Le Sarkopithèque

LE SARKOPITHÈQUE A POUR BUT D’ARCHIVER PUIS DE RECOUPER LES INFORMATIONS ET RÉFLEXIONS RELATIVES AU CHEF DE L’ÉTAT, À SON GOUVERNEMENT ET À LEURS [MÉ]FAITS. Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République le 6 Mai 2007, jour de la Sainte-Prudence. Voyons-y un signe, et non un hasard.

Le Sarko-Capitalisme vu D’Espagne 22.10.08

Nicolas Sarkozy a lancé hier à Strasbourg l’idée de créer des fonds souverains en Europe pour aider les entreprises en difficulté. Le quotidien espagnol El País (via Courrier International) y voit la fâcheuse manie française de l’interventionnisme. L’Article :

Nicolas Sarkozy, le président de la République française, pays qui assure au cours de ce semestre la présidence de l’Union européenne, a prononcé hier devant le Parlement européen à Strasbourg une harangue véhémente en faveur de l’intervention publique pour résoudre la crise de l’économie réelle, dès lors que la crise financière aura été jugulée par la batterie de plans de sauvetage bancaire décidés par chacun des Etats. L’argument principal de Sarkozy se résume à une grande crainte : « Je n’aimerais pas que les citoyens européens, dans quelques mois, se réveillent en découvrant que les sociétés européennes appartiennent à des capitaux non européens qui auraient acheté au plus bas du cours de la Bourse, à vil prix. » Pour éviter cela, il a proposé aux Vingt-Sept de s’unir contre la crise et il a lancé l’idée de créer des fonds souverains pour aider les entreprises en difficulté.

Si ce que veut le président français, c’est « refonder le capitalisme« , il devrait modérer son enthousiasme pour le modèle économique français, bien visible dans le discours d’hier. La crise financière requiert une réponse coordonnée parce qu’elle est mondiale et immédiate, et parce qu’elle répond à des opérations qui n’ont ni frontières ni barrières technologiques. Or ce n’est pas encore le cas des entreprises industrielles. L’idée des fonds souverains [fonds d’investissement détenus par des Etats] est spectaculaire, mais son application est très problématique. Ce type de fonds, habituels dans les pays producteurs de pétrole ou chez ceux qui, comme la Chine, tirent des bénéfices énormes de leur intervention sur le marché des changes, sont constitués avec les excédents monétaires produits grâce à une position dominante dans le marché mondial des matières premières. On voit mal avec quels excédents des pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou même la France pourraient alimenter un fonds souverain.

Le discours de Sarkozy devant les eurodéputés est un exemple de plus de sa vision politique et économique très singulière, qui coïncide avec le modèle interventionniste habituel en France. Dans chacun des éléments du message, on décèle son désir irrésistible de piloter l’Europe avec des initiatives qui, jusqu’à présent, ont échoué et, en même temps, de consolider le modèle français d’intervention dans les entreprises. Les fonds souverains « défensifs » de Sarkozy ne sont pas la réponse à la crise économique : ils ne sont qu’un exemple de « sarko-capitalisme ». La proposition faite par Paris et par Berlin de resserrer l’étau sur les « paradis fiscaux » est plus intéressante ; mais, dans ce domaine, les résultats vont se faire attendre.

Illustration © Kroll (Le Soir, Bruxelles)