre personnel, certains en empruntant, d’autres en utilisant leurs indemnités de départ des titres qu’ils ont quittés pour rejoindre MediaPart.

Contrairement aux sites d’information rue89 (www.rue89.com), ou Bakchich (www.bakchich. info), fondés sur la gratuité, MediaPart fait le pari d’un modèle payant. « Le point d’équilibre est de 65 000 abonnés en année trois », explique M. Plenel. « Notre objectif était d’atteindre 3 000 abonnés lors du lancement, nous en aurons 3 500 dimanche, et nous visons 5 000 fin mars, et entre 20 000 et 25 000 à la fin de la première année », poursuit-il. M. Plenel croit au modèle économique, convaincu que « toute logique d’information de qualité repose sur un public qui s’identifie au média dont il devient l’auditeur ». Le prix de l’abonnement mensuel varie de 5 euros (pour les étudiants, chômeurs…) à 9 euros (tarif normal), ou 15 euros pour un abonnement de soutien.

Partant du constat d’une « crise de l’information en France », ce site se revendique comme un journal complet – « car c’est un journal », affirme M. Plenel – qui comportera trois éditions quotidiennes (9 heures, 13 heures et 19 heures), « fondé sur une logique de plus-value, avec une large place donnée aux lecteurs ».

Source : Le Monde (Article de Pascale Santi)

LE PROJET

Le journal en sept questions

1. Quelle ambition éditoriale ?
2. Quelle différence avec les médias en ligne existants ?
3. Pourquoi un modèle économique payant ?
4. Quels sont les besoins de financement ?
5. Comment est garantie l’indépendance ?
6. Comment sera composée l’équipe ?
7. Quel est le calendrier du lancement ? (more…)

 

TF1, l’Élysée et la publicité : petits arrangements entre amis 08.03.08

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TF1 avait demandé à l’Elysée la suppression de la publicité sur les chaînes publiques fin 2007.

TF1 avait plaidé fin 2007 auprès des pouvoirs publics pour la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, avant que le président Nicolas Sarkozy n’annonce cette mesure début janvier. Cette demande figurait dans un livre blanc que le groupe a remis à l’Elysée quelques semaines avant l’annonce du président Sarkozy, rapporte, vendredi 7 mars, le quotidien Les Echos.

Le financement du service public « uniquement par des fonds publics » figure en quatrième position parmi les huit propositions du livre blanc de TF1, rapporte le quotidien. Citant en exemple le modèle britannique, le groupe de Martin Bouygues fait valloir que cette mesure « aurait le mérite d’assainir le marché publicitaire, soumis enfin aux seules lois de l’offre et de la demande ». Aux yeux de TF1, les chaînes publiques opèrent « une ponction très significative sur le marché publicitaire » et « mènent une véritable politique de dumping, entraînant une pression artificielle à la baisse du coût des écrans », tirant l’ensemble du marché publicitaire vers le bas.

Le 8 janvier, jour de l’annonce de Nicolas Sarkozy, l’action de TF1, qui devrait être le principal bénéficiaire de cette mesure au regard de sa part de marché prépondérante, avait bondi de 9,47 %. « Très vite, la chaîne a cherché à corriger l’image d’un « cadeau » qui lui serait ainsi fait par le président de la République », expliquent Les Echos. Le 27 février, le principal actionnaire de la chaîne, Martin Bouygues, avait ainsi assuré avoir « découvert » l’annonce présidentielle lors de sa conférence de presse.

LeMonde.fr, 07.03.08

 

Le joli cadeau de Nicolas à Christine 20.02.08

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Le président du directoire de France 24, Alain de Pouzilhac, présidera la future société France Monde, qui réunira les participations de l’État dans les chaînes de radio et de télévision publiques RFI, TV5-Monde et France 24, annonce l’Elysée.
La journaliste Christine Ockrent, femme du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, devrait en devenir la directrice générale, ajoute l’Élysée dans un communiqué :

« Le président de la République charge M. Alain de Pouzilhac (…) de préparer la constitution d’une société holding dénommée France Monde, destinée à réunir les participations de l’Etat dans RFI, TV5-Monde et France 24 », peut-on lire. « M. Alain de Pouzilhac a vocation à présider cette nouvelle entité, qui sera investie de la mission de moderniser et de dynamiser l’audiovisuel extérieur public français et francophone », ajoute l’Elysée. « Mme Christine Ockrent en serait nommée directrice générale. » (more…)

 

Sarkozy et Chirac : L’égo en Chaîne 03.02.08

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Télévision : Sarkozy veut faire joujou avec France 24. [Article de Marc Endeweld – Bakchich 02.02.2008]

Alors que Sarkozy veut imposer « sa » chaîne de télé internationale, « Bakchich » ausculte France 24, la « CNN à la française » voulue par Chirac. Une chaîne ovni, s’appuyant sur TF1 alors qu’elle est à 50% publique…

Patatras. C’était le 8 janvier dernier. Lors de sa conférence de presse, Nicolas Sarkozy a refroidi en quelques phrases les ardeurs de la toute jeune France 24. Le président souhaite en effet qu’une nouvelle chaîne publique à vocation internationale appelée France Monde, regroupant dans une holding TV5 Monde, France 24 et Radio France Internationale (RFI), « soit créée cette année et qu’elle ne diffuse qu’en français ».

Séquence 1 : le caprice de Chirac…

Pourtant depuis avril, France 24, « la CNN à la française » voulue par Jacques Chirac, diffuse ses programmes en français, et aussi… en anglais, en arabe, et bientôt en espagnol. À peine lancée, il y a un peu plus d’un an, cette chaîne « internationale » a réussi ce tour de force avec 170 journalistes seulement, ce qui peut expliquer certaines concessions quant à la qualité de l’information (nombreux plateaux et interviews, peu de reportages avec des équipes de la chaîne). Récemment, des diplomates ont déploré « la piètre qualité » des programmes du canal arabe. Bref, une info « low cost » qui coûte tout de même 80 millions d’euros environ par an aux contribuables français [1], qui ne peuvent même pas regarder la chaîne sur la TNT [2]. Au moins, Christine Ockrent, elle, s’en satisfait : la journaliste gagne grâce à France 24 la somme rondelette de 120 000 euros par an pour un modeste billet hebdomadaire(more…)

 

Zéribi suspendu de RMC 31.01.08

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Le maire de Marseille et candidat aux municipales Jean-Claude Gaudin est intervenu personnellement auprès de Alain Weill, le patron de RMC info pour demander la suspension d’antenne de Karim Zeribi de l’émission des Grandes Gueules. Zeribi est en effet porte-parole du candidat PS à Marseille Jean-Noel Guérini. Zeribi est néanmoins maintenu à l’antenne jusqu’au 9 février, date d’ouverture officielle de la campagne des municipales. Avant le 9, Zeribi a reçu la consigne de s’abstenir de parler de la cité phocéenne. Peuchère en voilà des manières.

Source : Bakchich

 

Le Figaro, Sarkozy et Dassault

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Article de Augustin Scalbert (Rue89)

Tout juste mis en ligne, le site Haut Courant livre une petite information qui risque de faire jaser dans le microcosme politico-médiatique : un directeur adjoint de la rédaction du Figaro dit tout haut ce que tous les titulaires de la carte de presse pensent tout bas. A savoir, que son président – Serge Dassault – considère ce journal comme une vulgaire feuille de propagande, et que notre Président – Nicolas Sarkozy – n’a pas une grande affection pour les journalistes.

Il s’agit d’Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du vénérable quotidien conservateur, aujourd’hui dirigé par Etienne Mougeotte. Lors d’une conférence organisée à Montpellier le 17 janvier sur La liberté de l’information en France et à laquelle participait aussi Edwy Plenel (fondateur de Mediapart), le journaliste a renvoyé Nicolas Sarkozy et ses prédécesseurs à leur triste condition de censeurs :

« Je crois que Nicolas Sarkozy n’est pas plus censeur que ses prédécesseurs, qui l’étaient tout autant que lui. Je crois simplement que Nicolas Sarkozy, peut-être un peu plus que les autres, n’aime pas les journalistes. Mais pas du tout. Et qu’on a du mal à l’accepter. Il déteste les journalistes. Nous sommes des empêcheurs – j’espère qu’on est ça – des empêcheurs de tourner en rond » .

Quant au propriétaire du Figaro – et sénateur UMP de l’Essonne -, Serge Dassault, « il a un but militant » , selon Yves Thréard : « Monsieur Dassault a un journal pour faire oeuvre de militantisme politique. » Là non plus, ce n’est pas un scoop. Ce qui en est un en revanche, c’est que ce genre d’information soit confirmée, en public, par un journaliste du quotidien.

Haut Courant est un site d’information créé et animé par des étudiants en master 2 de journalisme à l’université de Montpellier I. L’expérience a vocation à être maintenue par les promotions suivantes.

 

Madame, Monsieur, Bonsoir…

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Quand Claire Chazal oublie de cacher sa coupe de champagne, certain soir d’élection.
Article de Sylvain Marcelli – 29.01.2008

Allo ? ça te dit un petit tour en Lozère ?
– Pourquoi pas… De quoi on parle ?
Trois minutes sur le dépeuplement de la campagne.
– Banco ! J’en ai déjà tourné un dans les Hautes-Alpes, pour le 20 heures. Il nous faut un cul-terreux, un qui sache pas qui prendra sa succession, et une agence immobilière qui vend aux Anglais « le bonheur est dans le pré ». Si on a le temps, un épicier qui s’apprête à fermer because la grande surface.

Ce dialogue révélateur, qui n’étonnera pas ceux qui s’égarent parfois devant les JT de TF1, est tiré de Madame, monsieur, bonsoir…, un pamphlet écrit par cinq journalistes anonymes, salariés de la chaîne privée (édité par Panama). Autant le dire tout de suite : l’ouvrage n’est ni très bien ficelé (ce n’est pas une enquête) ni très bien écrit (ce n’est pas du Saint-Simon, dommage ça pourrait). C’est une charge, parfois drôle, souvent cruelle, contre les stars du journal le plus regardé d’Europe – la triplette Pernaud, Chazal et Poivre.
Tout cela n’étant bien sûr qu’infâme calomnie : PPDA a répondu aux auteurs de ce livre (qu’il avoue pourtant ne pas avoir encore lu) dans les colonnes d’un journal belge : « Je pense que ceux qui me connaissent savent quoi en penser. »

Champagne pour le président

Certes, le spectacle de la connivence politique n’étonne guère dans un pays où une journaliste couvrant la campagne d’un candidat – pour le Point, cette Pravda de droite – peut devenir sa conseillère dès l’élection gagnée. Mais quand la compromission s’étale avec autant de bêtise, elle suscite indéniablement un regain d’intérêt. Cette anecdote est l’une des plus cruelles du livre. Le soir de l’élection de Nicolas Sarkozy, « le champagne coule à flots depuis 18h30. (…) Sur le plateau, Claire [Chazal] et Patrick [Poivre d’Arvor] ont voulu également se joindre à la fête et n’ont pas attendu 20 heures pour déboucher le champagne, sous le nez de dizaines de techniciens éberlués par autant d’indécence. C’est ainsi qu’une coupe oubliée sur le pupitre de Claire apparaît à l’écran… »

Plus intéressant encore, le récit d’un échange entre Nicolas Sarkozy et un rédacteur en chef coupable, selon le grand chef UMP, d’avoir diffusé, en août 2006, un reportage trop compatissant à l’égard des sans-papiers de Cachan. « C’est une honte d’avoir laisser passer ce sujet… » dit le ministre de l’Intérieur. « Je n’ai pas de leçon à recevoir d’un homme politique » ose le journaliste. Que se passe-t-il alors ? « D’un air gêné, les dirigeants de la chaîne s’éclipsent quelques mètres plus loin, laissant leur salarié défendre seul l’indépendance de la chaîne – et Dieu sait qu’il y a du travail. »

L’absence de contre-pouvoirs

Véritable bombe pour TF1, ce livre est l’expression d’un malaise profond qui mine la rédaction depuis des années. Il s’ouvre sur le récit d’un séminaire de réflexion interne qui tourne au règlement de comptes : « Infantilisation, caporalisme, cadences infernales, perte de sens, tout y passe. » Les reproches fusent. Celui-ci, révélateur : « Impossible de faire comprendre en reportage que le sujet pour lequel on est parti ne tient plus ; on nous rétorque à chaque fois qu’il est déjà inscrit au conducteur ou que le 20 heures (personne n’ose prononcer le nom de Patrick) y tient beaucoup. »

Madame, Monsieur, bonsoir illustre de manière crue l’isolement des journalistes face aux tenanciers de la maison Bouygues, les Mougeotte (parti depuis au Figaro), Namias et compagnie. Ses auteurs déplorent avec raison l’absence de lieux collectifs pour protester, s’exprimer, prendre position : la société des journalistes a disparu corps et âme à TF1. (Tout comme d’ailleurs le service étranger…) Or, dans une entreprise de presse, comme dans n’importe quelle autre entreprise, l’absence de prise de parole collective des salariés laisse le champ libre à la direction. Mais, qu’on se rassure, tout n’est pas si noir. PPDA l’a dit en conférence de rédaction : « Je suis garant de l’indépendance de la maison. Je défie quiconque de savoir pour qui je vote ! » Nicolas Sarkozy a sans doute une petite idée sur la question : selon notre chef suprême, « la presse française est globalement de gauche ».

 

Le choix des mots, le flop des photos 23.01.08

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Avant //www.aber.ac.uk/media/Documents/S4B/Images/paris_match.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs. Après https://i0.wp.com/img134.imageshack.us/img134/268/copiedesarkozyparismatccy9.jpg

Le magazine Paris-Match va abandonner son célèbre slogan, « Paris Match : le poids des mots, le choc des photos » pour une pub beaucoup plus morne : « Paris Match : la vie est une histoire vraie ». C’est vrai que Christine Lagarde qui fait ses courses ou Rachida Dati en petite robe rose, ça impliquait des réformes en profondeur ! Source : Backchich

 

France Télévision : fin de la pub, mais à quel prix ? 13.01.08

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La BBC (télévision publique anglaise), maintes fois donnée en exemple ces derniers jours, fonctionne sans publicité. À quel prix ? Une redevance gonflée, une participation accrue de l’état, une perte de qualité des programmes et un plan de licenciement massif. Ça laisse rêveur.

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Comment combler le manque à gagner de la pub ? Revue des scénarios.

Article de Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts – Liberation.fr – Vendredi 11 janvier 2008

Mercredi 31 décembre 2008, 23h59, France 2. La diffusion du «Grand cabaret sur son 31» s’achève dans la liesse et les flonflons. Patrick Sébastien entonne un dernier «Petit bonhomme en mousse», passe l’antenne à la messe de minuit et là: drame. Impossible pour le téléspectateur d’aller faire pipi : on est le 1er janvier 2009 et il n’y a désormais plus de pub sur France Télévisions. Mardi, Sarkozy annonçait l’affaire tout à trac suscitant de nombreuses questions.

Qui va compenser la perte financière ?

Nicolas Sarkozy a emprunté, une fois n’est pas coutume, l’idée à la gauche, piochée dans le programme électoral de Ségolène Royal : le manque à gagner de 800 millions d’euros (les recettes publicitaires de France Télévisions en 2007) proviendra, a annoncé le Président mardi, d’une taxation de la pub des chaînes privées. Et aussi, a-t-il ajouté, d’une taxe «infinitésimale» prélevée sur le chiffre d’affaires des opérateurs internet et de téléphonie mobile. Lequel chiffre d’affaires est plus que grassouillet : en taxant les télécoms à 1 %, ce sont 300 millions d’euros qui iraient dans la poche de France Télévisions. Mais ça ne fait pas le compte et il faudra que TF1, M6 et Canal + mettent la main au portefeuille. Du moins si Sarkozy tient sa promesse de compenser intégralement la perte publicitaire. (more…)

 

Grâce à Sarkozy, TF1 se porte comme un charme 10.01.08

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Le livre explosif qui inquiète Tf1 08.01.08

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Panama publie le 10 janvier « Madame, Monsieur, Bonsoir… » Les dessous du premier JT de France. Un document signé Patrick Le Bel, un pseudonyme qui cache un collectif de cinq journalistes de TF1. L’ouvrage raconte la vie quotidienne au sein du service information de la première chaîne, révélant le fonctionnement dictatorial et la paranoïa ambiante de la rédaction.

Le secret a été bien gardé, le livre présenté aux libraires sous un faux titre lors des prospections avec un argumentaire assez vague, pour préserver le sujet et l’anonymat.

Tiré à 25 000 exemplaires dont 20 000 sont déjà mis en place, l’ouvrage dévoile les coulisses de la rédaction de la première chaîne. Comment sont fabriqués les journaux télévisée, quelle masse d’informations y est brassée, quelles pressions sont exercées… tout y passe.

Mais le livre écorne particulièrement l’image du présentateur vedette Patrick Poivre d’Arvor en relatant ses violentes colères. « Il est très difficile d’avoir des informations de l’intérieur de TF1, une chaîne particulièrement bunkerisée », explique Marc Grinsztajn, leur éditeur chez Panama qui ne veut rien révéler avant que le livre soit en librairie.Aucune épreuve n’a été distribuée, aucun extrait ne sera diffusé avant parution à l’exception des trois que publie Le Parisien dans son édition du 8 janvier : le premier raconte le soir de l’élection de Nicolas Sarkozy et le champagne qui coule à flot dès 18 h 30 pour fêter sa victoire; le deuxième, la conférence de rédaction et l’attente de PPDA pendant une heure par 500 employés ; le troisième les interventions de Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur auprès des dirigeants de la chaîne au moment de l’affaire des sans-papiers de Cachan pour qu’on lève le pied sur ces reportages.

http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=1302

Désolé pour la disparition de cette vidéo, il faut croire que TF1 a le bras long…

 

Jean-Pierre Pernault, ministre du 13 heures 19.11.07

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tele.jpg http://www.flickr.com/photos/txd/5877719/

A chaque grève son héros. En 1968, ce fut Daniel Cohn-Bendit. En novembre 2007, c’est dit, ce sera Jean-Pierre Pernaut, présentateur du 13 heures de TF1 et farouche défenseur de la veuve et de l’usager torturés par les grévistes privilégiés. Depuis lundi, Pernaut bout. Il grommelle, fait des mines et lève les sourcils. Certes, il est comme ça, Pernaut, mais tous les JT sont de la partie, accumulant les poncifs, balayant la pédagogie, relayant sans barguigner la parole gouvernementale. Au point que, chez les grévistes, on se met à virer des AG télés et journalistes. Récit d’une semaine de JT de grève.

LA GALERE.

Je suis… Je suis… Top : je suis un bâtiment de guerre, long et étroit, à un ou plusieurs rangs de rames en usage dans l’Antiquité… Je suis ? La galère, bien sûr. Les JT n’ont que ce mot-là à la bouche, entendu des dizaines de fois. Lundi, au sommaire du 20 heures de France 2, « galères en prévision ». Quelques instants plus tard, c’est « une journée galère » qui se dessine. L’image est la même mardi sur TF1 à 13 heures : « Pour demain, prophétise Pernaut, on nous annonce du mauvais temps partout avec de la neige, du froid, de la pluie et du vent, un jour de galère donc pour des millions d’usagers des transports en commun ». Tandis que son collègue PPDA débite de la « galère en perspective ». Pas raté : dans la nuit de mardi, « la galère a commencé » sur i-Télé. Chez les voyageurs, très étonnamment, c’est la galère, ainsi que la perspicace Audrey Pulvar de France 3 le remarque : « Quelle galère ! » On relèvera cette fine analyse par un anonyme jeudi de la situation des transports : « Entre le métro où c’est regalère et le train où c’est galère-galère ».

L’USAGER.

Et qui rame dans la galère ? Point de « voyageurs » ou de « passagers », mais, systématiquement, des « usagers », masse grondante et floue. A la télé, ils sont rois, victimes « résignées » (selon PPDA) de la grève « dure, dure surtout pour les usagers », clame David Pujadas, en ouverture du 20 heures de France 2 mardi. Et on le défend, l’usager. Ainsi Jean-Pierre Pernaut fulminant jeudi : « Troisième jour de galère pour les usagers qui, eux, n’ont pas le choix et doivent travailler jusqu’à 65 ans, et tous les matins. » Car, souligne-t-il mardi à l’appui de sa ligne éditoriale, « plusieurs sondages viennent confirmer l’hostilité des Français à cette nouvelle grève ».

Alors on tend sans cesse le micro à l’usager afin qu’il puisse, sans crainte ni honte, s’exprimer. Plaintif : « Y en a marre, on nous prend en otage, qu’ils aillent prendre l’Elysée en otage ! » (France 2, mardi à 20 heures). Revendicatif : « Faut que la France se rende compte qu’il y a des réformes qui doivent être faites » (même JT, même chaîne). Menaçant : « On va aller voir les grévistes, on va leur taper dessus » (TF1, mercredi à 20 heures). Parfois, l’usager s’organise : ainsi l’Association des usagers des gares a-t-elle eu droit à trois reportages en deux jours sur TF1 ! Emporté par son enthousiasme, PPDA annonce que l’association vient de se créer « face à cette nouvelle grève ». Et qu’importe si, dans le reportage, on apprend qu’elle existe depuis 17 ans…(1) Quand il est étudiant, l’usager devient un « antiblocage », en opposition aux « bloqueurs ». Là aussi, il s’organise contre les grévistes, désignés par Jean-Pierre Pernaut sous le patibulaire vocable d’« individus » (qui ont bien mérité une volée de CRS à matraque). Chez l’antibloqueur, en revanche, «les points de vue sont nuancés » (Pernaut, toujours). Et « les étudiants distribuent des tracts, qu’on soit de gauche ou de droite ». Pas grave si l’un d’eux, interrogé par la suite, est encarté à l’UNI, le très droitiste syndicat étudiant.

LA DEBROUILLE.

Surtout, l’usager est débrouillard. A chaque édition de chaque JT, une nuée de sujets sur « mon usager, mon plan B » ou, variante, « la famille Usager s’organise ». Dimanche soir sur France 2, on filme une femme qui achète des mandarines sur un marché. Commentaire du journaliste : « Le plein de vitamines avant une semaine qui s’annonce très sportive. » Lundi et mardi, les JT alternent les reportages entre vélo, fidèle compagnon de l’usager, et covoiturage. Mercredi soir, dans un même élan, tous nos courageux usagers dorment dans les endroits les plus hétéroclites : les salariés d’un hôtel à l’hôtel (« largesse d’un patron compréhensif » pour TF1 et « l’hôtelier sympa Bruno qui accorde une faveur à son personnel » sur France 2), des infirmières à l’hôpital, et, trouvaille de la Deux, des employés d’une agence d’événementiel… dans une yourte sur le toit du bureau. Ils en sont tellement contents chez France 2, de leur yourte, qu’ils y sont revenus jeudi !

QUELLE GREVE ?

Au fait, c’est quoi, cette grève ? Qui ne s’est informé que devant les JT de la semaine n’en a aucune idée. Les journaux s’entament tous par un sujet sur le trafic, poursuivent avec nos usagers usés, quelques réactions gouvernementales ou syndicales de pure forme, mais d’explication du mouvement, point. Ou si peu. Ou si mal. Outil favori : la comparaison. Lundi soir, France 2 aligne un chauffeur de la RATP face à une conductrice d’une société privée à Rennes. Laquelle juge que « les conditions de la RATP en conduite et en stress sont pires que les nôtres ». Sauf que Pujadas a d’emblée planté le décor : les deux « font le même travail ». Le même soir, PPDA fait son pervers. « Revenons sur les revendications des grévistes », susurre-t-il avant de balancer un sujet en forme de foutage de gueule qui compare les cheminots d’aujourd’hui avec ceux du début du siècle dernier, à grands renforts d’images en noir et blanc de charbon qu’on enfourne dans la bête humaine ! Le lendemain, c’est un conducteur de la RATP que suit TF1. Son salaire ? 2 300 euros. La Une le donne en brut, ça fait plus.

PORTE-PAROLE.

« La mobilisation syndicale se heurte à la volonté très claire du gouvernement de créer un système plus équitable de retraites, c’était dans le programme de Nicolas Sarkozy, il a été élu en partie pour ça. » Non, ce n’est pas du François Fillon, ni même du Xavier Bertrand, mais du Jean-Pierre Pernaut, ministre du 13 heures de TF1. Ça suinte de tous les sujets, de la hiérarchisation des JT, des mots choisis : la télé roule contre la grève. « La France peut-elle être réformée ? » se désespère Laurent Delahousse dimanche sur France 2. Quant à l’ineffable Jean-Marc Sylvestre, mercredi à 13 heures sur TF1, il sait : « Les syndicats ont compris que l’opinion publique ne les suivrait pas dans leur opposition systématique à une réforme in-con-tour-nable. » Et celle-là : « Notre obsession, c’est que les usagers soient le moins pénalisés par cette grève. » Non, cette fois, ce n’est pas un aveu de PPDA, de Pujadas, ni même de Pernaut, c’est du Fillon. Depuis une semaine, des millions de téléspectateurs – cinq millions pour Pujadas, sept millions pour Pernaut, près de dix millions pour PPDA – entendent les JT et le gouvernement leur parler le même langage en stéréo.

Article de Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts publié sur Libération.fr : http://www.liberation.fr/actualite/ecrans/291977.FR.php

(1) Un article et des vidéos autour de cette association et de l’utilisation qu’en font les médias sur le site d’Arrêt sur Images http://arretsurimages.net/post/2007/11/15/Les-usagers-en-colere-du-pain-beni-pour-le-20h-de-TF1

 

Sarkozy annonce aux Echos le nom de leur patron 18.11.07

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Article Publié par Lors d’une rencontre à l’Elysée avec des journalistes du quotidien, le Président a annoncé la nomination de Nicolas Beytout.

Vendredi soir, Palais de l’Elysée. En pleine semaine de grève, le président de la République reçoit le directeur de la rédaction Erik Izraelewicz des Échos, et quelques membres de la rédaction en chef du journal. Ceux-ci s’attendent à ce que le Président discute de la semaine sociale, du pouvoir d’achat…

Mais très vite, ce dernier met la discussion sur un terrain plus sensible, pour ses visiteurs: le rachat du premier quotidien économique français par le milliardaire Bernard Arnault, une opération contre laquelle ceux-ci se battent depuis le début de l’été.

Erik Izraelewicz et ses collègues n’en croient pas leurs oreilles. D’un ton cassant, Nicolas Sarkozy leur déclare qu’ils sont idiots de refuser le rachat, qui a été annoncé le 5 septembre: Bernard Arnault, leur explique le président, est un homme très bien, et « il va investir » dans leur journal… (more…)

 

Vente des « Echos » à LVMH: le silence des politiques 06.11.07

Filed under: < Medias — eilema @ 11:23

L'image “https://i0.wp.com/www.michel-edouard-leclerc.com/blog/m.e.l/archives/img_blog_echos_tribune_2606.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

Des journalistes qui manifestent devant l’Assemblée nationale, des journalistes en grève qui empêchent la parution du quotidien économique « Les Echos »… Que se passe-t-il dans l’univers des médias ? Ce n’est pas d’augmentations de salaire qu’il s’agit, mais de la défense d’un principe : l’indépendance des rédactions.

L’enjeu est illustré par la coincidence, lundi, entre une journée d’action en faveur de l’indépendance de la presse, et le rachat des « Échos » par l’homme d’affaires Bernard Arnault. Les syndicats de journalistes sont allés demander hier aux députés de doter les rédactions d’un statut juridique permettant de garantir leur indépendance. Au même moment, Bernard Arnault concluait le rachat des Echos au groupe britannique Pearson, malgré l’opposition de la quasi totalité des journalistes qui produisent le premier quotidien économique français. Ceux-ci redoutent les conflits d’intérêt avec le propriétaire du groupe LVMH dont les activités couvrent la plupart des secteurs qu’ils suivent dans leur journal.

Le débat monte depuis des mois, voire des années. Il y a bien une exception française par rapport à nos voisins européens : les principaux médias écrits et audiovisuels de ce pays appartiennent à une poignée de grands groupes qui dépendent, pour une bonne part, des commandes de l’État. Là où dominent en Allemagne ou en Angleterre, des groupes dont la presse est le coeur d’activité, on trouve en France des propriétaires de médias qui font aussi des grands travaux publics, des avions ou des armements, secteurs où le poids de l’Etat est prépondérant. Que les patrons de ces groupes soient aussi des amis personnels ou politiques du nouveau président de la République contribue à brouiller le débat.

L’histoire du dernier siècle a été celle de la conquête et de la consolidation de la liberté de la presse dans ce pays – par rapport au pouvoir politique, mais aussi par rapport à celui, non moins intrusif, de l’argent. Il y va de l’exercice de la démocratie, du droit des citoyens à disposer d’une information non soumise aux intérêts des propriétaires de médias. D’où la proposition de doter les rédactions d’un statut juridique, de créer une muraille entre le capital et les journalistes, de réaffirmer, aussi, des règles déontologiques trop souvent ignorées. Le Forum des Sociétés de Journalistes, une nouvelle forme d’organisation morale des rédactions, a émis des propositions en ce sens, restées lettre morte alors qu’elles semblent bien urgentes.

Dès lors, on ne peut que rejoindre Jean-Michel Dumay, le Président de ce forum, qui disait hier dans le Monde: « Peu de gens, notamment chez les politiques, semblent s’étonner que le principal quotidien économique tombe dans les mains de la plus grande fortune de France, Bernard Arnault, Et qu’il soit en mesure de choisir le propriétaire de son principal concurrent » [« La Tribune », ndlr]. Cette passivité est incompréhensible alors que c’est de la qualité et de la crédibilité de l’information des citoyens qu’il s’agit. Et cet enjeu ne concerne pas que les journalistes.

Pierre Haski

[Rue89 – 06/11/200]

 

Tf1 se paie des gitans 26.10.07

Filed under: < Medias — eilema @ 9:37
Article publié sur Acrimed : http://www.acrimed.org/article2743.html
(Reproduction sous forme de tribune d’un article de Nicolas Arraitz paru dans le mensuel CQFD)

Flagrant délit de collusion : « Le Droit de savoir », sur TF1, dépeint les Gitans de La Renaude, à Marseille, comme des sauvages. Après ça, on pourrait croire que les expulser de leur antre, c’est faire œuvre humanitaire. Aubaine : leur présence gêne un investissement immobilier de… Bouygues, propriétaire de TF1. (more…)

 

De carolis sur la sellette ? 17.10.07

Filed under: < Medias — eilema @ 10:12

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Comme nous l’apprend Le Canard Enchaîné du Mercredi 17 Octobre 2007, « Henri Guaino, la bouillonnante plume de Sarko Ier, joue les grands détracteurs de Carolis. En privé, il dézingue souvent le pédégé de France Télévisions, qu’il qualifie en toute simplicité de « nul ». Recevant un visiteur, Guaino a même balancé « Il faut bazarder toute l’équipe ! Si Carolis croit pouvoir être épargné en faisant la promotion de Rachida Dati chez Drucker, il se fourre le doigt dans l’oeil » ». Ça a le mérite d’être clair.

Quelques lignes plus loin, on apprend que « le très sarkozyste Christopher Baldelli, aujourd’hui patron des chaînes thématiques du groupe M6, lorgne le poste de »… Patrick De Carolis. La vie est bien faite !

 

Sarkozy prive le canard de ses précieuses indications ? 20.09.07

Filed under: < Medias — eilema @ 12:39

Ce n’est un mystère pour personne : si le Canard Enchaîné est en mesure depuis tant d’années de lever le voile sur des secrets (de polichinelle ou non), c’est évidemment parce que les informations dévoilées profitent à ceux ou à celles qui décident de les transmettre à la rédaction. Mitterrand et Chirac, on le sait, furent de grands « indics » et de précieuses sources pour la gazette.
Invité de l’émission La Grande Gueule du Jour, sur RMC, le 17 Mai 2007, Daniel Carton, journaliste, auteur du tout nouveau « Une campagne off. Chronique interdite de la course à l’Elysée ». publié chez Albin Michel, nous apprend qu’au sein de la rédaction du Canard Enchaîné, on a longtemps débattu pour savoir si oui ou non il fallait publier les informations concernant les histoires immobilières de Nicolas Sarkozy. La raison est très simple car le principe entendu : si on balance, on est épargné des flèches. Or, depuis 15 ans, et de façon plus prononcée depuis 1995, « au moment où c’est la lutte entre Balladurien et Chiraquiens », Nicolas Sarkozy est « un des informateurs privilégiés ».
« Là, le Canard, finalement, a un débat, en disant : on va se priver d’une source, pas essentielle, mais importante et privilégiée, si on sort cette affaire-là. Or, il faut rendre hommage à ce journal, qui a sorti nonobstant cette affaire, et qui finalement s’est mis à dos l’ancien ministre de l’intérieur ».

 

Arrêt sur Images : Les Ennemis 10.09.07

Filed under: < Medias — eilema @ 8:47

Sur le site d’Arrêt sur Images [qui reprend vie sous forme d’un site qui fonctionnera – et se financera – sur un principe d’abonnement], un onglet nommé Ils ne veulent plus d’Arrêt Sur Images, dresse un bref portrait de ceux qui pourraient avoir des raisons d’approuver la disparition de l’émission.

Extraits tirés directement du site.

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(more…)

 

La bande à bonnaud au poteau 28.06.07

Filed under: < Medias — eilema @ 11:10

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Jeudi 28 juin 2007, sur la page personnelle de Frédéric Bonnaud, on peut lire en guise d’au revoir: « Je crains que notre site soit bientôt fermé. Je n’ai plus de mots pour dire l’émotion que m’inspire votre soutien. Merci à tous. Merci infiniment. A bientôt, à vite, ici ou là. Vous êtes merveilleux. Très fier d’avoir été à votre service durant ces quatre ans. Je reste comme toujours votre humble serviteur. L’histoire continue. Et nous nous recroiserons forcément. » Frédéric Bonnaud et toute la Bande.
Frédéric Bonnaud n’a pas seulement vu son émission « La Bande à Bonnaud », supprimée. Il a été licencié de France Inter, mais également de tout le parc Radio France.

Le reportage de la TeleLibre :

 

Les échos ne veulent pas d’Arnault 22.06.07

Filed under: < Medias — eilema @ 5:11

https://i0.wp.com/www.executive-euro.com/actualite/logo-les-echos.gif

La rédaction des Echos se met en grève, pas de journal lundi. [Afp – Vendredi 22 juin 2007]

La rédaction des Echos s’est mise en grève vendredi à l’issue d’une assemblée générale, empêchant la parution du quotidien économique lundi, a annoncé à l’AFP le président de la SDJ des Echos, Vincent de Féligonde.
« La rédaction des Echos a décidé la non-parution du journal lundi pour envoyer un signal fort de refus d’un rachat par Bernard Arnault », a-t-il déclaré à l’AFP. Les Echos ne paraissent pas le week-end.
Les représentants des salariés des Echos tenaient une conférence de presse ce vendredi à 15H30 au siège du quotidien pour expliquer leur mouvement.
Les salariés des Echos s’étaient déjà mis en grève mardi pour la troisième fois de leur histoire, empêchant la parution du journal mercredi, afin de protester contre l’éventualité d’un rachat du groupe par LVMH, qui faisait l’objet de rumeurs insistantes. Jeudi, LVMH a confirmé être entré en négociation exclusive avec le propriétaire des Echos, le britannique Pearson, pour racheter le groupe.
Vendredi, la rédaction des Echos a publié deux pages dans le quotidien pour expliquer la situation et les raisons de son opposition au rachat.
Dans un éditorial, le directeur de la rédaction, Jacques Barraux, estime que l’offre de LVMH « se heurte, hélas, de front avec la stricte doctrine éditoriale du journal » et souligne l’attachement des journalistes à un actionnariat « qui leur garantisse une totale neutralité de la personne morale Les Echos dans la couverture de l’actualité des affaires ».
« La marque Les Echos doit prouver qu’elle n’est pas exposée au risque du conflit d’intérêts. Qu’elle est dégagée de tout lien privilégié avec l’un des acteurs majeurs de la vie des affaires, condition de la confiance de ses adversaires ou de ses partenaires », écrit-il, dénonçant une « attaque à la hussarde sur un fragile outil de démocratie économique ».
Le journal publie également une pétition, signée par une centaine de personnalités de tous bords qui manifestent « leur profond attachement à l’indépendance (du) titre ».
Parmi les premiers signataires figurent le président du Modem, François Bayrou, le premier secrétaire du PS, François Hollande, le député UMP Hervé Mariton, le président des centres Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, le président de la Fnac, Denis Olivennes, le Pdg de PPR, François-Henri Pinault…
Les journalistes des Echos ont également reçu le soutien de leurs confrères du Financial Times, également détenu par Pearson.

 

Arrêt sur images, cette fois, c’est bien fini. 18.06.07

Filed under: < Medias — eilema @ 10:59

« En supprimant Arret Sur Images, on me retire le droit fondamental d’accéder à une critique télévisée des médias. Voilà pourquoi la direction de France 5 devrait revenir sur sa décision. Il existe encore une petite chance qu’elle le fasse. A une condition : que se multiplient les protestations ». [Olivier Duhamel, chronique du 22.06.2007 – France Culture]

Lundi 18 Juin, sur le blog de Daniel Schneidermann :
Arrêt sur images sur France 5, cette fois, c’est bien fini. Et si je demandais l’asile médiatique en Suisse ?

Donc, ça se finit ainsi. Par cette phrase, en début d’après midi, sur le site du Point : « Après douze saisons, l’émission « Arrêt sur Images » de Daniel Schneidermann ne sera pas reconduite la saison prochaine, apprend-on de source officieuse. » Et cette autre phrase merveilleuse : « la direction de France 5 n’était pas joignable ce matin ».

Apparemment, le service des audiences, lui, l’était, qui a fourni au Point toutes les décimales du crime. Providentiel art de la statistique ! Merveilleux mélange bricolé à la hâte, entre les 4 ans et plus, les 15 ans et plus, et les 25-59 ans.

Cette fois, les infos du Point étaient bonnes. La chaîne a confirmé l’arrêt de l’émission en fin d’après-midi. Au passage, je suis sincèrement heureux pour les équipes de Moati, et pour les téléspectateurs de Ripostes, que notre soeur en infortune, elle, ait sauvé sa tête.

Il faut que vous sachiez que c’est ainsi que les courageux dirigeants de France 5 en ont fini avec la plus ancienne émission de la chaîne : sans un mot face à face, sans une convocation, sans l’ombre d’une raison donnée.

Quelques minutes après la mise en ligne de l’urgent du Point, le directeur de l’antenne Vilamitjama a appelé notre producteur Alain Taïeb. Il a parlé de « refonte générale de la grille ». Il a dit « c’est ferme et irrévocable ». Alain a dit qu’on ne se débarassait pas comme ça, au téléphone, des anciens serviteurs. Du coup, Vilamitjana, dans sa mansuétude, a consenti à le voir (moi, je suis aujourd’hui sur les bords de Loire). Il lui a dit : « c’est une formidable émission, mais elle est usée. » C’est tout. Pas un reproche explicite. Auprès de certains des journalistes qui, en ce moment même, m’appellent en rafales, il a été plus loquace. Il parait qu’il nous aurait demandé de modifier la formule, de parler plus de ceci, moins de cela. Sachez que c’est faux. L’homme qui tient le stylo pour signer notre arrêt de mort, et porte le titre de directeur d’antenne, ne nous a jamais fait aucune suggestion que ce soit.

Mais l’important n’est pas dans cette grossièreté. L’important n’est pas que Carolis et ses hommes décident, sans l’ombre d’une explication, de tuer Arrêt sur images. L’argument de l’ancienneté n’est pas un argument, ni dans un sens ni dans l’autre.

L’important, c’est qu’ils ne sont pas effleurés par l’idée que cette émission remplissait une mission indispensable de service public. L’important, c’est qu’ils renoncent impunément, sans un soupir, à cette mission : critiquer à la télévision, avec les armes de la télévision, le pouvoir des images.

Cette mission était, en 1995, au coeur du projet de chaîne de la connaissance. C’était après la première guerre du Golfe, et ses dérapages en direct. C’était après la fausse image du faux charnier de Timisoara. Ceux qui avaient imaginé cette chaîne, et s’appelaient Georges Duby ou Jean-Noël Jeanneney, avaient voulu voir si on pouvait retourner le monstrueux outil contre lui-même. Ils ne savaient pas très bien comment faire. Cavada, premier président, m’appela. « Ca vous tente ? » Je n’en avais pas la moindre idée, mais oui, ça me tentait. J’avais tout de même une intuition. Pour dépouiller les images de leur pouvoir, il fallait les arrêter.
Mais je ne vais pas tout vous raconter.

D’abord je pense à vous. A tous vos messages, sur ce blog, depuis quelques jours que les nuages s’amoncelaient, et que la manigance devenait de plus en plus visible. A tous ces mots surgis du fond du coeur, à votre attachement à cet improbable rendez-vous du dimanche, à votre désarroi devant l’idée que ça s’arrête. A vous tous, si nombreux, si sincères, mais si dispersés aussi. Je partage votre désarroi, à tous. Mais les graines que nous avons semées sont en vous, maintenant. En vous et en d’autres. Le monstre médiatique est vulnérable. Sa lâcheté d’aujourd’hui en est encore une preuve. Ce travail continuera. Pas nous ou par d’autres, ici ou ailleurs.

Ensuite, je pense à l’équipe, la jeune et enthousiaste équipe de l’émission. Je ne me fais pas de souci pour eux. Honnêtement, à l’heure où j’écris, je ne sais pas ce que nous allons tous devenir. Quand j’ai conclu la dernière, dimanche, par un « ici ou ailleurs », j’improvisais. Je n’avais rien préparé. Ca m’est venu comme ça. Je ne peux pas croire que cette mission, qu’exerçait Arrêt sur images, cette mission d’être la petite voix du doute, ne trouvera ni feu ni lieu. Je sais que l’équipe se recasera. Vous reverrez leurs visages, vous ré-entendrez leurs voix, vous n’en avez pas fini avec eux.

Je fanfaronne, mais au fond je n’en sais rien. Peut-être, après tout, sommes-nous entrés dans cette ère où tout doute est désormais inutile. Peut-être sommes-nous entrés dans l’éternité décomplexée de la Star Ac, des rires et des applaudissements. Peut-être sommes-nous entrés dans le triomphe décomplexé des tambours. On verra bien.

Enfin, je pense à eux, évidemment, au quatuor des assassins tremblants. Tous ces mois à ronger leur frein, à attendre l’heure, avant de porter enfin le coup de poignard. Tous ces mois, ou toutes ces années. Ah, Carolis, depuis quand rêviez-vous secrètement de prononcer les mots que vous venez de prononcer ? Depuis que nous avions mis en lumière votre petit bidonnage sur France 3, quand vous aviez vendu des images de reconstitution d’un sauvetage en montagne, comme celles d’un sauvetage réel ? Depuis qu’il vous a fallu piteusement venir vous expliquer devant les télespectateurs de la médiatrice de France 3 ? Quel effet ça fait, Carolis, de porter si longtemps votre vengeance ?

Il parait que Vilamitjana avait déjà demandé l’arrêt de l’émission à Carolis l’an dernier (l’an dernier, c’est à dire après que nous ayions traité dans l’émission du problème de Mme Borloo, présentatrice de journal, et que Arlette Chabot s’en soit fort énervée). Je n’en sais rien. A vrai dire, ça m’est égal. Claude-Yves Robin (directeur général de France 5), Philippe Vilamitjama (directeur de l’antenne), Patrice Duhamel (directeur général de France Télévisions), Patrick de Carolis (PDG) : je ne sais pas, dans le quatuor, qui a tenu le poignard, qui a tenté de retenir la main de qui, qui s’est caché derrière qui. A vrai dire, ça m’est égal. Tous quatre sont à mes yeux responsables.

Au fond, la question n’est pas : pourquoi s’arrête Arrêt sur images ? La question est : pourquoi ne s’arrête-t-elle que maintenant ? Comment avons-nous fait, pour tenir douze ans ? « Si je touchais à l’émission, j’aurais l’impression d’être liberticide », nous disait, souriant et un peu étonné lui-même de cette drôle d’impression, Jean Mino, qui fut le premier directeur des programmes de la chaîne, à sa création. Puis, vinrent d’autres hommes, qu’effleura sans doute la même impression.

Jusqu’au quatuor actuel. A-t-il décidé seul ? A-t-il entendu des suggestions ? Je n’en sais rien. Peut-être, seulement, aura-t-il été enhardi par la tendance de la saison, à la décomplexion.

Les hasards de la vie font que je dois me rendre, lundi prochain, à Genève. J’y suis invité par le comité des téléspectateurs de la télévision publique. C’est un comité qui a une existence officielle. Parce que là-bas, figurez-vous, ils ont apparemment inventé un système pour que les télespectateurs puissent donner leur avis à propos des programmes de la télévision qu’ils paient. Un avis argumenté, se traduisant en mots et en phrases, et pas seulement en courbes d’audience. Je ne sais pas exactement comment ça marche. Je vous dirai à mon retour. Mais s’ils m’offrent l’asile médiatique, il n’est pas impossible que j’accepte.

Daniel Schneidermann

 

Un fait, deux versions 17.06.07

Filed under: < Medias — eilema @ 9:35

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A titre comparatif. Les émeutes de la Gare du Nord filmées :

Avec un téléphone portable.

Par les équipes de TF1.

 

les amis et soutiens du président 01.06.07

Illustration : Motti

« Nicolas Sarkozy n’avance pas seul. Depuis bientôt trente ans, le nouveau président de l’UMP s’est inventé un réseau d’amitiés fortes et éprouvées dans toutes les sphères de la vie publique. Elles sont les racines de son ambition. » (2)

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Andrée SARKOZY Infos [Mère]

François SARKOZY Infos [Frère cadet I Le docteur François Sarkozy est vice-président et membre indépendant du conseil de surveillance de BioAlliance Pharma. Il est également associé au sein d’AEC Partners]

Guillaume SARKOZY Infos [Frère aîné I Délégué général du Groupe Médéric I Ex vice-président du MEDEF (2000-2006) I Ex PDG des Tissages de Picardie I Membre de la Fondation Concorde]

Jean SARKOZY Infos [Fils cadet de Nicolas Sarkozy I Filleul de Brice Hortefeux I Soutien de David Martinon lors de sa candidature à la mairie de Neuilly avant de le détrôner]

Pierre SARKOZY Infos [Fils aîné de Nicolas Sarkozy I Producteur de hip-hop]

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Mathilde AGOSTINELLI Infos [Responsable de la communication chez Prada France I Témoin de Carla Bruni lors de son mariage avec Nicolas sarkozy I Fait partie de la « Bande des Quatre » à qui l’on doit l’invitation de Sarkozy à Wolfeboro]

Robert AGOSTINELLI Infos [Patron de la banque d’affaires new-yorkaise Rhône Group I Fait partie de la « Bande des Quatre » à qui l’on doit l’invitation de Sarkozy à Wolfeboro.]

Bernard ARNAULT Infos [Première fortune de France I PDG de LVMH I 2ème actionnaire de Carrefour I Président du conseil d’administration du Groupe Arnault SAS I Président du conseil d’administration de Montaigne Participations et Gestion I Possède La Tribune et Les Echos I Témoin de mariage de Nicolas Sarkozy]

Christian BAZANTAY Infos [Secrétaire Général des laboratoires pharmaceutiques Servier]

Nicolas BAZIRE Infos [Directeur général du Groupe Arnault et du pôle presse de LVMH, DI Group (La Tribune, Les Échos, Investir) I Directeur du développement et des acquisitions de LVMH I Conseil de surveillance du groupe de grande distribution Carrefour I Administrateur indépendant de l’Institut de sondage Ipsos I Témoin de Nicolas Sarkozy lors de son mariage avec Carla Bruni] (more…)

 

Georges-Marc Benamou 14.05.07

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Depuis mai 2007, il est conseiller du président de la République pour la culture et l’audiovisuel. Ancien directeur du mensuel Globe, fondé grâce à l’argent du milliardaire Pierre Bergé, PDG de Yves Saint-Laurent, pour « voir les intellectuels et les stars du show-biz se rassembler sous le signe de la fête, et mobiliser la jeunesse contre la montée du racisme » (Globe n°33, décembre-janvier 1988).

Le Plan B en a tiré un joli portrait dans l’article Quand la serpillière de BHL cire les parquets de l’Élysée. (more…)

 

Génèse d’une symbiose 08.05.07

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Huit mois avant l’élection présidentielle en France : M. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ?

Extrait des archives du Monde Diplomatique de Septembre 2006 :

Chef du principal parti de droite, l’Union pour un mouvement populaire (UMP), ministre de l’intérieur et président du conseil général du département le plus riche de France, les Hauts-de-Seine, l’homme s’est employé à construire depuis vingt ans un étonnant réseau d’influence dans les médias. Au service de ses ambitions suprêmes. Ce réseau a une nouvelle fois donné sa mesure pendant l’été 2006. Le nouveau livre de M. Sarkozy, Témoignage (Xo, Paris), paru en juillet, fut aussitôt salué par une couverture souriante du Point (la troisième en quatre mois) et, entre autres exemples, par un entretien d’une complaisance presque burlesque avec Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1. Pour l’intervieweur et patron de la radio privée appartenant au groupe Lagardère (qui comprend aussi Paris Match, Le Journal du dimanche, Elle…), M. Sarkozy a cette qualité remarquable qu’il refuse la « docilité ». Une vertu qu’on sait très prisée par M. Arnaud Lagardère, dont Jean-Pierre Elkabbach est aussi le conseiller : en juin 2006, l’éviction d’Alain Genestar, directeur de Paris Match, coupable d’avoir publié en couverture une photo de l’épouse du président de l’UMP avec son compagnon de l’époque, démontra les limites de l’indocilité permise aux médias du groupe en question. Un patron de presse limogé pour complaire à un ministre et chef de parti ? Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas connu pareille marque d’allégeance journalistique au pouvoir politique… […]

La construction d’un tel réseau n’est nullement le fruit du hasard. En 1983, lorsqu’il conquiert, à 28 ans, la mairie de Neuilly, M. Sarkozy s’attelle très vite à bâtir un cercle de relations susceptibles de favoriser son ascension politique. Sa ville, une des plus prospères de France, compte deux mille quatre cents entreprises, donc de nombreux patrons qui s’intéressent à lui en voisins ou en simples administrés, à titre personnel ou professionnel. Dès 1985, le maire crée le club Neuilly Communication, lequel compte parmi ses membres M. Gérald de Roquemaurel, président-directeur général d’Hachette Filipacchi Médias, M. Nicolas de Tavernost, président de M6, ou encore M. Arnaud de Puyfontaine, patron de Mondadori France (ex-Emap France, troisième éditeur de magazines). M. Sarkozy veille également à s’entourer de publicitaires, comme MM. Thierry Saussez, président d’Image et stratégie, Philippe Gaumont (FCB), puis Jean-Michel Goudard (le « G » d’Euro RSCG). Il fréquente enfin les grands annonceurs Philippe Charriez (Procter & Gamble) et Lindsay Owen-Jones (L’Oréal).

En juillet 1994, l’actuel président de l’UMP devient simultanément ministre de la communication et ministre du budget du gouvernement de M. Edouard Balladur, ce qui lui permit d’être à la fois le décideur politique et le pourvoyeur de fonds publics des grands groupes de médias… Mais c’est surtout sa position de porte-parole du gouvernement, puis du candidat Balladur, entre 1993 et 1995, qui l’amène à rencontrer les hommes d’influence que sont Alain Minc – lequel le conseillera dix ans plus tard à l’occasion du référendum européen – et Jean-Marie Colombani, en train de consolider leur pouvoir au Monde. M. Sarkozy s’emploie à orchestrer l’engouement médiatique en faveur de M. Balladur, dont M. Minc est un des partisans déclarés, et à présenter son élection comme acquise. Il bénéficie à cette fin de l’appui du sondeur Jérôme Jaffré, alors directeur général de la Sofres. Le 22 mars 1995, Le Monde titre en « une » : « Mr. et Mme Chirac ont tiré profit d’une vente de terrains au Port de Paris ». L’information émane de la direction du budget chapeautée par… M. Sarkozy.

Déjà en 1995, M. Sarkozy a choisi le mauvais camp. Qu’importe, il profite de son ascension-éclair pour imposer son style et son image. En mai 1993, une spectaculaire prise d’otages dans une maternelle de Neuilly le fait connaître des téléspectateurs. « Il était toujours devant les caméras, sans parler, rappelle Jean-Pierre About, rédacteur en chef au service enquête de TF1. Mais le lendemain, lorsque HB [Human Bomb, nom donné au preneur d’otages] a pris une balle, il avait disparu du dispositif. Un coup de maître, puisqu’il n’est pas lié à la polémique sur l’opportunité de tuer le ravisseur qui a suivi (1). » Cette technique dite du « mouvement permanent », qui consiste à se saisir de l’actualité immédiate pour apparaître à son avantage dans les médias, puis à foncer sur un autre événement, constitue la marque de fabrique de M. Sarkozy.

« Je sais ce qui se passe dans vos rédactions »

En 2002, après la campagne présidentielle, un premier passage au ministère de l’intérieur lui permet de systématiser cette méthode de communication. TF1, dont les journaux télévisés mettent en scène un climat d’insécurité, se fait le relais zélé de la riposte ministérielle. Le 22 mai 2002, une intervention à Strasbourg du groupe d’intervention régional, à l’occasion de laquelle l’homme politique se fait omniprésent, donne le ton. TF1 évoque alors la saisie d’« armes de guerre » : deux pistolets, quatre caméscope, trois ordinateurs et deux appareils photo numériques (2)… Très vite, le ministre devient l’unique émetteur de la parole policière. En novembre 2005, les émeutes dans les banlieues illustrent ce basculement. Une cellule de communication est installée Place Beauvau et, dorénavant, l’information officielle passe par le prisme du ministre de l’intérieur. Lequel – « Kärcher », « racaille » – aime jouer les pompiers pyromanes.

Dépendants de sa parole, les médias en sont aussi les dépositaires. A l’évidence, M. Sarkozy a une faconde et un style imagé qui leur plaisent. « C’est le nouveau présentateur du JT de 20 heures », ironise M. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, en guise de décompte des apparitions du ministre dans les journaux télévisés. Aucun homme politique n’a été, comme lui, trois fois l’invité de l’émission « 100 minutes pour convaincre » de France 2. Chaque fois, l’audience est au rendez-vous (entre 4 et 6 millions de téléspectateurs).

Son adresse oratoire doit beaucoup aux « ficelles » du métier d’avocat : recours emphatique aux formules interrogatives et aux anaphores (« Parce que vous croyez que… »), effets de sidération par les images (« On ne peut pas violer impunément une adolescente dans une cave »), posture du « parler vrai » et populaire (« Moi, j’essaye d’être compris des gens »)… La séduction joue auprès des journalistes. « Il a une manière de poser les questions qui fait qu’on est toujours d’accord avec la réponse. On fait un peu office de sparring partner (…), avoue Thomas Lebègue, journaliste à Libération. Il voit comment les arguments passent auprès des journalistes avant de les diffuser à grande échelle (3). » Fût-il ministre de l’intérieur, un poste qui ne garantit pas d’ordinaire une grande popularité chez les journalistes, un homme qui montre qu’il adore les médias et qui se prête à leur jeu de l’image ne saurait être mauvais…

Cette idylle s’exprime en chiffres : depuis son retour Place Beauvau, en mai 2005, M. Sarkozy a eu droit à une moyenne mensuelle de 411 articles, contre 220 pour M. Dominique de Villepin lorsqu’il exerçait les mêmes fonctions (4). L’homme a compris comment amadouer ce que la presse est devenue. Ministre du budget ou des finances, il s’est gardé de toucher à l’abattement fiscal contesté des journalistes (7 650 euros par an déductibles du revenu imposable). Simultanément, il a pris des positions très libérales sur la défiscalisation des entreprises, l’impôt sur la fortune ou les droits de succession. Elles ne peuvent que satisfaire ces magnats-héritiers que sont MM. Lagardère, Bouygues, Dassault, Edouard de Rothschild, etc. (5).

« Un journaliste qui me critique est un journaliste qui ne me connaît pas », a coutume de dire M. Sarkozy. N’est-il pas d’ailleurs une sorte de confrère, lui qui rêva un temps de devenir présentateur du « 20 heures » ? En 1995, quand il publie sous pseudonyme une série d’articles intitulée « Lettres de mon château », dans Les Echos, il montre qu’il s’intéresse autant à la vie des médias qu’à la politique. Du coup, l’homme a l’habitude de valoriser les journalistes, de s’intéresser aux nouvelles recrues. De les tutoyer aussi, comme Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, ou Jean-Marie Colombani. Dans ce dernier cas, Edwy Plenel s’en déclara troublé… mais en mars 2006, six mois après avoir quitté la rédaction du Monde. En 2003, au moment de la sortie du livre de Pierre Péan et de Philippe Cohen consacré au quotidien du soir, le même avait néanmoins sollicité le conseil du ministre dans son bureau de la place Beauvau (6).

Sarkozy sait également se rendre disponible auprès de journalistes moins chevronnés. Il impose d’ailleurs à son conseiller à la presse, M. Franck Louvrier, de ne jamais laisser un appel sans réponse. Mais gare à ceux qui pourraient être tentés de faire dissidence. « Je sais tout ce qui se passe dans vos rédactions », lance-t-il un jour de janvier 1995 à des reporters lors d’un déplacement dans le Nord (7). De fait, il peut compter sur Jean-Pierre Elkabbach pour être consulté quand Europe 1 envisage de recruter un journaliste chargé de suivre l’UMP (8). Ou sur M. Bouygues : c’est ainsi M. Sarkozy qui, avant un voyage délicat aux Antilles, annonce – y compris à la rédaction de TF1 – qu’un journaliste noir, Harry Roselmack, prendra les rênes de la présentation du « 20 heures » pendant l’été 2006.

Le président de l’UMP dispose à présent des cartes lui permettant d’espérer l’épilogue présidentiel de cette puissante orchestration médiatique. Peu importe qu’il se trompe ou qu’il se contredise dès lors que nul ou presque dans la presse ne le souligne. Le 25 janvier 2006, il estime, par exemple, que le contrat première embauche (CPE) constitue « une très bonne mesure pour l’emploi de jeunes ». Six mois plus tard, il se ravise : « J’étais persuadé que le CPE serait vécu comme injuste pour la raison simple qu’il l’était. » En juillet dernier, il approuve chaudement les bombardements et les préparatifs d’invasion du Liban sud : « Israël se défend » (Europe 1, 18 juillet). Plus tard, il se déclarera néanmoins d’accord avec le président de la République, assurément plus réservé sur le sujet.

De même qu’il a séduit nombre d’acteurs, de chanteurs et de stars du show-business (Jean Reno, Christian Clavier, Johnny Hallyday, etc.), M. Sarkozy parvient à être apprécié de journalistes réputés de gauche. M. Saussez s’en félicite : « Il a une bonne image chez des gens qui n’ont pas ses opinions : c’est très nouveau (9). » Naviguant entre la clémence relative, avec l’abrogation de la double peine, et la répression, avec la nouvelle loi sur l’immigration, le président de l’UMP offre à chacun motif à se laisser séduire. « Il considère que son rôle est de convaincre. Et d’abord les journalistes », concède son fidèle lieutenant, le ministre délégué aux collectivités territoriales Brice Hortefeux (10).

Si ces derniers constituent bien la cible de M. Sarkozy, c’est qu’ils vont ensuite relayer une image susceptible de prospérer dans des cercles influents, lesquels eux-mêmes influenceront d’autres cercles concentriques dans leur entreprise, leur club de sport, leur voisinage… sans être nécessairement un vecteur d’opinion direct, les médias comptent auprès de ceux qui pensent que les médias influencent le public.

En tout cas, M. Sarkozy a le temps et l’occasion de s’exprimer. Le matin sur Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach lui octroie couramment vingt minutes supplémentaires d’entretien ; LCI, filiale de TF1, retransmet en direct ses vœux à la presse ; il fait la couverture de TV Magazine, ce supplément du Figaro diffusé auprès de cinq millions de lecteurs potentiels, à l’occasion d’un entretien sur Canal+ avec son ami Michel Denisot, déjà coauteur d’un livre avec le ministre. Quant à sa relation avec son épouse, Cécilia, elle fait le bonheur de la presse « people » (Gala, Paris Match…) chaque fois qu’elle sert les intérêts du présidentiable, mais provoque désormais l’autocensure, voire la censure, sitôt qu’elle cesse d’être à son avantage. Ainsi, lorsqu’une journaliste de Gala, Valérie Domain, décida en 2005 d’écrire un livre qui n’agréait pas à M. Sarkozy, Entre le cœur et la raison, l’éditeur – M. Vincent Barbare – fut convoqué Place Beauvau.

Une inhabituelle passion

La volonté de contrôler les médias peut être assez naturelle chez un responsable politique. Plus inhabituelle est la passion d’une communauté de dirigeants de médias et de journalistes (Denis Jeambar, qui vient de quitter la direction de L’Express pour celle des éditions du Seuil, et Franz-Olivier Giesbert, président-directeur général du Point, par exemple) à lui servir de relais. Encouragés par l’aura dont bénéficie le présidentiable auprès de leur propriétaire ou de leurs annonceurs, ils surestiment sans doute la séduction qu’il exerce et ils occultent trop volontiers l’échec de sa politique, par exemple sur le terrain des violences aux personnes (elles ont officiellement augmenté de 12 % entre mai 2002 et avril 2006). Inversement, quand les mêmes faiseurs d’opinion soulignent la médiocrité du bilan de M. de Villepin, ils font mine d’oublier que M. Sarkozy est un des principaux ministres de son gouvernement. Et que la querelle entre les deux hommes constitue aussi un moyen artificiel de permettre à la droite de s’offrir une alternative à elle-même.

En rebondissant sans cesse sur l’actualité, M. Sarkozy teste des idées qu’il calibre empiriquement en fonction de l’écho médiatique qu’elles reçoivent. Son objectif est de construire ainsi une légitimité cathodique et de demeurer au zénith des instituts de sondage avec une autorité conférée par les « unes » plutôt que par les urnes. Sur ce point précis, certains candidats socialistes, dont Mme Ségolène Royal, ne se comportent pas toujours différemment. Pour expliquer qu’elle ait, à son tour, décidé de s’installer sous les feux de la rampe, un conseiller de la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes admet : « La présence médiatique donne l’apparence de l’action. On a décidé de faire comme Nicolas Sarkozy, on prend toutes les occasions. On cannibalise tout (11). »

Dans le cas du ministre de l’intérieur, tout le monde – ou presque – y trouve son compte, tant que le « produit » se vend : « C’est le seul homme politique dont les régies publicitaires sont contentes quand il fait la couverture », avance M. Jérôme Peyrat, directeur général de l’UMP (12). Ce genre de considération n’est pas sans importance dans la presse, compte tenu du déclin de sa diffusion. Quant aux Français, ils auront bientôt à se prononcer sur le profit qu’ils retirent de l’exposition avantageuse d’un homme entièrement tourné vers la satisfaction de son ambition et de son clan.

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